vendredi 26 février 2016

HOLLANDE AUX VICTIMES DE LA DICTATURE ARGENTINE: «NOUS N’OUBLIERONS JAMAIS»

PHOTOGRAPHIE D'UN CORPS RETROUVÉ SUR LES CÔTES 
URUGUAYENNES EN 1978, MANIFESTEMENT JETÉ DANS LE 
RIO DE LA PLATA D'UN AVION DE LA JUNTE ARGENTINE. 
PHOTO  AFP/IACHR
À côté des noms, l’âge des disparus - une vingtaine ou une trentaine d’années pour la plupart - et parfois cette mention, «enceinte», synonyme de l’espoir de retrouver un jour l’un des enfants «volés» de la dictature.

Pendant quelques instants, le président français s’est entretenu avec Estela de Carlotto, présidente des Grands-mères de la place de Mai, une ONG créée dès 1977 pour rechercher ces enfants.

Sa propre fille Laura avait disparu en novembre 1977, enceinte de trois mois d’un enfant, Guido, qui ne sera retrouvé que le 5 août 2014.

Le président lui a remis le dossier constitué par les services français en Argentine dans les années 1982-1983. Il a promis d’en remettre des centaines d’autres aux familles concernées.



LES DOCUMENTS ONT ÉTÉ TRANSMIS À UN JUGE ARGENTIN PAR LA
COMMISSION INTERAMÉRICAINE DES DROITS DE L'HOMME (CIDH).

PHOTO  AFP/HO 
Une autre grand-mère, Vera Jarach, d’origine juive italienne et qui avait fui le nazisme, raconte avoir d’abord perdu son grand-père resté en Europe et déporté à Auschwitz, puis sa fille de 18 ans, Franca, «militante dans son école» et jetée dans les eaux du Rio de la Plata par ses tortionnaires argentins.

«C’est la même chose, il n’y a pas de tombe», dit-elle avant de rappeler le mot-d’ordre de ces grands-mères courage: «jamais plus le silence».

«La France a essayé de vous accompagner, de vous accueillir du mieux qu’elle a pu. La France a fait son devoir», a répondu François Hollande.

Puis les Grands-mères de la Place de Mai, les cheveux couverts d’un fichu blanc portant le nom de leurs enfants ou petits-enfants disparus, et le président français, ont jeté quelques bouquets dans les eaux sombres du fleuve.

ESTELA DE CARLOTTO A PARCOURU AVEC HOLLANDE LE PARC DE LA MÉMOIRE.  
PHOTO EFE

- 'Vols de la mort' -

Parmi les victimes de la dictature argentine figurent deux religieuses françaises, les sœurs Alice Domon et Léonie Duquet qui ont perdu la vie dans les «vols de la mort», jetées vivantes d’un avion dans l’océan en 1977. Vingt autres Français ont été assassinés pendant ces années noires.

François Hollande s’est ensuite rendu en compagnie du footballeur franco-argentin David Trezeguet au stade de la Bombonera (la Bonbonnière), ainsi surnommé en raison de sa forme ronde, où évoluait l’enfant prodige et terrible du football argentin, Diego Maradona.

L’arène abrite le club mythique du Boca Juniors, présidé pendant 12 ans par Mauricio Macri, le nouveau président argentin, aux côtés de son homologue français pour une conversation moins protocolaire alors que la France s’apprête à accueillir l’Euro 2016 et que Paris est candidate à l’organisation des jeux Olympiques de 2024.

Les deux dirigeants ont échangé des maillots des équipes de France et d’Argentine de football ainsi que du Boca Juniors floqués à leurs noms. Puis le président français a envoyé un ballon dans les buts vides.

Commentaire amusé de David Trezeguet: «Il était bien placé dans son imagination, il a mis une frappe au côté gauche, c’était un penalty très bien placé».

«Un beau but», selon l’appréciation très diplomatique du président argentin.

François Hollande s’est envolé dans l’après-midi pour rejoindre Montevideo, la dernière étape d’un périple de plus de 45.000 km entamé dimanche et qui l’avait mené auparavant à Wallis-et-Futuna, en Polynésie française et au Pérou.

Il s’est en revanche abstenu de toute déclaration à la presse alors que le torchon brûle en France au sein de sa formation, le Parti socialiste, atomisé par des critiques au vitriol de son aile gauche sur la politique du gouvernement.

Tout juste a-t-il plaidé devat la communauté française de Buenos Aires pour la réforme «dans l’esprit d’équilibre», une possible réponse à ses détracteurs.

AFP