jeudi 18 février 2016

LE PLAN CONDOR RÉSIDUEL

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

GALVARINO SERGIO APABLAZA GUERRA
À l’appel de la direction du Parti communiste du Chili (PCCh), en novembre de la même année Apablaza voyage avec d'autres réfugiés à Cuba où il intègre l'École Militaire Camilo Cienfuegos. C'était la première fois que le gouvernement de Fidel Castro acceptait de former des étrangers comme élèves officiers et non comme guérilleros. Apablaza fut reçu et intégré comme cadre régulier de l'Armée cubaine. En 1979 Apablaza, ainsi que d’autres officiers formés à Cuba, part pour le Nicaragua prêter main-forte aux sandinistes. 

Dans les années quatre-vingt il est entre clandestinement au Chili et renoue avec le travail antidictatorial. Il fait partie des fondateurs du Front patriotique Manuel Rodriguez (FPMR) en 1983. À la fin de la dictature et après l'annonce de l'abandon de la lutte armée par le FPMR, Sergio Galvarino Apablaza quitte le Chili et s’installe discrètement en Argentine avec son épouse et ses enfants, à l'écart de la vie politique chilienne active. 

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

GALVARINO SERGIO APABLAZA GUERRA
C'est à ce moment que l'Union Démocrate Indépendante (UDI), parti politique de droite qui a soutenu la dictature chilienne, développe une campagne de harcèlement et de discrédit international dans les médias à son encontre. Cette organisation accuse Galvarino Apablaza d'être l'auteur intellectuel de l'exécution de Jaime Guzmán Errazuriz, fondateur de l'UDI. Comme conséquence de cette persécution il fut arrêté 29 novembre 2004 en Argentine à la demande d'Interpol Chili. Comme dans les bons vieux temps, une «coordination des opérations antisubversives» officieuse s'organise avec un rance parfum d’Opération Condor. Suite à une forte mobilisation de solidarité internationale en plus des péripéties des démarches administratives, le gouvernement Argentin le lui accorde l'asile politique.

À partir de ce moment et à intervalles plus ou moins réguliers le lobby des médias, politiciens et avocats de l’UDI, remuant ciel et terre, renouvellent  la demande d’extradition.

En ce qui concerne le rôle actif de l'UDI dans la demande d’extradition, l’avocat chilien spécialiste en droit de l’homme Maître Eduardo Contreras, a signalé qu'« ils cherchent un jeu à somme nulle » et à imposer la « théorie des deux démons » [*] propre à la « Guerre sale » alors que « Galvarino Apablaza n'est pas accusé d'un délit par la justice chilienne, mais harcelé par une meute de personnes dont la caractéristique principale a été de défendre de façon intransigeante la dictature de Pinochet qui a déclenché le pire génocide au Chili ».

Toujours d'après Maître Eduardo Contreras, « il est honteux que des personnes qui ont soutenu la dictature demandent à la justice, tout en exerçant une pression médiatique, de traiter des prisonniers politiques, des victimes de la dictature (tel que Galvarino Apablaza) comme délinquants. C'est un démocrate, qui n'a rien à voir avec ce qu'on lui impute», a-t-il déclaré.

[*] La «théorie des deux démons» était alors en vigueur pendant la «Guerre sale» en Argentine, et prétendait mettre sur le même plan le terrorisme d'État et les guérilleros.