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Suspecté d’avoir assassiné Narumi Kurosaki fin 2016 à Besançon, Nicolas Zepeda faisait face à la Cour Suprême de Santiago, ce jeudi. Son but ? Éviter l’extradition demandée par la France. Face aux preuves longuement détaillées par l’accusation, son avocate a opposé l’absence de corps de la victime. La décision du Chili est attendue courant avril.
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Visage de poupin, menton haut, joues rasées de près et chemise d’un blanc immaculé sur les épaules, comme à chaque fois qu’il se présente devant les médias, Nicolas Zepeda-Contreras est sorti de sa tanière , ce jeudi à Santiago. Un moment très attendu.
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Convoqué devant la Cour Suprême du Chili, ce fils de bonne famille âgé de 29 ans veut à tout prix éviter l’extradition vers la France, où il est désormais mis en examen pour l’assassinat de son ex petite-amie, Narumi Kurosaki. Il sait qu’il risque gros. « La réclusion criminelle à perpétuité », a lui-même rappelé le juge Jorge Dahm, qui présidait l’audience du jour. Si les débats ne concernaient que cette demande d’extradition, c’est bien un parfum de « mini-procès » qui flottait dans l’air.
L’accusation détaille les preuves durant près d’une heure
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Sous l’objectif de nombreux journalistes chiliens et japonais, Nicolas Zepeda n’a prononcé que quelques mots de présentation. Durant plus d’une heure, deux magistrats du ministère public chilien ont ensuite fidèlement détaillé l’ensemble des preuves accumulées à son encontre.
Rien ne lui a été épargné : ses mensonges mis en lumière par l’enquête, la préméditation de son voyage en France, fin 2016, ses achats douteux de cinq litres de produit inflammable, de boîtes d’allumettes et d’un pulvérisateur de détergent à Dijon, ce dernier cri d’horreur entendu dans les couloirs de la résidence universitaire où Narumi à « disparu », ses empreintes digitales dans la chambre de l’étudiante, ses allées et venues en forêt de Chaux, où il se serait débarrassé du corps, sa vidéo menaçante pré-enregistrée à l’égard de la victime…
La défense juge l’enquête insuffisante
Pour les deux procureurs chiliens, qui intervenaient au relais du parquet de Besançon, la solidité de l’enquête justifie largement la remise de Nicolas Zepeda aux autorités françaises. La défense, en revanche, s’arc-boute sans surprise sur l’absence du corps de Narumi pour décrédibiliser cette requête. Pour Joanna Heskia, membre de l’équipe d’avocats, « l’enquête n’a pas exploré les alternatives » à l’assassinat de la Japonaise, telles qu'« un suicide », « un accident », voire même « une disparition volontaire ».
Perché sur son estrade noire, le juge Dahm a patiemment écouté les arguments des uns et des autres. Les 18 et 19 mars prochains, le magistrat auditionnera par visioconférence la mère et la sœur de Narumi , restées au Japon, puis deux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon. Une audience conclusive se tiendra ensuite fin mars, avant une mise en délibéré de la décision. La France saura donc courant avril si la Cour Suprême du Chili accède, ou non, à la demande d’extradition de Nicolas Zepeda. Sollicité par les médias à l’issue de l’audience, le Chilien a gardé le silence. Sans pouvoir retenir un bref sourire avant de s’éclipser.