Plus d’une centaine de sympathisants du gouvernement nicaraguayen ont perturbé les funérailles d’Ernesto Cardenal, mardi 3 mars. Ils ont accusé le défunt prêtre et ancien homme politique d’être un « traître » à la cause sandiniste.
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À la suite du décès d’Ernesto Cardenal dimanche 1er mars, ses funérailles ont été organisées mardi 3 mars dans la cathédrale de Managua, la capitale nicaraguayenne.
À LA SUITE DU DÉCÈS D’ERNESTO CARDENAL DIMANCHE 1ER MARS, SES FUNÉRAILLES ONT ÉTÉ ORGANISÉES MARDI 3 MARS DANS LA CATHÉDRALE DE MANAGUA, LA CAPITALE NICARAGUAYENNE. PHOTO INTI OCON/AFP |
Jusque dans la mort, Ernesto Cardenal aura connu une histoire mouvementée. Prêtre et figure clef de la théologie de la libération, il avait été sanctionné dans les années 1980 par Jean-Paul II pour son engagement au sein du gouvernement sandiniste dirigé par Daniel Ortega. Ernesto Cardenal avait toutefois pris ses distances avec ce dernier à partir de 1994, en raison de sa dérive autoritaire. Désormais éloigné de la politique, celui qui était aussi un poète reconnu et souvent cité pour le prix Nobel de littérature avait été rétabli par le pape François en 2019.
À la suite du décès d’Ernesto Cardenal dimanche 1er mars, ses funérailles ont été organisées mardi 3 mars dans la cathédrale de Managua, la capitale nicaraguayenne. Présidée par le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de la ville, la cérémonie a été perturbée par une centaine de partisans de Daniel Ortega, dont le gouvernement autoritaire fait l’objet de vives contestations depuis près deux ans. Vêtus de blanc et de rouge, les couleurs sandinistes, ils ont ainsi lancé des « traître ! » lorsque le cercueil d’Ernesto Cardenal est entré dans la cathédrale, rapporte le quotidien espagnol El País.
Violence contre des journalistes
Craignant une profanation de la dépouille, la famille et les amis du défunt se sont positionnés autour du cercueil pendant le temps de la cérémonie. À la fin de celle-ci, le cercueil a dû être sorti par une sortie latérale, afin d’éviter les partisans de Daniel Ortega réunis sur le parvis de la cathédrale. Dans un message sur Facebook, l’archidiocèse de Managua a déploré une messe dans une « atmosphère tendue pour la présence de partisans jusqu’au-boutistes du gouvernement ». Par ailleurs, cinq journalistes ont été victimes de violences commises par les sympathisants du gouvernement, l’un d’eux ayant même dû être hospitalisé.
Ce n’est pas la première fois que la cathédrale de Managua est le théâtre d’affrontements entre pro et anti-gouvernement. En novembre, des partisans sandinistes avaient ainsi fait irruption dans l’édifice où s’était réuni un groupe d’opposants en grève de la faim. Un prêtre et une religieuse avaient alors violemment été pris à partie. Depuis avril 2018, le Nicaragua est secoué par des contestations violemment réprimées contre le gouvernement autoritaire de Daniel Ortega.