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Le président cubain Fidel Castro et le président argentin Néstor Kirchner rient durant une cérémonie au Palais Sain-Martin (Palacio San Martín, qui désigne communément, par métonymie, le ministère des Affaires étrangères), le jour de son investiture comme président de l'Argentine. Photo Reuters.
Le président cubain Fidel Castro et le président argentin Néstor Kirchner rient durant une cérémonie au Palais Sain-Martin (Palacio San Martín, qui désigne communément, par métonymie, le ministère des Affaires étrangères), le jour de son investiture comme président de l'Argentine. Photo Reuters.
Emergeant par surprise sur la scène nationale en 2003, Néstor Kirchner a d'abord symbolisé le renouveau économique d'un pays plongé dans la pire crise de son histoire. S'il n'est pas à l'origine de la suspension du paiement de la dette et de l'interventionnisme étatique, cet ex-gouverneur d'un petit Etat pétrolier du sud argentin a habilement prolongé ce virage pris après la révolte populaire de décembre 2001. A travers une politique monétaire osée et des investissements publics, le gouvernement Kirchner a redressé la barre de façon spectaculaire, sortant des millions d'Argentins de l'indigence où les avaient plongés les politiques néolibérales de Carlos Menem et du FMI.
Au côté de ses alliés Lula et Chávez, il a incarné la volonté du continent de sortir de la subordination aux institutions financières et aux transnationales. Sa renégociation fructueuse de la dette est souvent citée en exemple, bien que sa fermeté face aux marchés se soit émoussée au fil du temps. Loyalement, il a oeuvré aux accords économiques et politiques entre Etats sud-américains. Un travail souligné par son plébiscite à la tête de l'UNASUR.
En Argentine, pourtant, après ses débuts foudroyants, le «kirchnerisme» a montré ses limites. Rattrapé par l'inflation, harcelé par le pou-voir économique et ses médias, M. Kirchner a vu s'accumuler critiques et ennemis, à me-sure que le «miracle» économique révélait sa face conjoncturelle. Plus étatiste que socialiste, ce «péroniste de gauche» n'a jamais esquissé un modèle de société plus intégrateur. Son bagage politique comme son penchant culturel l'ont incliné au clientélisme plutôt qu'aux réformes sociales d'envergure. Autoritaire, il voulut dicter ses priorités, tant aux patrons qu'aux mouvements sociaux, devenus courroies de transmission avec le «peuple» ou relégués à l'état d'ennemis publics.
Pour toutes ces bonnes comme ces mauvaises raisons, le décès de M. Kirchner laisse les progressistes argentins orphelins. Déjà battue aux législatives de 2009, la présidente aura de la peine à surmonter la perte de son premier allié, non seulement conseiller spécial mais aussi chef de parti. Bouleversé, l'échiquier politique pourrait même voir à terme une coalition de néolibéraux et de populistes de droite retrouver le chemin de la Casa Rosada.
Mais à l'heure de ce premier bilan, on voudra surtout se souvenir d'un autre Kirchner, garder en mémoire cet ancien opposant à la dictature qui, arrivé au sommet, prit le risque d'abroger les lois amnistiant les tortionnaires. Ce président des Argentins inaugurant, au côté des «Folles» de la place de Mai, le Musée de la mémoire dans la fameuse Ecole de mécanique de l'armée. Avec lui, trente mille victimes du génocide contre la gauche reprenaient la place historique qui leur avait été volée.
Au côté de ses alliés Lula et Chávez, il a incarné la volonté du continent de sortir de la subordination aux institutions financières et aux transnationales. Sa renégociation fructueuse de la dette est souvent citée en exemple, bien que sa fermeté face aux marchés se soit émoussée au fil du temps. Loyalement, il a oeuvré aux accords économiques et politiques entre Etats sud-américains. Un travail souligné par son plébiscite à la tête de l'UNASUR.
En Argentine, pourtant, après ses débuts foudroyants, le «kirchnerisme» a montré ses limites. Rattrapé par l'inflation, harcelé par le pou-voir économique et ses médias, M. Kirchner a vu s'accumuler critiques et ennemis, à me-sure que le «miracle» économique révélait sa face conjoncturelle. Plus étatiste que socialiste, ce «péroniste de gauche» n'a jamais esquissé un modèle de société plus intégrateur. Son bagage politique comme son penchant culturel l'ont incliné au clientélisme plutôt qu'aux réformes sociales d'envergure. Autoritaire, il voulut dicter ses priorités, tant aux patrons qu'aux mouvements sociaux, devenus courroies de transmission avec le «peuple» ou relégués à l'état d'ennemis publics.
Pour toutes ces bonnes comme ces mauvaises raisons, le décès de M. Kirchner laisse les progressistes argentins orphelins. Déjà battue aux législatives de 2009, la présidente aura de la peine à surmonter la perte de son premier allié, non seulement conseiller spécial mais aussi chef de parti. Bouleversé, l'échiquier politique pourrait même voir à terme une coalition de néolibéraux et de populistes de droite retrouver le chemin de la Casa Rosada.
Mais à l'heure de ce premier bilan, on voudra surtout se souvenir d'un autre Kirchner, garder en mémoire cet ancien opposant à la dictature qui, arrivé au sommet, prit le risque d'abroger les lois amnistiant les tortionnaires. Ce président des Argentins inaugurant, au côté des «Folles» de la place de Mai, le Musée de la mémoire dans la fameuse Ecole de mécanique de l'armée. Avec lui, trente mille victimes du génocide contre la gauche reprenaient la place historique qui leur avait été volée.