samedi 23 octobre 2010

COMMUNIQUE DU COLLECTIF DE SOUTIEN AU PEUPLE MAPUCHE


U
ne fois son exposé fini, la parole a été donnée aux étudiants, futurs leaders politiques.
La teneur des inquiétudes s’est manifestée tout de suite: « Quelle place pour une Assemblée constituante au Chili? » La liste « Y a-t-il eu manipulation médiatique dans l'organisation de la sortie des mineurs ? » ;« Et les minorités sexuelles ? Où en est le PACS ? » ; « Pourquoi on n’en finit pas avec la criminalisation du Peuple Mapuche ? »
Au fur et à mesure que les questions arrivaient, comme un vieux renard, le Président utilisait la technique du « projet », c’est-à-dire, de « ce qu’on pense faire ». Ainsi, ses réponses variaient entre : « Nous l’avons en route… » (Plan Araucanía, loi antiterroriste et justice militaire) où « Nous prévoyons de le faire… » (Reconnaissance constitutionnelle des peuples indigènes, amélioration des conditions de travail des mineurs…) ou simplement il assénait un « Vous avez tort! », et c’en était fini.
C’est à ce moment-là, à la fin de la série de questions et réponses, dix minutes avant la fin de l’événement, que des camarades du Collectif de Soutien au Peuple Mapuche en France ont déployé une banderole de cinq mètres où l’on pouvait lire « LIBERTÉ AU PEUPLE MAPUCHE ». Piñera l’a lue à haute voix et a lancé: « les Mapuche sont plus libres que vous parce qu'ils ont une histoire! ». Comme si cela suffisait pour être libre!
Un dialogue forcé et tendu s’est imposé, dans lequel les camarades du Collectif lui ont rappelé les revendications du peuple Mapuche. Ils ont insisté sur les violations des Droits de l’Homme au Chili, en particulier concernant les Mapuche, l’utilisation des lois antiterroristes et de la justice militaire pour criminaliser la contestation sociale, les recommandations du groupe de travail du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies et la grève de la faim des 34 prisonniers politiques Mapuche.
À plusieurs reprises, face aux réponses embarrassées du président, les camarades du Collectif, très incisifs dans leurs revendications, mettaient à nu le caractère mensonger des propos du Président. Alors que celui-ci affirmait, avec le soutien de ses sénateurs, que la loi militaire ne s’applique pas aux militaires qui commettent des crimes contre les civils, les camarades n’ont pas oublié de lui rappeler que ceci était un mensonge
Après dix minutes avec la banderole dépliée et la conférence arrivant à son terme, nos camarades ont scandé, accompagnés par de nombreux étudiants, ce slogan qui, malheureusement, continue d’être d’actualité au Chili: « Liberar, liberar, al Mapuche por luchar !» (« Libérer, libérer, le Mapuche pour lutter! »).
Une fois l’action terminée, nos camarades ont pu se retirer tranquillement de l’Institut, recevant des encouragements solidaires et des regards complices des étudiants et professeurs de Sciences Po.