mercredi 6 octobre 2010

Michelle Bachelet, une femme d'honneurs

Michelle Bachelet en entrevue avec Céline Galipeau. Photo Luc Lavigne
De passage au Canada, l'ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet, a été honorée mardi soir à Montréal, où elle a reçu le prix international Courage au féminin, décerné par Reporters sans frontières. L'événement se tenait à l'hôtel Hyatt Regency.

Michelle Bachelet en entrevue avec Michel Désautels. Photo Luc Lavigne

L'organisation internationale, qui défend la liberté de presse, remet cette distinction aux femmes qui se battent pour le respect, la liberté et les droits de la personne. L'an dernier, le prix avait été remporté par la politicienne franco-colombienne Ingrid Bétancourt.
Au cours de la soirée, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, et le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, devaient rendre hommage à Mme Bachelet.
Il s'agit de l'une des nombreuses distinctions que recevra l'ancienne chef d'état sud-américaine au cours de ce voyage d'une semaine au Canada.
Plus tôt dans la journée, Mme Bachelet s'est vu remettre un doctorat honorifique de l'Université d'Ottawa.

Anne-Marie Dussault interviewe Michelle Bachelet à l'émission 24 heures en 60 minutes. Photo Luc Lavigne

Mercredi, elle recevra la médaille d'honneur de l'Assemblée nationale du Québec, qui tient à souligner son engagement politique et social.
Première présidente au Chili
À la tête de Concertation démocratique, une coalition de centre gauche, Michelle Bachelet a présidé les destinées du Chili de mars 2006 à mars 2010. À 54 ans, elle est devenue la première femme à occuper cette fonction au Chili et même la première présidente élue au suffrage universel de toute l'Amérique du Sud. Sa première initiative a été de former un gouvernement paritaire comptant 10 hommes et autant de femmes.

Michelle Bachelet en compagnie de dizaines de Chiliens d'origine. Photo Luc Lavigne

Depuis le mois dernier, elle est à la tête d'ONU-Femmes, une nouvelle agence des Nations unies dédiée à l'égalité et l'autonomie des femmes ainsi qu'à l'amélioration de leurs conditions de vie.
Une pionnière
Michelle Bachelet tire son nom de ses ancêtres français, arrivés au Chili au milieu des années 1800. Son prénom, elle le doit à l'actrice Michèle Morgan, qu'affectionnaient ses parents.
Dans un pays catholique, considéré machiste, où les inégalités hommes-femmes sont marquées et qui n'a légalisé le divorce qu'en 2004, l'arrivée au pouvoir de cette femme ouvertement athée, divorcée et mère de trois enfants de deux pères différents, en 2006, a de quoi surprendre.
Fille d'un général assassiné par le régime Pinochet - l'un des seuls haut-gradés restés loyaux au président Salvador Allende lors du coup d'État de 1973 -, Michelle Bachelet est emprisonnée à 24 ans et subit la torture, tout comme sa mère. Après sa libération, elle s'exile en Australie, puis en Allemagne de l'Est, où elle obtient son doctorat en pédiatrie, avant de suivre une formation de stratégie militaire à Washington.
Mettant un terme à son exil en 1979, elle lutte clandestinement pour le respect des droits de la personne dans son pays. Elle dit aujourd'hui qu'elle a voulu convertir sa douleur en action.
En 2000, le socialiste Ricardo Lagos la nomme ministre de la Santé. Deux ans plus tard, elle devient la première Latino-Américaine à accéder au ministère de la Défense. « Je suis une femme, socialiste, agnostique et divorcée, autrement dit, pour vous, les quatre péchés capitaux! », avait-elle dit lors de son entrée en fonction à ce poste devant l'état-major entièrement masculin.
À ce poste, elle en profitera pour donner un coup d'accélérateur à la réconciliation entre la population et les militaires.
Le 15 janvier 2006, elle remporte l'élection présidentielle, qui la consacre également première ministre, avec 53,5 % des voix contre 46,5 % pour son adversaire conservateur, le milliardaire Sebastian Piñera.