Le juge Victor Montiglio accuse ces ex-agents de la sinistre DINA (la direction nationale du renseignement), dont l’ancien chef est derrière les barreaux depuis 2005 pour ses multiples violations des droits de l’homme, d’être mêlés à la disparition de centaines d’opposants politiques durant les années 1970. Ils auraient pris part à trois opérations d’élimination, l’Opération Condor, à l’époque mise au point de concert avec les autres diactures du continent, l’Opération Colombo et l’Opération de la rue de la Conférence.
Avec ce coup de filet, qui fait suite à une opération d’une ampleur comparable l’an passé, le processus judiciaire en cours au Chili est « très proche de sa fin », affirme le juge Montiglio. En dépit des controverses engendrées par la confrontation des Chiliens avec leur passé dictatorial, tant la société était fracturée à l’époque où sévissait Pinochet, « le Chili a été beaucoup plus loin qu’aucun autre pays en Amérique latine », relève Georges Couffignal, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine à Paris.
La phase de « judiciarisation » avait été ouverte par le juge Juan Guzman, lorsqu’Augusto Pinochet a abandonné, en 1998, le poste de commandant en chef des armées qu’il conservait depuis son retrait du pouvoir en 1990. Le Chili pouvait commencer à explorer son passé. Le juge Guzman « a élaboré une formule juridique pour que les responsables des disparitions puissent être poursuivis tant que les corps ne seraient pas retrouvés. Certains ne le seront jamais », ajoute le spécialiste. En 2004, après six mois d’enquête, la commission Valech a estimé à 30 000 le nombre de victimes, dont 3197 morts et disparus.