vendredi 5 août 2011

CHILI / MOBILISATION: 550 ARRESTATIONS

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LA POLICE CHILIENNE A FAIT USAGE DE GAZ LACRYMOGÈNES POUR DISPERSER UNE MANIFESTATION D’ÉTUDIANTS À SANTIAGO

 PHOTO VICTOR RUIZ CABALLERO / REUTERS
Pas plus de 5.000 personnes ont pris part aux manifestations, à Santiago et dans une dizaine de villes, mais "on a atteint le total de 552 interpellations et 29 policiers blessés, dont un dans un état grave", a annoncé à la presse en soirée le vice-ministre de l'Intérieur Rodrigo Ubilla, selon qui il n'y avait pas de "civils blessés". La majorité des personnes interpellées (284) l'ont été à Santiago, pour trouble à l'ordre public, ports d'armes ou de matériel explosif, a précisé M. Ubilla.

Cette journée d'action étudiante, la huitième depuis le début des mobilisations en mai, a été de loin la plus violente, mais la moins suivie. Des manifestations monstres, en juin, ont réuni jusqu'à 80.000 personnes, les plus spectaculaires depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990. Etudiants, lycéens et enseignants, qui réclament de l'Etat des moyens accrus pour l'enseignement public et supérieur, avaient annoncé deux manifestations pour hier. Le gouvernement n'a pas autorisé ces marches, un refus perçu comme une "provocation" par les manifestants.

A Santiago, les violences sont survenues en deux temps en une journée chaotique. Dans la matinée, la police a usé de gaz lacrymogènes et de lances à eau, pour disperser une manifestation naissante Plaza Italia, et dégager des carrefours névralgiques que des étudiants paralysaient avec des barricades de pneus enflammés. Le calme était revenu en milieu de journée dans le centre de la capitale, patrouillé par des policiers à cheval et des fourgons anti-émeutes.

Les troubles ont repris en soirée, quand la police a empêché la tenue d'une seconde manifestation non autorisée, a constaté l'AFP. Un groupe de 200 étudiants a brièvement occupé les studios de la télévision privée Chilevision, exigeant de passer en direct, avant de quitter les lieux une fois un message enregistré. Le gouvernement avait interdit les manifestations en estimant le temps du dialogue venu, après une série de propositions transmises lundi, notamment sur des bourses accrues et des crédits avantageux aux étudiants, dont la majorité s'endettent pour étudier. Propositions rejetées comme "insuffisantes". "Les étudiants ne sont pas propriétaires des rues", s'est exaspéré le porte-parole du gouvernement Andres Chadwick.

Le gouvernement de droite de Sebastian Piñera vit sa crise sociale la plus grave depuis son arrivée au pouvoir en mars 2010, avec l'explosion du malaise structurel de l'éducation au Chili: un système à deux vitesses, dont le pan public est le parent pauvre de la réussite économique du pays depuis 20 ans. Le président Piñera a vu sa côte de popularité chuter à 26% d'opinions favorables, selon un sondage publié hier: un seuil record qui fait de lui le président le plus impopulaire depuis le retour de la démocratie en 1990.

Une image dans les rues de Santiago a d'ailleurs rappelé hier l'ère des manifestations contre la dictature Pinochet: des habitants qui exprimaient leur soutien aux manifestants en tapant sur des casseroles, de leur fenêtre ou sur le pas de leur porte. Les étudiants ont lancé hier soir un ultimatum de six jours au gouvernement pour des propositions "sérieuses, concrètes et cohérentes". Ils réclament en particulier des garanties constitutionnelles sur une éducation publique gratuite et de qualité. "On n'impose pas ainsi au gouvernement", a répliqué M. Chadwick.