lundi 1 août 2011

Une grève de mineurs chiliens fait flamber le cuivre

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LES GRÉVISTES ONT ENTAMÉ DES POURSUITES CONTRE LEUR ENTREPRISE POUR « PRATIQUES ANTI-SYNDICALES » APRÈS AVOIR SUBI DES MENACES DE LICENCIEMENT. PHOTO GLENN ARCOS
Depuis le 22 juillet, la Minera Escondida, premier gisement à l’échelle mondiale avec 7 % de la production globale, exploitée par la firme anglo-australienne BHP-Billiton, est paralysée. Un mouvement qui pourrait faire tâche d’huile, les travailleurs de Collahuasi, 3e site d’extraction de cuivre au monde, ayant emboîté le pas ce week-end, au moins pour 24 heures. Selon le Groupe international d’études sur le cuivre ( ICSG), le marché mondial du cuivre raffiné devrait enregistrer cette année un déficit de 377 000 tonnes.

Tensions sociales au Chili

Le Chili étant à lui seul fournisseur du tiers du cuivre mondial, la situation dans le pays pèse lourdement sur les marchés. Or, des tensions sociales sont apparues le mois dernier. D’abord à la société d’État chilienne Codelco, premier producteur mondial de cuivre, dont les employés redoutent la privatisation par le gouvernement conservateur de l’homme d’affaires Sebastian Pinera, au pouvoir depuis début 2010.

Si le travail a repris rapidement, l’État ayant donné certaines garanties, les tensions ont par la suite touché la Minera Escondida, à Antofagasta, dans le nord du pays, pour des raisons salariales cette fois-ci. Alors l’entreprise minière a proposé à chacun de ses employés le versement pour l’année 2010 d’une prime de 6 000 dollars (4 200 €), ces derniers exigent près du double.

L’année dernière, la compagnie a enregistré 4,3 milliards de dollars de profits (3 milliards d’euros), en augmentation de 35 % par rapport à 2009, notamment du fait de l’augmentation des cours sur les marchés internationaux.

Bras de fer avec la direction

Le 22 juillet, les 2 300 employés d’Escondida ont cessé le travail, alors que la direction refuse toute discussion. Si la satisfaction des revendications syndicales coûterait à la compagnie moins que le montant des pertes provoquées par une seule journée de grève, l’entreprise ne veut pas céder. « Le dialogue doit s’effectuer alors que les employés travaillent, nous rétablirons le dialogue lorsqu’ils reprendront leurs activités », a déclaré à la presse locale la vice-présidente des affaires externes de BHP Billiton au Chili, Maria Olivia Recart.

Les grévistes ont entamé mercredi des poursuites contre leur entreprise pour « pratiques anti-syndicales » après s’être plaint d’avoir subi des menaces de licenciement et des tentatives d’empêchement de l’accès à la mine. Face au blocage, l’entreprise a évoqué la semaine passée un cas de « force majeure » et a annoncé à ses clients qu’elle ne pourrait honorer certaines commandes avant la fin du conflit.

Risque de contagion de la grêve

Les conflits salariaux sont récurrents ces dernières années, la flambée des cours des matières premières poussant les syndicats à des revendications salariales plus exigeantes. Mais ce mouvement – qui pourrait s’étendre aux autres mines du pays, notamment si la grève à Collahuasi se confirmait dans la durée – tombe mal pour le président Pinera.

Le chef de l’État est en effet confronté à une contestation sociale croissante sur plusieurs fronts, depuis la colère des militants écologistes opposés à un projet de barrage en Patagonie, jusqu’à la forte mobilisation des étudiants qui réclament plus d’investissements dans l’éducation.

GILLES BIASSETTE