La Cour suprême du Chili a confirmé jeudi une décision judiciaire de novembre dernier refusant d'extrader 10 Chiliens condamnés en 2010 par contumace en France pour la mort de quatre Français sous la dictature d'Augusto Pinochet.
Les magistrats de la Cour ont indiqué que "pour chacun des accusés, il existe une procédure pénale en cours au Chili pour les délits qui ont motivé leur condamnation en France".
Le 4 novembre dernier, la juge Rosa Maria Maggi avait estimé qu'il "revient aux tribunaux chiliens de prendre connaissance et de juger les délits pour lesquels on demande cette extradition, étant donné qu'il s'agit de faits commis à partir du 11 septembre 1973 et dont l'exécution s'est déroulée sur le territoire de notre pays".
Pour ces raisons, la juge avait déclaré irrecevables les demandes d'extradition des officiers à la retraite Luis Ramirez Pineda, Emilio Sandoval Poo, Basclay Zapata Reyes, Manuel Contreras Sepulveda, Pedro Espinoza Bravo, Gerardo Godoy Garcia, Raul Iturriaga Neumann, Miguel Krassnoff Marchenko, Marcelo Moren Brito et Rafael Ahumada Valderrama.
Deux autres hommes condamnés à Paris, Enrique Arancibia Clavel et Herman Brady, sont décédés après le procès.
En décembre 2010, la justice française avait prononcé des peines allant de 15 ans de prison à la réclusion à perpétuité - et un acquittement - contre des ex-responsables de la dictature chilienne ainsi qu'un Argentin, jugés par contumace pour la disparition de Français sous le régime Pinochet (1973-1990).
Les peines de réclusion criminelle à perpétuité visaient Manuel Contreras Sepulveda et Pedro Espinoza Bravo, anciens responsables de la Dina, la police secrète de la dictature chilienne.
Les deux hommes sont incarcérés au Chili pour des violations des droits de l'homme sous la dictature.
Les accusés, alors âgés de 61 à 89 ans, étaient jugés en leur absence pour les faits d'"arrestations, enlèvements, séquestrations arbitraires avec torture ou actes de barbarie" ou complicité.
Georges Klein, médecin et conseiller de Salvador Allende, fut arrêté à Santiago en septembre 1973, tout comme l'ancien prêtre Etienne Pesle, enlevé dans le sud du pays. Alphonse Chanfreau et Jean-Yves Claudet-Fernandez, deux membres du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), ont disparu l'un en 1974, l'autre en 1975.
Les quatre corps n'ont jamais été retrouvés.
Mardi dernier, la justice chilienne a lancé des poursuites contre neuf ex-militaires et ordonné leur placement en détention pour la disparition sous la dictature en 1973 de l'ancien prêtre et militant socialiste français Etienne Pesle de Menil.
Quelque 38.000 personnes ont été torturées et plus de 3.200 ont été tuées sous la dictature d'Augusto Pinochet.
AFP