mercredi 24 octobre 2018

LORÀNT DEUTSCH EN LINGUISTE ET BFMTV EN PORTE-PAROLE D’ERIC ZEMMOUR


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LORÀNT DEUTSCH EN LINGUISTE ET BFMTV
EN PORTE-PAROLE D’ERIC ZEMMOUR
Sur France 5, Anne-Elisabeth Lemoine fait réagir Lorànt Deutsch à ses propos. Sur BFMTV, Nathalie Levy donne à ses thèses le caractère d’évidences. Pas de doute, Eric Zemmour est bien le phare de la pensée contemporaine.
Samuel Gontier

«À l’origine, le français était la langue dominante en Europe. » À l’origine ? Quelle origine ? Chez les Néandertaliens, peut-être ? Anne-Elisabeth Lemoine reçoit Lorànt Deutsch dans C à vous pour la sortie d’un livre dans lequel « le comédien s’est penché sur l’origine et l’histoire des mots. Aujourd’hui, l’influence de notre langue s’est un peu affaiblie mais vous dites que le français ne disparaîtra jamais ». « On va les pulvériser, les Anglais ! », assure l’invité, rappelant qu’ils nous doivent une grande partie de leur vocabulaire : «L’anglais est une seconde façon de parler français. »

CAPTURE D'ÉCRAN
Anne-Elisabeth Lemoine propose à Lorànt Deutsch de prendre parti dans un débat dont elle rappelle les termes les plus sereins : « Est-ce qu’on est moins français ou est-ce qu’on risque d’être moins français si l’on apprend l’arabe à l’école ? La proposition de Jean-Michel Blanquer a suscité une levée de boucliers à droite. » Chouette, France 5 rediffuse les interventions de Xavier Bertrand et de Nicolas Dupont-Aignan sur BFMTV. Et Lorànt Deutsch réagit : « Je ne vois aucun intérêt à apprendre l’arabe à l’école. Sachez que dans la langue française, il y a plus de 600 ou 700 mots arabes. » Argh ! C’est énorme. Du coup, on risque d’être « moins français » si on apprend le français. « Il y a cinq à huit fois plus de mots arabes que de mots gaulois dans la langue française. » Le grand remplacement l’a déjà emporté. « Finalement, le français est pétri d’arabe. » Je me serai bien rabattu sur l’anglais, mais c’est une seconde façon de parler français pétri d’arabe.

« Pardon », intervient Patrick Cohen. J’imagine qu’il va contester le brillant raisonnement de Lorànt Deutsch… Mais non, il s’en prend à Xavier Bertrand et à Nicolas Dupont-Aignan : « Pour Jean-Michel Blanquer, il s’agissait de développer l’enseignement de l’arabe et pas de le rendre obligatoire comme le disent ceux qu’on a vus en vidéo. » De toute façon, il est déjà doublement obligatoire puisque le français pétri d’arabe et l’anglais lui-même pétri de français sont enseignés dans toutes les écoles.

CAPTURE D'ÉCRAN
Pour recentrer le débat, Anne-Elisabeth Lemoine délaisse Nicolas Dupont-Aignan et s’appuie sur un autre penseur. « Quand Eric Zemmour reproche à Hapsatou Sy de porter un prénom qui ne reflète pas l’histoire et le passé de la France, il se trompe ? » Lorànt Deutsch réagit : «Je pense qu’il est beaucoup plus intelligent que ce qu’il a dit. » C’est un esprit brillant mais sur ce point, il a tort : « J’ai pas un prénom de saint mais je me sens quand même très-très français. » Ouf, je suis rassuré.

CAPTURE D'ÉCRAN
Pierre Lescure intervient : « Le linguiste que vous êtes écoute beaucoup les jeunes pour choper des nouvelles tendances. » Ça alors, Lorànt Deutsch est linguiste en plus d’être historien ! C’est notre Chomsky à nous. Selon lui, « c’est grâce à une langue qu’on devient plus intelligent parce qu’on a plus de nuance, de subtilité ». En revanche, en apprendre une autre rend plus bête — surtout si c’est l’arabe.

Maxime Switek, dans sa chronique, revient sur la vidéo d’un lycéen qui a braqué sa professeure avec une arme et sur le hashtag #pasdevague lancé par des enseignants confrontés à la violence qui regrettent le manque de soutien de l’administration. « Jean-Michel Blanquer a reconnu que trop souvent on a mis la poussière sur le tapis. » Et le tapis sous la poussière.

CAPTURE D'ÉCRAN
Les membres du gouvernement s’accordent à dire qu’il faut « responsabiliser les parents ». Du coup, «Les Républicains remettent une vieille proposition sur la table : baisser voire supprimer les allocations familiales en cas d’absentéisme répété d’un élève à l’école ». Problème, rapporte Maxime Switek, « Le Parisien raconte que son père a la réputation d’être strict et que c’est précisément pour éviter sa colère que l’élève voulait à tout prix être noté “présent”. C’est d’ailleurs son père qui l’a accompagné au commissariat. Lorànt Deutsch, comment vous réagissez ? » « Il a raison d’être strict, c’est vrai qu’il fallait au moins qu’il l’accompagne au commissariat. J’espère qu’il lui a mis une bonne droite avant. » En plus d’être historien et linguiste, Lorànt Deutsch fait un excellent pédagogue.

CAPTURE D'ÉCRAN
Arrive enfin l’heure du « grand débat » que promeut BFMTV à longueur de bandes-annonces : «Eric Zemmour, essayiste, face à Patrick Weil, historien.» À l’heure dite, le bandeau affiche : « Zemmour-Weil : le duel ». Ça va saigner. La présentatrice, Nathalie Levy, annonce que la première partie de l’émission sera consacrée à l’histoire et la seconde à l’actualité. Un nouveau bandeau prévient qu’il s’agira de discuter les thèses d’un seul des deux invités : « Zemmour : sa défense de Pétain. »

CAPTURE D'ÉCRAN
Très vite, Eric Zemmour revendique une capacité à dire n’importe quoi — « J’ai le droit à une interprétation libre des faits » — que ne possède pas son interlocuteur, aveuglé par l’idéologie : « Vous êtes de gauche, à ce que je sache. » « Je suis d’abord un historien. » « Non-non, vous êtes de gauche, ne cachez pas vos engagements politiques. Il n’y a pas de neutralité de l’historien. Vous êtes engagé politiquement, toute votre vie vous avez été à gauche, ce n’est pas une infamie mais il faut le dire aux gens. » « Patrick Weil, répondez ! », intime Nathalie Levy. Eric Zemmour insiste : « Vous étiez au cabinet de Pierre Mauroy, vous étiez avec Jean-Pierre Chevènement ! Vous étiez à gauche, pendant les années 80 vous avez eu des responsabilités sur la politique de l’immigration. » Beurk. Si ça se trouve, il a aussi appris l’arabe.

CAPTURE D'ÉCRAN
« Un peu de mesure, Patrick Weil ! », demande Eric Zemmour, qui n’en manque jamais. La première partie s’éternise, Nathalie Levy s’impatiente : « Je vous invite à être attentifs un petit instant. L’islamisme et l’immigrationnisme, c’est ce dont je souhaite parler dans cette deuxième partie. » Jolie performance. En une phrase, la présentatrice valide l’existence de «l’immigrationnisme », un vocable inventé par l’extrême droite, en même temps qu’elle associe naturellement islamisme et immigration(nisme). « Et je voulais poser cette question, Eric Zemmour. Ces deux aspects, l’islamisme et l’immigrationnisme, insiste Nathalie Levy, ont été voulus, théorisés, écrits et préparés à l’avance selon vous ? » « Zemmour : “La peur de l’islam” », alerte un bandeau. « Nous ne sommes plus dans l’immigration, certifie l’intéressé, nous avons une invasion et une colonisation. »

Comme Patrick Weil déplore les lacunes de l’enseignement de l’histoire de la colonisation et de l’esclavage, son adversaire rétorque : « Certains historiens veulent nous apprendre une autre histoire pour faire plaisir aux populations venues d’ailleurs et oublier les racines chrétiennes de la France… » Nathalie Levy s’interpose : « Je voudrais nous ramener sur ce plateau parce qu’on s’est mis d’accord, il s’agit de parler de cette actualité-là, à l’heure actuelle, celle du temps présent. » Celle de l’islamimmigrationnisme.

CAPTURE D'ÉCRAN
« Je veux répondre sur les racines chrétiennes», réclame timidement Patrick Weil. Pas le temps, Nathalie Levy a une question d’actualité du temps présent à lui poser. « Je voulais vous demander, Patrick Weil, aujourd’hui en France, la peur de l’étranger, elle existe, c’est une réalité, elle est accentuée par la crise. » Pas du tout par BFMTV. « Comment on répond à cette angoisse ? » Accentuée par l’invité d’honneur de BFMTV, qui annonce « 400 000 étrangers de plus par an en France » et « des territoires entiers qui ne sont plus en France parce qu’ils sont complètement islamisés».

Nathalie Levy ne relève pas, elle sollicite « Patrick Weil, pour aller plus loin… » Plus loin que Zemmour ? Je ne vois pas. Goebbels ? « Eric Zemmour est très largement majoritaire lorsqu’il exprimes ses réticences sur l’immigration. Les deux tiers des Français [des sondés, en réalité] considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France… » Donc les deux tiers des Français approuvent Zemmour. CQFD. Puis Nathalie Levy passe au grand débat d’intérêt public de la rentrée politique. « Eric Zemmour, si on ne choisit pas un prénom français, on ne respecte pas son pays? »

CAPTURE D'ÉCRAN
« S’il vous plaît, messieurs !, s’interpose à nouveau Nathalie Levy. Le concept du grand remplacement de Renaud Camus vous semble-t-il recevable pour définir la transformation de la société française par l’immigration de masse extra-européenne, oui ou non ? » Encore une jolie performance. En une phrase, la présentatrice valide l’existence d’une « immigration de masse extra-européenne » et celle de la « transformation de la société française » par cette immigration. Seul reste en débat le « concept recevable » pour définir ces phénomènes. Grand remplacement ou grande invasion ? Grande islamisation ou grande colonisation?

« Le grand remplacement, répond Eric Zemmour, il a déjà commencé, dans toutes nos banlieues. » «Donnez-nous des chiffres ! », réclame Nathalie Levy. Son invité ne lui en donne pas mais évoque l’abondance de boucheries halal voire de « librairies halal » (sic). Nathalie Levy se tourne vers Patrick Weil. « Je voudrais comprendre si vous vous dites aujourd’hui : “il y a danger”. Ce grand remplacement, est-ce que c’est notre avenir proche?» Ce n’est pas notre avenir, c’est notre présent, Eric Zemmour l’affirme et la présentatrice elle-même l’a dit : l’immigration de masse extra-européenne a déjà islamisé la société française.

CAPTURE D'ÉCRAN
Il est l’heure de la pub, « terminons, terminons !, ordonne Nathalie Levy. En conclusion ! » « Vous voulez une conclusion ? », demande Eric Zemmour. «Oui. » Une conclusion d’Eric Zemmour, bien sûr.