vendredi 26 octobre 2018

LITHIUM: LE GÉANT CHINOIS TIANQI PREND 24% DE SON CONCURRENT CHILIEN SQM


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 ILLUSTRATION FABIÁN RIVAS  

La Cour constitutionnelle du Chili a autorisé jeudi la compagnie minière chinoise Tianqi a acheter 24% de la société chilienne SQM, géant du lithium et concurrent, une transaction controversée de 4 milliards de dollars.
La Croix avec l'AFP
La juridiction chilienne "a pris la décision de rejeter le recours" déposé par le groupe chilien Pampa, a dit à des journalistes le président de la Cour, Gonzalo Garcia. Ce concurrent dénonçait un risque de monopole car les deux entreprises font partie des trois plus gros producteurs de lithium au monde.

Cet arrêt de la Cour constitutionnelle est définitif, sans autre recours.

LITHIUM
Le chinois Tianqi rachète les parts de la société canadienne Nutrien, qui devait se défaire avant avril de cette participation dans la Société chimique et minière du Chili (SQM) pour satisfaire l'autorité indienne de la concurrence. Cette cession était nécessaire à une fusion entre Agrium et l'indien Potash, qui a donné naissance à Nutrien.

Dans un premier temps, l'autorité chilienne de la concurrence, le Tribunal chilien de la libre concurrence (TDLC), avait donné son accord à ce rachat des 24% de SQM par Tianqi.

La décision était contestée par les principaux actionnaires de SQM, qui exploite l'un des plus grands gisements du monde de lithium.

Les entreprises Pampa Calichera, Potasios de Chile et Global Mining, regroupées au sein du groupe Pampa qui détient 29,12% de la Société chimique et minière du Chili ont argumenté que la transaction était incompatible avec la libre concurrence.

SQM et Tianqi font partie des trois principaux acteurs du marché du lithium dans le monde, avec l'américain Albermarle, n°1 du secteur.

- Plus grandes réserves mondiales -

L'opération "permet à un acteur du marché de détenir en partie un de ses concurrents directs et de participer à sa gestion ainsi que d'avoir accès à des informations confidentielles et économiquement sensibles pour le marché mondial du lithium", ont estimé les actionnaires de SQM quand ils ont déposé le recours, le 11 octobre devant la Cour constitutionnelle du Chili.

Le parquet financier chilien avait ouvert en juin une enquête afin de déterminer si cette opération entravait la libre concurrence, la société chinoise étant partenaire, sur d'autres marchés, du groupe minier américain Albemarle, concurrent direct de SQM au Chili.

Comme l'enquête du parquet financier avait conclu que l'opération pourrait nuire à la libre concurrence, la société chinoise avait accepté une série de mesures pour apaiser les craintes. Les dirigeants de Tianqi ne devraient ainsi pas participer à la gestion de SQM et ne devraient pas intégrer les instances de décision de SQM.

"En posant certaines limites, cette opération est compatible avec la libre concurrence, car les risques ne sont pas très importants", a déclaré lundi le procureur chargé des questions économiques, Mario Ybar.

Une fois l'opération réalisée, Tianqi pourrait contrôler jusqu'à 70% du marché mondial du lithium, en tenant compte des partenariats avec le géant américain.

La SQM exploite le lithium dans le désert d'Atacama, dans le nord du Chili, l'un des plus grands gisements du monde de lithium. Ce métal sert à la fabrication des batteries, en plein boom avec le développement des voitures électriques et des équipements électroniques.

Le Chili, qui possède les plus grandes réserves mondiales de lithium (52% du total), se dispute avec l'Australie la place de premier producteur mondial. Les deux pays avoisinent chacun les 40% de la production totale de ce métal.

Les avocats de la société chinoise ont dénoncé l'intention de Pampa, dirigé par Julio Ponce Lerou, ex-gendre du dictateur Augusto Pinochet, de faire durer la procédure, afin selon eux de saboter la transaction. afp