jeudi 11 octobre 2018

PIÑERA A DIT CE QUE TRUMP VOULAIT ENTENDRE


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CETTE PHOTO A FAIT COULER BEAUCOUP D'ANCRE CES DERNIERS 
JOURS : SEBASTIAN PIÑERA A FAIT CADEAU À TRUMP D'UN 
DRAPEAU DES ÉTATS-UNIS AVEC, EN SON CENTRE, CELUI DU CHILI. 
PHOTO  EL CLARÍN
La veille, il s'était adressé à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies (AGNU) avec un discours diffamatoire à l'égard du Venezuela, insultant Cuba, offensant le Nicaragua et pointant du doigt la Bolivie 
PIÑERA LORS DE SON DISCOURS À L'ONU
DANS UN AUDITORIUM PARSEMÉE 
La veille, il s'était adressé à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies (AGNU) avec un discours diffamatoire à l'égard du Venezuela, insultant Cuba, offensant le Nicaragua et pointant du doigt la Bolivie. Tout comme voulait l'entendre le président nord-américain Donald Trump. Et le lendemain, il était reçu à la Maison-Blanche.

Il s'agit du président du Chili, Sebastian Piñera, qui a offert à son homologue des États-Unis une bannière étoilée avec, en son centre, le blason chilien. « Le Chili est dans le cœur des États-Unis », a-t-il déclaré en quête de l'approbation de Trump.

Dans son allocution devant l'ONU, le président chilien a évoqué l’ « absence de libertés » à Cuba et au Nicaragua, et même de droits de l'Homme. Et, bien entendu, les propos du président Piñera étaient alignés sur ceux de Donald Trump.

Le chef d’État chilien semblait ignorer qu'il y avait là, dans la grande salle des Nations Unies, des représentants de pays où les étudiants ne sont pas réprimés, comme le font ses carabiniers dans les rues de Santiago.

Il semblait aussi oublier que dans cette enceinte, on se souvient encore que le Chili a eu comme président Augusto Pinochet, auteur du coup d'État militaire contre le gouvernement démocratique de Salvador Allende, et responsable de la mort et de la disparition de milliers de Chiliens.

PIÑERA LORS DE SON DISCOURS À L'ONU 
Et que ses auditeurs sont au courant des revendications des indiens Mapuche, la principale ethnie indigène du pays et du fait que, selon des données du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), 68% des jeunes et des enfants de cette communauté sont victimes de discrimination.

Ou qu'à l'ONU, il s'agit de respecter la justice quand elle est vraie et appliquée avec toute sa force contre les meurtriers, les putschistes, les auteurs de violations des droits de l'Homme et de génocide, comme dans le cas de Pinochet et des autres membres des forces armées et des carabiniers du Chili, alors qu’aucun d’entre eux n'a jamais été jugé comme il le méritait, ou du moins, comme l’exigeait le peuple lui-même, qui recherche encore ses enfants disparus.

De quoi parlait donc Sebastian Piñera lorsqu'il se référait à Cuba, qu'il accusait de ne pas être un système démocratique, où il n’y a aucun respect des droits fondamentaux des personnes ?

Même si ce que le président chilien cherchait, c’était susciter les éloges de Trump, il aurait pu choisir des exemples dans son propre pays, qui réprime les jeunes qui exigent une éducation gratuite et de qualité, ou les mineurs qui demandent de meilleures conditions de travail.

Le président nord-américain lui a dit lors de la réunion bilatérale des choses que Piñera voulait entendre, même si elles n'avaient aucune logique dans un dialogue à ce niveau. Dans ce cas, le président du pays austral, pour des raisons d'éthique, n'aurait pas dû faire des comparaisons pour diffamer les peuples latino-américains.

Ou a-t-il oublié que dans les pays qu’il a tenté de critiquer, la santé, l'éducation, le travail et d'autres indicateurs constituent des exemples reconnus par les institutions internationales ; où la santé est garantie à tous les citoyens de manière égale ; l'éducation est un droit et nous la recevons sans avoir à payer un centime ?

Piñera, qui a entamé son deuxième mandat présidentiel, doit se rappeler - à l'ONU et ailleurs - que des milliers de citoyens chiliens durent émigrer et s'installer dans d'autres pays afin d’échapper aux griffes de la dictature. Ce qui n’est pas le cas actuellement au Venezuela, ni au Nicaragua, ni à Cuba.

Nombreux sont ceux qui sont préoccupés et choqués par le fait qu'en ce 21e siècle, le différend entre le Chili et la Bolivie à propos du droit de ce dernier pays à un accès à la mer n'a pas été résolu et que la voie des négociations et du dialogue prônée par le président Evo Morales pour le bien des pays et de l'ensemble de la région ait été ignorée.

On ne peut s’empêcher de se poser une question sur la tenue de cette réunion à l'ONU : que cherchait-il en remettant Trump un drapeau des États-Unis avec le centre frappé des armoiries du Chili ?

Il est fort possible que ce geste médiatique puisse avoir des effets contre-productifs lorsqu'il s'agit d’en comprendre les raisons. On pourrait même penser que ce dont il s'agit - en plus de l'intimité avec Trump – d’une suggestion au locataire de la Maison-Blanche de garder à l'esprit que le gouvernement chilien et son président en particulier sont d'accord avec sa politique et, dans un tel cas, le Chili est prêt à se lancer dans n’importe laquelle de ses aventures.

Si tel était le cas, j'oserais suggérer à Piñera de s’abstenir de parler de Cuba, qu'il y a ici assez de dignité et aucun intérêt médiatique à s’attirer les sympathies du président étasunien. Ni notre drapeau, celui de l'étoile solitaire, ne peut être mutilé ni pour aucune de ces choses, ni sous aucun prétexte.

EN CONTEXTE

Pendant la campagne présidentielle de l'année dernière, la gauche a décrit Piñera comme une recul dans deux sens : vers le pays pris en otage par les intérêts corporatifs des plus riches et vers le Chili du régime militaire des années 1970 et 1980.

Ses détracteurs lui reprochent le réseau complexe d'intérêts privés qui l'entoure, l'incapacité de son gouvernement à gérer le recensement de 2012 ou les enquêtes judiciaires qui impliquent plusieurs de ses hauts fonctionnaires, dont deux de ses anciens ministres.

Selon des données confirmées par le gouvernement actuel de Piñera, 1 017 000 emplois ont été créés au cours du mandat précédent. Toutefois, ce chiffre a été remis en question, car au cours de la dernière année de gestion, 65 % des emplois créés étaient des emplois indépendants.

En février 2014, Piñera lui-même avait déclaré : « Nous avons réussi à reconstruire 97% ». Toutefois, selon les ministères des Travaux publics et du Logement, la reconstruction n'a pas dépassé 82 % d'avancement en 2014.