jeudi 4 octobre 2018

ABUS SEXUELS, L’ARCHEVÊQUE DE SANTIAGO AU CHILI GARDE LE SILENCE DEVANT LA JUSTICE


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LE CARDINAL EZZATI, PLUS HAUT DIGNITAIRE DE L'EGLISE 
CATHOLIQUE CHILIENNE, QUITTE LE PARQUET DE RANCAGUA. 
PHOTO IVAN ALVARADO
Convoqué par la justice, le cardinal chilien Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago, a refusé de répondre aux accusations de dissimulation d’agressions sexuelles.
L’ARCHEVEQUE RICARDO EZZATI
APRÈS SON AUDITION LE 3 OCTOBRE.
PHOTO CLAUDIO REYES/AFP
Le feuilleton judiciaire, dans lequel est impliquée l’Église catholique chilienne, se poursuit. Convoqué par la justice, mercredi 3 octobre, pour répondre aux accusations de dissimulation d’agressions sexuelles, le cardinal Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago, a préféré garder le silence.

Une brève déclaration puis le silence

Ce haut dignitaire de l’Église chilienne, actuellement en pleine tourmente, est accusé d’avoir couvert les agissements du père Oscar Muñoz, son ancien bras droit, actuellement assigné à résidence. Ce prêtre est accusé d’avoir abusé d’au moins sept mineurs.

« Pour le moment, le cardinal (a choisi) de ne pas répondre jusqu’à ce que nous discutions avec le ministère public d’un non-lieu définitif », a expliqué son avocat Me Hugo Rivera. « Le cardinal est totalement innocent (…) il n’a jamais rien caché, ni détruit des preuves », a-t-il ajouté. Le site Internet de l’archevêché de Santiago a publié la brève déclaration que Mgr Ezzati a lue au début de son audition, où il se retranche derrière des arguments juridiques.

« Nous allons inculper quiconque (…) aura commis des crimes », a déclaré le procureur de Roncagua Emiliano Arias à la sortie de l’audience, sans donner davantage de précisions. « Il n’y a pas de chasse aux sorcières », a indiqué ce magistrat en charge de l’enquête sur les scandales d’abus sexuels qui éclaboussent l’Église du pays.

« Ce lâche de cardinal Ezzati est convoqué en tant que mis en cause et il décide de garder le silence pour ne pas se compromettre (…) Évêques criminels, un jour vous finirez en prison. Vous avez détruit tant de vies ! », a vivement réagi sur Twitter le journaliste Juan Carlos Cruz, lui-même victime d’abus sexuels.

L’Église chilienne au cœur du scandale

Ce nouvel épisode judiciaire intervient alors que l’Église catholique chilienne qui voit son image très profondément dégradée, est au cœur d’un scandale qui ne cesse de connaître de nouveaux épisodes. Vendredi 28 septembre, le Vatican avait annoncé que le pape François avait renvoyé de l’état clérical Fernando Karadima, ce prêtre du diocèse de Santiago dont la mise au jour des multiples abus a révélé la grave crise de l’Église chilienne. Cette sanction a été prise directement par le pape lui-même, en dehors de toute procédure administrative ou judiciaire.

En outre, François a récemment accepté la démission de deux nouveaux évêques chiliens, portant à sept le nombre des évêques à être démis de leurs fonctions dans le cadre du scandale d’abus sexuels.

La justice chilienne diligente actuellement plus d’une centaine d’enquêtes pour des faits d’agressions sexuelles commises ou dissimulées dans l’Église catholique. Elles viseraient plus de 150 personnes, dont sept évêques et près de 100 prêtres ainsi que des diacres, laïcs et religieux non-prêtres. Le nombre de victimes dans ces affaires s’élève, selon les derniers chiffres révélés à 178, dont 79 mineurs.