À Valparaiso, deuxième plus grande ville du Chili et port le plus important du pays, quelque 400 travailleurs portuaires non contractuels sont en grève depuis le 16 novembre. Certains terminaux du port sont entièrement à l'arrêt. Les travailleurs ont assez de n'avoir quasiment aucuns droits.Lorsqu'il n'y a pas de navires qui accostent aux docks, les travailleurs portuaires ne sont pas payés et il n'ont pas non plus de salaire minimum garanti. Ils n'ont également pas droit à d'importants droits sociaux comme le congé de naissance, l'ancienneté, des congés payés, le remboursement de formations, ...
GRÈVE DES DOCKERS À VALPARAISO |
Quelques carottes
Les travailleurs portuaires non contractuels exigent un règlement de compensation avec un salaire minimum garanti lorsque les shifts sont annulés, la mise sur pied d'un groupe de travail avec des membres de la direction et des travailleurs sur les mauvaise conditions de travail, ainsi que la garantie qu'il n'y aura pas de listes noires de travailleurs ayant participé aux actions – ce qui, au Chili, n'est absolument pas négligeable car le droit de grève n'est pas inscrit dans la législation.
Les négociations du 12 décembre ont tourné court. Les travailleurs portuaires se sont vu proposer un prêt de 400 000 pesos chiliens (quelque 500 euros) et un « bon cadeau » d'environ 195 euros. La garantie qu'il n'y aura pas de listes noires n'a pas été confirmée et le groupe de travail sur les mauvaises conditions de travail a été jugé inutile. Les travailleurs en grève n'ont pas voulu de ces quelques carottes et ont poursuivi les négociations.
Plus jamais seuls
La solidarité dans la ville portuaire est très grande. Le slogan du mouvement de protestation est d'ailleurs « nunca mas solos » (plus jamais seuls). Il y a eu une grande manifestation des familles des travailleurs portuaires. Le mouvement féministe et le mouvement de protestation contre les fonds pension privés ont rendu des visites de solidarité et distribué des colis alimentaires aux travailleurs en grève et à leur famille qui doivent s'en sortir sans le moindre salaire depuis bientôt un mois.
Le 9 décembre, une grève de solidarité de deux heures a eu lieu dans sept autres ports du Chili. Des habitants de Valparaiso organisent des moments où ils vont soutenir les grévistes et leur famille en leur apportant de la nourriture et des jouets. Noël est en effet tout proche et, sans salaire, les familles n'auront pas grand-chose pour le fêter.
Cette lutte pourrait bien n'être que le début d'une grande protestation sociale. En effet, dans la capitale Santiago a également eu lieu une manifestation devant le siège de l'entreprise qui dirige le terminal et qui appartient à la riche famille chilienne Von Appen. Les syndicats mais aussi d'autres organisations sociales et féministes y ont participé.