mercredi 27 février 2019

VÉNÉZUÉLA : DOMINIQUE DE VILLEPIN ESTIME QU'UNE INTERVENTION MILITAIRE SERAIT «CATASTROPHIQUE»


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DOMINIQUE DE VILLEPIN, À SAN PAOLO,
LE 13 SEPTEMBRE 2018
 (IMAGE D'ILLUSTRATION).
 PHOTO NELSON ALMEIDA
Sur France Inter, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin qui a longtemps vécu au Venezuela, a estimé que les caractéristiques locales n'était pas suffisamment prises en compte et qu'une intervention militaire provoquerait «un bain de sang».
«DOMINIQUE DE VILLEPIN: "LE PARI DE  DONALD TRUMP, SUIVI PAR LES EUROPÉENS» 
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«Je connais l’immense allergie du peuple vénézuélien vis-à-vis de toute interférence américaine, c'est vraiment le pays d'Amérique latine le plus marqué de ce point de vue-là», a déclaré le 25 février sur France Inter Dominique de Villepin, qui a lui-même longtemps vécu au Venezuela.

Selon l'ancien Premier ministre, une intervention militaire américaine serait «catastrophique». «[Nicolas Maduro] tient l’armée, une partie de la population et des groupes paramilitaires importants, les colectivos. Le risque d’un bain de sang est là», prévient Dominique de Villepin. Evoquant le fait que le président américain n'exclut aucune option au Venezuela, y compris militaire, l'ancien chef du gouvernement français a estimé : «Donald Trump joue avec les mots et joue avec le feu.»

Selon lui, Donald Trump, talonné par les Européens, a cru que le gouvernement de Nicolas Maduro «allait tomber comme un fruit mûr». Il a souligné que cela faisait pourtant un mois que le gouvernement résistait, alors que l'opposant Juan Guaido s'est auto-proclamé président par intérim, avant d'être reconnu par les Etats-Unis, et, plus tard, par plusieurs pays, dont la France.

«Nous avons fait le même pari sur la Syrie et des années plus tard, c’est Bachar el-Assad qui est toujours au pouvoir», a rappelé Dominique de Villepin pour qui une intervention militaire américaine au Venezuela serait «une grande erreur».

La France devrait faire la médiation

L'ancien Premier ministre a appelé de ses vœux que l’Europe et, au premier chef, la France soient les acteurs actifs d'une médiation pacifique.

«Nous devons éviter la logique de confrontation, comme on l’a vu [le 23 février] à la frontière entre la Colombie et le Venezuela à Cucuta avec des morts et des [...] blessés», a-t-il plaidé. 

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a accusé Washington d'essayer de créer ex nihilo une crise visant à entrer en conflit avec le pays sud-américain, dans une interview avec la chaîne américaine ABC diffusée le 25 février. «Ils essayent de monter de toutes pièces une crise afin de justifier l'escalade politique et une intervention militaire au Venezuela pour entraîner une guerre en Amérique du Sud», a déclaré le successeur d'Hugo Chavez.

Réuni à Bogota le même jour avec la présence notable du vice-président américain Mike Pence et de l'opposant vénézuélien Juan Guaido, le Groupe de Lima, composé de pays hostiles à Nicolas Maduro, a appelé à une transition démocratique dans le pays tout en écartant l'usage de la force envisagé par Washington.