Quinze pays de l’UE, dont la France, ont reconnu hier Juan Guaido comme président par intérim, apportant ainsi leur pierre à la déstabilisation du pays de Chavez, comme le veulent les États-Unis et l’extrême droite sud-américaine.
RASSEMBLEMENT ANTI-MADURO LE 2 FÉVRIER 2019 À CARACAS. PHOTO RODRIGO ABD |
La France considère que le président du Parlement vénézuélien, Juan Guaido, « a la légitimité pour organiser des élections » présidentielles, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Paradoxalement, il préfère au président actuel le président du Parlement Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président du pays. Au total, quinze pays de l’Union européenne ont choisi de reconnaître – comme l’ont fait les États-Unis – Guaido comme président du pays. Si on récapitule, Nicolas Maduro, pourtant élu en mai 2018, mais n’étant pas du goût de certains pays, devrait être remplacé par un homme que les Vénézuéliens eux-mêmes n’ont pas choisi.
Aucun pays ne pourrait accepter un tel diktat
L’attitude de la France est assez révélatrice. Après l’oukase de Trump, mais soucieux de ne pas apparaître comme trop « suiviste », le Quai d’Orsay, et donc, in fine, l’Élysée, s’est d’abord voulu conciliateur, exigeant la tenue d’une nouvelle élection présidentielle, sans quoi Guaido serait reconnu comme représentant de l’État du Venezuela. Quel pays pourrait accepter un tel diktat ? Aucun. L’Histoire est truffée de telles séquences qui masquent en réalité une volonté d’en finir avec des pays qui ne suivent pas l’ordre impérial. Salvador Allende, au Chili, en 1973, avait ainsi été éliminé. Cette fois, on ne parle que d’élections et d’institutions. Jamais d’orientations politiques et économiques au service du peuple qui ne conviennent pas aux intérêts capitalistes. On se souvient qu’en 2002, déjà, le président Hugo Chavez avait dû affronter un coup d’État dont il était sorti vainqueur. Cette fois, les conditions économiques ont été réunies pour faire monter la colère d’une partie du peuple vénézuélien. Sur l’import, sur l’export, sur le pétrole comme sur tous les biens de première nécessité, oubliées les responsabilités de la bourgeoisie comprador, toujours en place. Oubliées les manipulations sur les marchés pétroliers et les pressions sur les pays producteurs pour tuer l’économie vénézuélienne.
Le gouvernement vénézuélien, dans certains de ces choix, n’est évidemment pas exempt d’erreurs et de reproches. Mais pourquoi, alors, refuser la proposition de Nicolas Maduro d’organiser rapidement de nouvelles élections législatives ? Comme si la question de la présidence était la seule pertinente et sa résolution seule à même de régler tous les problèmes.
Dans le fond, les principaux pays de l’Union européenne, France et Allemagne en tête, qui s’alignent sur Washington, marquent leur positionnement. Ils sont également aux côtés du Brésil de l’extrême droite, celle de Bolsonaro, qui, lui aussi, veut en finir avec Maduro, le régime chaviste, comme il veut en finir avec les paysans sans-terre, les homosexuels, les Indiens et tout ce qui est progressiste.
« Nous n’avons pas été et ne serons pas un pays de mendiants ! » a rétorqué Nicolas Maduro, qui n’a reçu qu’un refus de toute concertation de la part de l’opposition vénézuélienne. En revanche, « il y a en a certains qui se sentent mendiants de l’impérialisme et vendent leur patrie pour 20 millions de dollars », a-t-il affirmé en référence au montant de l’aide humanitaire promise par les États-Unis à Juan Guaido, mais qui ne peut pas être acheminée sans l’accord des autorités vénézuéliennes. La Russie, la Bolivie, Cuba, le Mexique notamment s’opposent à ce qui n’est maintenant rien d’autre qu’un coup d’État. « Pourquoi faut-il que l’Union européenne dise à un pays du monde qui a déjà organisé des élections qu’il doit refaire son élection présidentielle, parce que ce ne sont pas ses alliés de droite qui l’ont gagnée ? » s’est interrogé le président vénézuélien.
« VICENTE DE EMPARAM » |
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