mardi 26 février 2019

AMÉRIQUE. LES ÉTATS-UNIS CONTRE-ATTAQUENT AU VÉNÉZUÉLA


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L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE
Le vice-président états-unien a participé au sommet du groupe de Lima, réuni hier à Bogota. Cette instance est l’une des courroies de transmission de Washington, qui multiplie les pressions pour renverser le président légitime Nicolas Maduro.
L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE
 LES ÉTATS-UNIS CONTRE-ATTAQUENT 

AU VENEZUELA
Cathy Dos Santos
L’empire contre-attaque. Après l’échec de l’opération « aide humanitaire », ­samedi, à la frontière colombo-vénézuélienne, les États-Unis sont revenus à la charge, hier, à Bogota, à l’occasion de la réunion du groupe de Lima (GdL, Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou). Le vice-président américain Mike Pence a ainsi participé à ce sommet alors que les États-Unis ne sont pas membres de cette instance. L’opposition vénézuélienne s’est, quant à elle, arrogé le droit d’y faire son entrée, au mépris des règles internationales. L’ONU et le Conseil de sécurité considèrent que Nicolas Maduro est le seul président légitime du Venezuela. « Pour vous, président Guaido, un message très simple du président Trump : nous sommes avec vous à 100 % », a assuré le dirigeant américain lors d’une rencontre avec l’autoproclamé Juan Guaido, qui n’est autre que la marionnette de Washington pour renverser Nicolas Maduro.

Matraquage médiatique pour façonner l’opinion publique

ILLUSTRATION  IVAN LIRA
Sous pression de la première puissance mondiale, la déclaration finale envisage de mettre au ban le gouvernement bolivarien, la Colombie plaidant pour « un encerclement plus fort, plus efficace (qui) permette de construire rapidement cette transition que réclame le peuple du Venezuela ». Les États signataires pourraient appeler à « la ­reconstruction du pays » et à la tenue d’une « conférence internationale », en présence du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Toujours selon les souhaits de Washington, il ne serait plus fait mention d’« une transition pacifique sans le recours à la force », a informé, il y a deux jours, le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez. Preuve, s’il en fallait encore une, que la prétendue aide humanitaire n’est qu’un cheval de Troie.

« LE GROUPE DE LIMA EST INTÉGRÉ PAR
L'ONCLE SAM ET SES PETITS-NEVEUX »
ILLUSTRATION  IVAN LIRA
« Avec le président Guaido, nous allons exiger une escalade dans la pression diplomatique et l’usage de la force contre la dictature de Nicolas Maduro », a assuré Julio Borges, député de l’opposition et coordinateur de Primero Justicia (ultra-droite). Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, l’ancien président de l’Assemblée nationale martèle que « la transition a déjà commencé au Venezuela ». « Nous fermons le cycle, le seul qui ne se rend pas compte qu’il est un président déchu, c’est Maduro (...) Ce qu’il nous faut, c’est achever cette phase finale », affirme-t-il. Ce clip de propagande est à l’image de l’actuelle campagne de dés­information, du matraquage médiatique et psychologique pour façonner l’opinion publique. Elle est encouragée par les principaux dirigeants états-uniens dont Marco Rubio, le sénateur républicain et anti-castriste de la Floride. Ce dernier est allé jusqu’à publier sur Twitter deux images de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, où on le voit tout sourires puis ensanglanté, après avoir été lynché par la foule à la suite de l’intervention étrangère de 2011.

L’allusion au sort que ses adversaires réserveraient à Nicolas Maduro a suscité de vives réactions sur ce réseau social, tout comme les déclarations bellicistes de Juan Guaido qui ne jouit pourtant du soutien que d’une cinquantaine d’États. La porte-parole européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Maja Kocijancic, a rappelé que « la position de l’Union européenne dans ce contexte est très claire : il faut éviter une intervention militaire ». Jusqu’à présent, Bruxelles et Paris ont fait le choix d’un alignement sur la politique étrangère des États-Unis. « La vocation de la France, là où elle peut apporter, ce n’est pas en suivant les Américains, c’est en exerçant sa capacité de médiation (...) avec des pays comme Cuba (qui a accueilli et accompagné les pourparlers de paix entre la guérilla des Farc et le gouvernement colombien – NDLR) le Mexique, Saint-Domingue », a rappelé hier sur France Inter l’ancien premier ministre et diplomate Dominique de Villepin pour qui une intervention militaire serait «catastrophique ». La Havane a appelé à des rassemblements en faveur de la paix et La Paz, à «rechercher une solution par le dialogue pour empêcher que la guerre n’entraîne la destruction de notre Amérique latine ».
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HIER, À BOGOTA (COLOMBIE). POIGNÉE DE MAIN
ENTRE JUAN GUAIDO (À GAUCHE) ET LE
VICE-PRÉSIDENT AMÉRICAIN MIKE PENCE,
QUI S’EST INVITÉ À LA RÉUNION DE LIMA
PHOTO LUISA GONZALEZ/REUTERS