jeudi 6 février 2020

VÉNÉZUÉLA: L'OPPOSANT GUAIDO RENCONTRE TRUMP, UNE VISITE SURTOUT SYMBOLIQUE


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DESSIN ENEKO LAS HERAS
L’opposant vénézuélien Juan Guaido a été reçu ce mercredi à la Maison Blanche par Donald Trump. Il était l’un des invités spéciaux du président américain pour le discours sur l’état de l’Union, ce mardi. Pour celui qui se revendique président par intérim du Venezuela, cet accueil témoigne du succès de sa tournée internationale entamée il y a trois semaines. Mais pour Juan Guaido, le plus dur reste à faire.
DESSIN ENEKO LAS HERAS
Symobliquement, cette tournée internationale est un grand succès. Juan Guaido a montré qu’il avait toujours le soutien indéfectible de la cinquantaine de pays qui l’a reconnu comme président par intérim en 2019. Il a rencontré plusieurs chefs d’États, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Justin Trudeau. Il s’est exprimé au forum économique mondial de Davos le mois dernier, et partout il a été accueilli en véritable président du Vénézuéla.

Pendant un moment, on a cru qu’il ne rencontrerait pas Donald Trump. Certains y voyaient un grand désaveu de la part des États-Unis. Finalement, non seulement il l’a rencontré, mais il a reçu une ovation unanime du Congrès américain lors du discours sur l’état de l’Union. Ces symboles le confortent largement dans sa position d’opposant numéro un au président Nicolas Maduro.

Un changement pour le Venezuela ?


CAPTURÉ D'ÉCRAN 
Mais que va changer cette visite pour le Venezuela ? C’est là que le bât blesse. En entamant cette tournée, Juan Guaido a promis qu’il ramènerait de « bonnes nouvelles » au Vénézuéla, mais il n’a rien obtenu de concret. À part multiplier les sanctions contre le gouvernement vénézuélien, une promesse des États-Unis.

Les alliés internationaux de Juan Guaido n’ont pas grand-chose de plus à offrir pour augmenter la pression. D’autant que les sanctions se multiplient depuis plus d'un an et Nicolas Maduro est toujours là, plus que jamais accroché au pouvoir. Paradoxalement, les Vénézuéliens sont les grandes victimes de ces sanctions.

Dans son allocution à Davos, Juan Guaido a eu beau promettre que le Venezuela n’est pas un problème insoluble, mais aucune solution ne semble se dessiner. L’opposant s’est d’ailleurs tiré une balle dans le pied dans ce même discours en comparant son pays à la Syrie et au Yémen, deux pays dont la crise est clairement insoluble aux yeux des Occidentaux.

Juan Guaido peine à mobiliser


L'opposant vénézuélien doit déjà rentrer dans son pays, ce qui devrait arriver sous peu. Certains craignent qu’il soit arrêté parce qu’il a dû braver une interdiction de sortie du territoire, mais c’est peu probable. Les États-Unis ont été clairs : une arrestation de l’opposant aurait de lourdes conséquences.

Ensuite, Juan Guaido devrait reprendre la même stratégie qu’il utilise depuis un an. Il va demander aux Vénézuéliens de sortir dans la rue. Et a déjà annoncé qu’une grande manifestation aurait lieu à Caracas bientôt. Le problème est que tous ses appels à manifester au cours des dernières semaines sont restés lettres mortes.

Les Vénézuéliens n’y croient plus. Ils sont trop occupés affronter la crise économique. Et pas sûr qu’une rencontre symbolique avec Donald Trump suffit à les remotiver. Un paradoxe puisqu'à Madrid et à Miami, Juan Guaido a mobilisé des milliers de Vénézuéliens de la diaspora. D’une certaine manière, là où Juan Guaido porte le mieux son costume de président par intérim du Vénézuéla, c’est quand il n’est pas au Vénézuéla.


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