mardi 31 août 2010

Mapuches et mineurs chiliens : 2 poids, 2 mesures ?

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« Résistance Mapuche », pochoir sur un mur de Santiago du Chili.
Abrogation de la loi antiterroriste héritée de Pinochet, fin des doubles procès menés par de tribunaux civils et militaires, suppression de l’utilisation de témoins masqués ne donnant aucune garantie d’impartialité, démilitarisation du territoire mapuche et fin aux détentions préventives qui les maintiennent en prison pendant des mois, voire parfois des années.
Telle sont les revendications qui ont poussé 32 prisonniers politiques mapuches à entamer le 12 juillet dernier une grève de la faim destinée à mieux se faire entendre aussi bien des autorités que de l’opinion publique.
Peine perdue. Leurs revendications n’attirent guère l’attention des médias chiliens et il y en a qui en viennent à pointer du doigt les grandes manoeuvres médiatiques qui entourent le drame des mineurs ensevelis dans le nord du pays, comme si elles étaient le fruit d’une "main noire" qui chercherait à profiter de leur disgrâce pour mieux faire oublier la situation des indiens mapuches.
Une telle discrimination parle-t-elle juste d’une (mauvaise) "volonté politique" où d’une indifférence généralisée de la société chilienne à l’égard des discriminations que subissent encore les populations indiennes ? A la veille du Bicentenaire de l’indépendance république chilienne, la question reste entièrement posée.
En France
Dans un communiqué, l’Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens En France (AEXPPCH), vient de dénoncer le "silence complice des médias que l’Ordre des Journalistes chiliens a condamné récemment".
Ils rappellent par ailleurs que "96 Mapuches sont actuellement en prison accusés d’actions « terroristes », alors qu’ils ne font que lutter pour la récupération de leurs territoires ancestraux, le respect de leur culture et la conservation de leur écosystème afin d’éviter le saccage des forêts, la pollution des lacs et des rivières, etc".
Finalement ils accusent "le nouveau gouvernement issu de la droite pinochétiste, (qui) aggrave la politique néolibérale héritée de la dictature, héritage que les gouvernements de la Concertation n’ont jamais fondamentalement modifié".
La Francolatina

Des Indiens Mapuche en grève de la faim depuis cinquante jours

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Marche de soutien aux 32 Prisonniers Politiques Mapuche en grève de la faim au Chili. Photo Matías Valenzuela chez Flickr, prise le 2 août 2010.
Tous ces grévistes de la faim se trouvent en détention. Parmi eux, certains ont entamé ce mouvement de protestation depuis cinquante jours et leur état de santé suscite de vives inquiétudes. La justice a autorisé l'administration pénitentiaire, à titre préventif, à les alimenter de force.

La Nasa et les mineurs chiliens

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De nouvelles images des mineurs 30-08-2010. Photo Reuters
"La Nasa a une longue expérience de l'isolement, particulièrement dans la Station spatiale internationale (ISS)", a-t-il dit dans une interview dont des extraits ont été diffusés ce week-end par la télévision de l'Agence spatiale américaine.
"L'environnement est différent mais la réponse humaine est exactement la même", a expliqué le Dr Duncan, chef médecin adjoint à la direction des Sciences de la vie dans l'espace de la Nasa au centre spatial Johnson à Houston (Texas, sud).
"Nous pensons de ce fait que certaines des choses que nous avons apprises dans nos recherches et activités peuvent être adaptées aux mineurs bloqués", a-t-il ajouté.
Le Dr Duncan a indiqué qu'il serait accompagné d'un psychologue, d'un autre médecin et d'un ingénieur. L'équipe doit se rendre au Chili en début de semaine, a-t-il dit, sans préciser de date.
Il a souligné que "les Chiliens étaient très bien organisés et qu'ils avaient les ressource nécessaires", ajoutant que les "mineurs avaient aussi fait beaucoup pour s'aider en s'organisant pour pouvoir survivre aussi longtemps".
Les ingénieurs pensent qu'il faudra de trois à quatre mois pour percer un tunnel permettant de les faire sortir un par un. Les travaux devaient commencer lundi. Les mineurs sont piégés à 700 mètres sous terre depuis un éboulement survenu le 5 août dans un mine de cuivre et d'or.

dimanche 29 août 2010

LA CENTRALE THERMIQUE DE LA DISCORDE

La réalisation de cette centrale d'une capacité de 540 mégawatts a été confiée au consortium franco-belge Suez Energy ; sa mise en service est prévue pour 2012. Mais de nombreuses associations de protection de l'environnement s'opposent à ce projet. "Cette centrale sera construite dans la zone où se trouve la principale réserve marine du pays [à Punta de Choros], dans laquelle vivent notamment 85 % des manchots de Humboldt que compte la planète", explique le quotidien chilien La Nación. Une vingtaine de kilomètres seulement sépareront la réserve de cette centrale. Les opposants ont appelé à une forte mobilisation au cours des prochaines semaines.

samedi 28 août 2010

MASSACRE DE TRELEW

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LES ASSASINS, DE GAUCHE À DROITE LE CAPITAINE DE CORVETTE
LUIS EMILIO SOSA, LE CAPORAL CARLOS AMADEO MARANDINO,
LE CAPITAINE DE FRÉGATE EMILIO DEL REAL

Ce 22 août 1972 ont été fusillés 19 prisonniers politiques à la Base Aéronavale Almirante Zar de Trelew, 16 sont morts, 3 ont survécu et ont pu raconter les faits au cours d’une entrevue réalisée dans la prison de Villa Devoto, par le écrivant Paco Urondo. A peine quelques années après eux aussi seraient tués ou disparues, comme si on cherchait à faire oublier l’histoire.

Mais il n’en a pas été ainsi ; année après année, sous diverses formes, mais toujours avec la même fermeté, tous ceux qui refusent l’empire de la mort, du silence et de l’oubli, nous revenons alimenter le feu vivant de la Mémoire.

A 38 ans de cette exécution qui a été incorporée dans l’inconscient collectif comme “Le Massacre de Trelew”, rendons hommage aux militants politiques qui ont donné leur vies pour construire une patrie Socialiste, pour cela nous disons que nous ne les oublierons jamais, ils sont restés gravés dans notre Histoire pour toujours. Aujourd’hui, une partie des responsables directes et indirectes de la Massacre sont en prison en attente d’y être jugés.

Assassinés:

Carlos ASTUDILLO, Rubén Pedro BONET, Eduardo CAPELLO, Mario DELFINO, Alberto Carlos DEL REY, Alfredo KOHON, Clarisa LEA PLACE, Susana LESGART, José MENA, Miguel Ángel POLTI, Mariano PUJADAS, María Angélica SABELLI, Humberto SUAREZ, Humberto TOSCHI, Jorge ULLA, Ana María VILLARREAL DE SANTUCHO.

Survivants :

María Antonia BERGER : assassinée en 1979, son corps était en l’ESMA (école supérieure de mécanique de la Marine) avant de disparaître. Alberto Miguel CAMPS: assassiné le 16/08/79. Ricardo René HAIDAR : enlevé le 18/12/82 amené à l’ESMA et disparu.

Présents pour toujours !
HONNEUR AUX HÉROS DE TRELEW !
« Collectif Argentin pour la Mémoire »

La survie s'organise au fond de la mine

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Des travailleurs des équipes de secours. Photo ASSOCIATED PRESS

"Nous avons pu leur dire qu'ils ne pourraient sans doute pas être remontés avant la fête nationale du 18 septembre mais que nous espérions passer Noël avec eux", a déclaré le ministre de la Santé chilien, Jaime Mañalich. Les 33 mineurs enfermés dans la mine de San José, dans le nord du Chili ne sont pas au bout de leurs peines. Et après l'euphorie des premiers contacts viendra sans doute une période d'abattement. Dans le campement Esperanza, en surface, les plus optimistes envisageaient un sauvetage pour la fin novembre. Mais en attendant, toutes les sources d'inquiétude risquant d'altérer la situation des hommes doivent être prises en compte. A 7 h 45, un tremblement de terre de 5 sur l'échelle de Richter a suscité quelques appréhensions. "Les mineurs ont l'habitude. Ils savent que la terre tremble dans cette zone. Nous vérifions que le grand bloc de 700 0000 tonnes [qui bouche la sortie de la mine] s'est consolidé, a expliqué l'ingénieur Miguel Fort, spécialiste minier chargé des travaux de sauvetage. L'effet de la secousse, au lieu de déséquilibrer la roche, l'a "resserré" et évité d'autres éboulements.
La mine - comme les alentours - se trouve dans la faille d'Atacama, toujours menaçante. Le 26 août, un réseau de sept moniteurs équipés de GPS a été installé pour pouvoir prévoir toute secousse sismique de grande ampleur. Car dans le sol sableux et rocailleux de la mine San José, l'activité sismique ne s'arrête jamais. La veille, une sonde a établi un deuxième conduit de 4 cm de diamètre qui a permis d'envoyer le soir même de l'oxygène et un appareil pour communiquer. Par le premier conduit, les secouristes avaient déjà fait parvenir aux victimes, sept "colombes", des capsules en PVC et bois qui contiennent trois compartiments transportant de la nourriture et des cartes à jouer. Dans l'idéal, il faudrait qu'une douzaine de colombes fassent l'aller-retour tous les jours jusqu'au sauvetage. Mais chacune d'entre elles met plus d'une heure à faire le trajet de la surface jusqu'au boyau où les hommes ont trouvé refuge, à 688 mètres sous terre, et où ils survivent depuis le 5 août.
"La priorité aujourd'hui c'est également d'assurer leur santé physique", rappelle Kristian Jahn, un des coordinateurs de l'opération de sauvetage.
Pour prévenir la phase de dépression et d'angoisse, le ministre de la Santé a pour sa part proposé d'envoyer des antidépresseurs afin d'aider les mineurs à tenir le coup. "L'aspect médical est vital et nécessite de mettre en place des routines. Une équipe de psychologues, un psychiatre spécialisé dans les situations de crise et des experts sont consultés en permanence pour aider les mineurs à supporter cette épreuve", ajoute-t-il. A cette équipe pluridisciplinaire est venue s'ajouter une division de l'armée, spécialisée dans les sous-marins. Une téléconférence avec des experts de la NASA a même été organisée. La préoccupation essentielle est liée au manque d'espace - le refuge fait 40 mètres carrés. Comment maintenir les ouvriers en bonne condition physique et mentale dans ces conditions ?
"L'incertitude est une source de stress très importante. Nous pouvons réduire ce stress en les maintenant informés de la situation. Par exemple, ils savent déjà que le sauvetage n'aura pas lieu avant fin novembre. Nous allons également les faire participer au processus de sauvetage et ils vont devoir effectuer de petits travaux de nettoyage", note Kristian Jahn. Autre source de stress : le temps. C'est pourquoi l'équipe de sauvetage compte transmettre aux mineurs des emplois du temps. L'objectif est de créer une routine et pouvoir ainsi récupérer un cycle plus proche du jour et de la nuit. L'obscurité permanente est également une source de stress intense. Nous allons donc leur envoyer des lampes et leur donner des horaires pour le repos et les activités physiques." Pour l'instant, il leur faut récupérer sur le plan nutritionnel. Les hommes ont faim et demandent de la bière. Mais, après tant de jours passés sans manger, ils ne peuvent absorber que de petites quantités de nourriture bien spécifique.
Depuis que le contact a été établi, ils ont reçu par le biais des fameuses colombes, des soupes nutritives, des suppléments vitaminés et de l'eau avec du glucose. Enfermés depuis vingt jours dans ce petit espace où la température est de 27 °C en moyenne et où la poussière et l'humidité atteignent des niveaux très importants, les mineurs risquent de voir leur santé des mineurs se dégrader.
L'une des premières colombes contenait ainsi des bandeaux pour les yeux contre les irritations oculaires liées à la poussière. Ceux qui souffrent de maladies chroniques ont également reçu des médicaments. La deuxième étape commencera le 28 août. Leur espace - ils disposent d'une galerie en plus du refuge - va être divisé en trois.
Le premier sera réservé à l'entraînement physique afin d'éviter l'atrophie des muscles engendrée par la vie dans un espace exigu. Ils devront également faire des exercices spécifiques pour être en forme le jour du sauvetage. Et ils feront même du yoga, explique l'une des personnes responsables de leur condition physique. Le second sera consacré aux repas qui seront frugaux pour éviter l'accumulation de matières fécales, et le dernier sera réservé aux ordures. L'essentiel est de maintenir de bonnes conditions d'hygiène afin d'éviter les infections le plus longtemps possible.

Les mineurs, les mapuches et les médias !

En revanche, les médias chiliens passent sous silence absolu la grève de la faim, menée depuis le 12 juillet par 32 prisonniers politiques mapuches (principal peuple originaire) pour protester contre de graves violations des droits de l'homme commises à leur encontre. Silence complice des médias que l'Ordre des Journalistes chiliens a condamné récemment.
Les grévistes exigent l'abrogation de la loi antiterroriste héritée de Pinochet, la fin des doubles procès par de tribunaux civils et militaires, la suppression de l'utilisation de témoins masqués ne donnant aucune garantie d'impartialité, la démilitarisation du territoire mapuche, et enfin, de mettre terme aux détentions préventives qui les maintiennent en prison pendant des mois, voire parfois des années.
Actuellement 96 Mapuches sont en prison, accusés d'actions «terroristes», alors qu'ils ne font que lutter pour la récupération de leurs territoires ancestraux, le respect de leur culture et la conservation de leur écosystème afin d'éviter le saccage des forêts, la pollution des lacs et des rivières, etc.
Le nouveau gouvernement issu de la droite pinochétiste, aggrave la politique néolibérale héritée de la dictature, héritage que les gouvernements de la Concertation n'ont jamais fondamentalement modifié.
Nous dénonçons cette réalité et appelons l'opinion publique internationale à se mobiliser activement face à la dramatique situation de ces prisonniers politiques mapuche.
COMMUNIQUE Association d'Ex Prisonniers Politiques Chiliens (France) Paris, samedi 28 août 2010
[1] L’effondrement de la mine San José, scénario du drame, était prévisible. Des accidents graves survenus avaient motivé en 2004 un recours interposé par le syndicat, qui fut rejeté par la cour d’appel.

Chili : le forage du puits de secours commencera "dimanche ou lundi"

"Cinq des mineurs sont isolés, ne s'alimentent pas bien, et ne veulent pas apparaître sur la vidéo", a déclaré vendredi 27 août à la presse le ministre de la santé, Jaime Manalich, après une "enquête de nature psychologique" réalisée auprès des hommes du fond. "Dépression est le mot qui convient", a-t-il dit, ajoutant que ces cinq hommes devaient avoir dans les heures à venir un entretien à distance avec un psychiatre.
M. Manalich a en revanche rapporté un "progrès significatif" de l'état général des mineurs. "On a réussi à les hydrater, ils ne se plaignent pas de la soif, leurs urines sont normales, et les diarrhées qui étaient apparues à cause de l'eau qu'ils buvaient en bas se sont arrêtées". En surface, les secouristes installaient le puissant excavateur de 30 tonnes de conception australienne, qui doit forer, à un angle quasi vertical, un conduit de 700 mètres de long et 66 centimètres de large, par lequel les mineurs seront extraits l'un après l'autre.
Ces opérations prendront trois à quatre mois, délai dont les mineurs sont conscients, a assuré Andres Sougarret, l'ingénieur coordonnant les travaux. M. Manalich avait auparavant dit aux victimes espérer les sortir "avant Noël". "Nous avons fini [d'installer] la plate-forme [de béton] où la machine sera installée (...). Nous espérons commencer à forer dimanche ou lundi", a déclaré à la presse M. Sougarret, sur le site de San José, à 800 kilomètres au nord de Santiago.

32 Mapuches font la grève de la faim

Veillée de soutiens aux prisonniers mapuche grévistes au Chili. Photo todosnuestrosmuertos chez Flickr
«Comme maman, je suis extrêmement préoccupée», explique Gladys Huenuman, dont le fils fait partie des grévistes de la faim de la prison de Lebu, petite ville à 650 km au sud de Santiago. «Mais comme porte-parole des grévistes, je soutiens leur lutte! Ils iront jusqu'au bout s'il le faut!»
Après 45 jours de grève de la faim, les 32 autochtones mapuches en détention provisoire ont perdu en moyenne 12 kilos. «Ils souffrent de crampes, de vomissements, d'évanouissements, de pertes d'équilibre», explique Eric Millan, pour sa part porte-parole des Mapuches de la ville de Concepcion, la deuxième ville du pays.
Une situation critique dont pratiquement personne ne parle au Chili. Les grévistes ne réclament pourtant pas leur libération, mais bien une justice impartiale.
«Lamentablement, ce pays qui parle d'égalité ment, insiste Gladys, qui a vu son fils arrêté par les forces spéciales de police il y a 14 mois. Il existe une persécution politique et raciste de la justice chilienne à l'égard des Mapuches, afin de mettre derrière les barreaux les dirigeants de notre peuple.»
Réprimés par l'État
Les Mapuches sont un peuple préhispanique du sud du Chili, qui vit de la terre. Ils comptent pour environ 10% de la population chilienne, ce qui en fait la première minorité autochtone du pays. La plupart d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.
Une minorité a choisi de récupérer ses terres ancestrales par la force. Un mouvement violemment «réprimé» et «criminalisé» par l'État. Des mots qui réapparaissent systématiquement dans les rapports de la Commission des droits de l'homme de l'ONU.
«Si les Mapuches en arrivent à cet extrême, souligne Fernando Lira, président de l'association de défense des droits de l'homme Liberar, c'est parce que toutes les autres portes se sont fermées.»
«Deux lois sont appliquées contre eux: la loi antiterroriste et la double peine. Deux lois qu'ils demandent à être révoquées», ajoute cet ancien prisonnier, torturé sous la dictature d'Augusto Pinochet.
Née sous la dictature, la loi antiterroriste empêche la défense de connaître les détails de l'instruction et l'identité des témoins de l'accusation. La détention provisoire dure maximum six mois au Chili. Avec cette loi, elle dure deux ans.
Silence gouvernemental
«L'application de cette loi, souligne Jorge Huenchullan, porte-parole des grévistes de la ville de Temuco, est disproportionnée. Nous n'avons jamais commis d'assassinats!» Trois Mapuches sont morts, en revanche, tués par des policiers, depuis le début du conflit territorial qui a commencé à la fin des années 90.
La double peine est également dénoncée par les ONG internationales de défense des droits humains.
«La plupart des Mapuches sont jugés deux fois, par la justice militaire et par la justice civile, explique Fernando Lira. Si un Mapuche est déclaré coupable par la justice militaire, il est possible d'ajouter à cette peine la peine prononcée par la justice civile.»
Les autorités chiliennes ont récemment demandé à la justice de pouvoir nourrir de force les grévistes. Une demande rejetée mardi. Elles auront le droit de les obliger à être hospitalisés, mais seulement si leur état est extrêmement grave.
Le président Sebastian Piñera est souvent critiqué par ses détracteurs pour son incontinence verbale et son omniprésence médiatique. Mais dans ce dossier, jusqu'ici, ni lui ni son gouvernement n'ont fait de déclaration.

vendredi 27 août 2010

GDF Suez va déplacer une centrale

Des manifestations ont eu lieu dans la capitale, Santiago, après le feu vert de la commission de l'environnement de la région de Coquimbo à la construction de cette centrale d'une capacité de 540 mégawatts, un projet estimé à environ 865 millions d'euros.

Le changement d'implantation du projet pourrait retarder celui-ci. GDF Suez n'a fait aucun commentaire sur ce point.
La réserve naturelle concernée abrite entre autres des pingouins de Humboldt et de petites loutres appelées "chungungos", et ses rivages sont régulièrement fréquentés par des dauphins et des baleines.
(Bureau de Santiago, Marc Angrand pour le service français)

jeudi 26 août 2010

Chili : un énorme business

Il semble qu’à San José, considéré comme une petite structure, le site se soit fracturé en raison du manque de fortifications, la communication y était absente. En 2007, les travailleurs de la compagnie et les syndicats avaient déposé une plainte après la mort d’un mineur 
(et celle de deux autres sur un second site) et demandé la fermeture de la mine. « Une situation à hauts risques » depuis 2003, a affirmé le secrétaire du syndicat de la compagnie, Javier Castillo.
Dernier avatar de ce business effréné, les propriétaires de la mine « doutent » désormais de pouvoir payer les 33 mineurs et pourraient même se déclarer en faillite, tout en rejetant toute part de responsabilité dans l’accident...

mercredi 25 août 2010

Chili / mineurs: le forage se prépare

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Le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, Président de la République, contemple l'image de l'un des mineurs attrapés dans la mine de San Jose, à 800 km au nord de Santiago, dimanche 22 août 2010. Photo EFE
"Nous espérons que tout le Chili va faire l'effort nécessaire pour qu'on puisse nous sortir de cet enfer", a déclaré Luis Urzua, chef de tour des hommes piégés, dans un dialogue d'un quart d'heure avec le chef de l'Etat, par radio-téléphone installé au Palais présidentiel à Santiago.
"Monsieur le président, nous avons besoin que vous soyez forts, qu'on nous porte secours au plus vite, et qu'on ne nous abandonne pas", a poursuivi le mineur, d'une voix calme et résolue, dans l'échange dont la télévision publique TVN a retransmis des extraits. Il a réaffirmé que les 33 "vont bien".
Selon les prédictions des secouristes, il faudra trois à quatre mois pour extraire les mineurs bloqués à 700 m sous terre depuis un éboulement le 5 août dans la mine de cuivre et d'or de San Jose, dans le nord chilien.
Mais la durée anticipée des secours "ne leur a pas encore été communiquée", a rappelé le ministre de la Santé Jaime Manalich. "Mais d'après nos échanges, nous sommes certains que ces mineurs comprennent que la tâche va être longue".
Le chef de l'Etat a reaffirmé à la presse qu'ils "ne seront probablement pas avec nous à la surface pour le Bicentenaire (de l'indépendance du Chili célébré le 18 septembre) mais ils seront avec nous pour Noël et le Nouvel An".
Le Chili a fait appel à l'expertise de la Nasa pour son "expérience de l'espace", afin qu'elle aide à la survie des mineurs. Leur situation "est comparable à celle des astronautes qui restent des mois dans des stations spatiales", selon Manalich.
La Nasa s'est dite "prête à fournir l'assistance requise".
Aux abords de la mine, l'installation du puissant excavateur australien, le Strata 950, a commencé, avec le coulage de son support de béton. L'engin devra percer un tunnel de 66 cm de large, par lequel les mineurs seront extraits un à un.
Le forage devrait commencer "d'ici le week-end", a déclaré Andres Sougarret, ingénieur coordonnant les travaux.

lundi 23 août 2010

Chili: manifestations de joie à l'annonce des mineurs en vie

Dans la capitale quelque centaines de personnes brandissant des drapeaux du Chili se sont retrouvées sur la Plaza Italia, la grande place du centre-ville où se célèbrent traditionnellement les succès sportifs, comme ceux de la sélection nationale, la Roja, lors de la dernière Coupe du Monde de football.
Des automobilistes qui passaient klaxonnaient copieusement, formant un arrière-fond sonore audible à travers la capitale. Des concerts d'avertisseurs résonnaient également dans les principales villes du pays, Valparaiso sur la côte, Concepcion au sud ou Iquique au nord.
Aux abords de la mine San José, quelques heures après l'annonce que le contact avait été établi avec les mineurs en vie, une messe d'action de grâce était célébrée en présence des familles des mineurs.
L'annonce que les mineurs étaient en vie a également agité les réseaux sociaux en ligne, avec de multiples réactions de joie, partagées par des célébrités chiliennes ou étrangères.
Ainsi, l'international chilien de football Arturo Vidal parle d'un «merveilleux cadeau», et depuis l'Allemagne, où il joue, dit qu'il «aimerait être au Chili» ce dimanche. «Olé, félicitations (aux sauveteurs), et merci à Dieu», écrit le chanteur espagnol Alejandro Sanz dans un message Twitter.

samedi 21 août 2010

Chili : les indiens mapuches sont vus « comme des sauvages »

Bien qu'elle ait été quelque peu modifiée dans son contenu, cette loi s'applique aujourd'hui aux Mapuches en conflit, sur leurs terres, avec des entreprises multinationales forestières, papetières et hydroélectriques qui détruisent sans vergogne l'écosystème dans lequel ils vivent depuis des siècles.
Une centaine de Mapuches se trouvent derrière les barreaux pour s'être opposés, certains violemment, à ces entreprises. La loi les désigne comme « terroristes ».
Nous avons rencontré une réalisatrice, Elena Varela, qui, pour avoir filmé les communautés mapuches pendant plusieurs années, s'est retrouvée elle-même dans les mailles d'un système policier bien ficelé : celui-ci a cherché à la faire taire en l'inculpant « d'association de malfaiteurs » et de « liens avec un groupe terroriste ».
Détenue en préventive pendant quatre mois dans une prison de haute sécurité, soupçonnée -sur témoignage sans preuves d'une femme qui n'est jamais venue au procès et a fini par disparaître- d'avoir commandité deux attaques à main armée en 2004 et 2005, le ministère public voulait la voir à l'ombre pendant quinze ans. Mais en prouvant que toutes ces accusations étaient fausses, Elena Varela a pu être libérée le 22 avril 2010. Entretien.
Comment vous intéressez-vous aux revendications des Mapuches?
Pour moi, le travail d'investigation journalistique a commencé le 7 novembre 2002, avec la mort d'un gamin de 17 ans, assassiné par un carabinier alors qu'il tentait, avec d'autres Mapuches, de récupérer des terres. Son assassin n'a été ni jugé ni sanctionné.
J'ai appris alors que l'entreprise espagnole Endesa construisait sept barrages en terre pehuelche (tribu mapuche), dans le Sud du Chili, et j'ai décide d'aller voir ce qui s'y passait, de filmer. Je me suis retrouvée devant la fameuse « operación paciencia » (opération patience) menée par le gouvernement du Président Ricardo Lagos afin de détruire l'organisation mapuche.
Depuis quand les Mapuches sont-ils en résistance et pourquoi?
Ils sont traités comme des « barbares » depuis le XVIIe siècle. Des «sauvages » qui ne connaissent ni loi ni dieu, disait-on à l'époque. Avec des boleadoras, des haches… ils ne pouvaient pas grand-chose contre les armes à feu, mais ils résistaient quand même.
L'Etat chilien ne les a jamais reconnus. L'invasion de l'Araucanie n'est pas si lointaine, elle a lieu à la fin du XIXe siècle. Il existe, depuis le début, une lutte qui oppose les Mapuches à l'Etat. Les Mapuches tentent de survivre, de préserver leur culture, d'exister ; l'Etat, lui, cherche à unifier, et d'une certaine manière à éliminer l'indigène de la carte.
Les Mapuches et la terre des ancêtres : une question d'actualité…
Le problème des terres est crucial pour les Mapuches. D'autant que l'Etat a littéralement donné des terres, dans le Sud du Chili, à des immigrants européens (Croates, Allemands, Basques…) dès le XIXe siècle pour peupler la région, pour la coloniser. Dans les années 70, le gouvernement d'Allende a rendu des terres aux Mapuches… mais elles leur ont été retirées lors de la dictature militaire.
La Concertation était supposée restituer des terres aux communautés mapuches avec la promesse de signature d'un pacte dit « de Nueva Imperial »… Le Président Aylwin s'est même assis à une table avec les dirigeants mapuches qui l'ont cru. Puis le Président Lagos a promis, lui aussi… pour finalement vendre la plupart de ces terres à des entreprises forestières, hydroélectriques et papetières étrangères.
Qu'ont dit les Mapuches?
C'était une trahison. Tout s'est fait dans leur dos. Ils n'ont appris les accords passés entre le gouvernement et les multinationales étrangères qu'au moment où elles inauguraient les travaux. Jamais les gouvernants n'ont raconté aux Chiliens ce qu'ils trafiquaient, et encore moins aux Mapuches.
Aujourd'hui, je crois qu'ils ne croient plus en personne, ni en un gouvernement de gauche ni en un gouvernement de droite. Mais ils espèrent pouvoir, un jour, être reconnus en tant que peuple. Afin d'être légitimes. Des Mapuches, il y en a aussi beaucoup en Argentine…
Nombreux sont les Chiliens qui se sentent proches de leur cause et qui les appuient. Car le problème mapuche est devenu un problème politique, social et racial. Il suffirait de reconnaître qu'ils forment un peuple, leur donner la possibilité de participer à la construction du pays en tant que tel, avec leur identité.
Et vous, quand vous rendez-vous compte que votre présence gêne?
Sur le coup je ne me suis aperçue de rien. Ma maison a été cambriolée à plusieurs reprises mais je ne pensais pas qu'en faisant mon travail, j'étais en danger. Nous étions en démocratie…
J'ai reçu plusieurs prix, dont celui du Fonds de financement national du cinéma audiovisuel de Corfo (Corporación de fomento de la producción). J'étais donc confiante. Mais un jour, en montant par la route vers la cordillère, une voiture a essayé de me pousser dans le précipice. A partir de là, j'ai commencé à être plus vigilante…
Quand est-ce qu'on vous a arrêtée et pourquoi?
Un jour, le 7 mai 2008, environ 50 hommes ont entouré ma maison, vers 8h30. On m'a mis dans une voiture aux vitres fumées, j'attendais. Les policiers vêtus d'habits des professionnels du MOP, le ministère des Œuvres publiques (ponts et chaussées) étaient partout, moi j'attendais.
C'est alors que j'ai vu arriver un gars qui suivait notre travail depuis peu. Un gars sorti de nulle part dont personne ne s'était méfié tant nous étions pris par le film… Il est passé devant la voiture où je me trouvais sans me voir, et est allé saluer tous les policiers. Puis il est entré dans ma maison, a pris mon téléphone et a commencé à appeler tout le monde pour annoncer mon arrestation, comme s'il était mon porte-parole. C'était dingue. Puis, il a pris ma caméra, mes clés, et il est reparti.
Et vous vous êtes retrouvée derrière les verrous…
J'ai passé quatre longs mois en prison. Mon matériel m'a été complètement confisqué, et les cassettes qui m'ont été rendues n'étaient souvent plus lisibles. Mais au lieu de m'accuser de filmer les Mapuches -ce qu'ils ne pouvaient pas faire sans s'attirer les foudres des organismes de défense de droits de l'homme- ils ont inventé une histoire de braquage de banque et ont dit que j'étais la leader du MIR [Mouvement de la gauche révolutionnaire, qui a cessé d'exister en 1988, ndlr].
Ils voulaient me coller quinze ans de prison pour cela. Mais ils n'avaient aucune preuve qui allait dans le sens de l'accusation. Ils parlaient de preuves « flagrantes », mais ce n'était que du mensonge. J'ai vécu là ce que les Mapuches vivent tous les jours depuis longtemps. On paye de faux témoins qui racontent n'importe quoi. Et je me suis retrouvée accusée de terrorisme. Aberrant.
Après les quatre mois, je me suis retrouvée en détention domiciliaire : tous les soirs à 22 heures, je devais me trouver chez mon frère. Pas chez moi, parce que c'est trop près de la cordillère… D'abord, on m'a fait comprendre que si je ne faisais pas de déclaration, si je me taisais, le procureur n'allait pas m'accuser, qu'il l'avait dit clairement devant témoin. Alors, au début, je me suis tue.
J'ai eu tort, car le procureur m'a effectivement accusée. Heureusement, j'ai réagi très vite. J'ai demandé mes films, j'ai alerté l'opinion publique internationale. Je dois ma liberté à Jaime Madariaga, avocat de défense des droits humains.

vendredi 20 août 2010

L'ancienne Présidente du Chili Michelle Bachelet à la tête d’une Commission mondiale pour promouvoir la protection sociale

Le socle de protection sociale est un ensemble de droits et de transferts sociaux ainsi que de services essentiels dans le domaine de l'emploi, la santé, l'eau et l'assainissement, de la nutrition, de l'éducation et du soutien aux familles, qui ont pour but de protéger, responsabiliser et aider les plus défavorisés à sortir de la pauvreté. Ces politiques sociales doivent être combinées de façon cohérente et intégrée à toutes les étapes du cycle de la vie, avec un accent particulier sur les groupes les plus vulnérables de la société, y compris les femmes, les enfants et les jeunes.
A l'échelle mondiale, quatre personnes sur cinq en âge de travailler ne bénéficient pas de protection sociale adéquate, sont privées d'accès à la sécurité sociale, la santé et l'assistance chômage. Ces populations vulnérables sont durement affectées par la crise économique tant dans les pays en développement que dans les économies développées. Le chômage mondial a atteint son plus haut niveau jamais enregistré, et devrait continuer d'augmenter en 2010.
On estime que la combinaison des crises économiques et alimentaires pourrait avoir ajouté environ 98 millions de personnes à la population vivant avec moins de 2 dollars américains par jour en 2009. Les jeunes sont particulièrement touchés. À la fin de 2009, de quelque 620 millions de jeunes économiquement actifs, 81 millions (13 pour cent) étaient au chômage. Aujourd'hui, les jeunes sont presque trois fois plus susceptibles que les adultes d'être au chômage. Les jeunes représentent 24 pour cent des travailleurs pauvres dans le monde, alors qu'ils ne représentent que 18,1 pour cent de l'emploi mondial total.
Pendant les deux jours de réunion, Mme Bachelet a engagé des discussions avec d'éminents experts et décideurs politiques de divers pays et horizons – les membres du Groupe – sur la signification du socle de protection sociale, ses principales composantes, sa faisabilité politique, économique et financière, ses dimensions institutionnelles, ses marges de manœuvre budgétaires et sa viabilité globale dans diverses situations et selon les circonstances et les besoins de différents pays.
Le Groupe inclut également le Directeur général du BIT, M. Juan Somavia, ainsi que Mme Margaret Chan, Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), membres à titre d'office.
«Personne ne peut nier le rôle crucial que les mesures de protection sociale ont joué pendant la crise économique mondiale actuelle. Elles n'ont pas seulement évité à des millions de personnes de sombrer davantage dans la pauvreté en leur garantissant un accès à des services sociaux indispensables, mais elles ont aussi contribué à contenir les risques de troubles sociaux et à limiter la chute de la consommation, réduisant ainsi l'ampleur potentielle de la récession», a déclaré Mme Bachelet.
«Mais les politiques de protection sociale – et l'objectif d'instaurer un socle de protection sociale – auront un rôle encore plus important dans les mois et années à venir pour faire face à l'énorme coût humain que la crise économique laisse dans son sillage. Il est maintenant temps de nous rassembler dans une coalition efficace et de créer une synergie entre nos activités pour faire de la protection sociale une réalité pour tous. La création de ce groupe est la première étape de ce processus», a ajouté Mme Bachelet.
Des expériences innovantes comme le système de protection sociale chilien, le programme Bolsa Familia au Brésil, le Revenu de Solidarité Active (RSA) en France, ou le système déployé par l'Inde garantissant 100 jours d'emploi, a servi de base à la discussion.
Pour combler le déficit de protection sociale et aider les pays à faire face au coût humain de la crise, le système des Nations Unies et le FMI, sous la direction du Secrétaire général des Nations Ban Ki-Moon, ont accepté de promouvoir conjointement la mise en œuvre d'un socle de protection sociale.
Ceci est l'une des neuf initiatives adoptées par le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination – pour faire face aux effets de la crise économique. L'initiative pour un socle de protection sociale, menée par l'OIT et l'OMS, implique 17 autres agences.
Le Groupe consultatif a examiné les moyens de renforcer la cohérence des politiques dans les stratégies sociales et a reconnu l'importance d'un socle de protection sociale comme levier essentiel pour accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a été souligné que le socle de protection sociale était pertinent et nécessaire même pour les pays développés et qu'il était un facteur important de réussite d'une mondialisation plus juste et plus durable: que ce soit pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, impliquer et responsabiliser les personnes, réduire les inégalités.
«Le lancement du Groupe consultatif intervient à un moment crucial. La crise financière et économique mondiale a aggravé les vulnérabilités en termes de travail décent, la santé, la faim et l'éducation, ce qui aura des conséquences sociales dramatiques à moins de prendre des mesures décisives. Les progrès vers les objectifs de développement convenus à l'échelle internationale risquent d'être compromis, notamment vers l'objectif de réduction de moitié la pauvreté mondiale d'ici à 2015. Il est du devoir des Nations Unies de protéger ces éléments fondamentaux de cohésion sociale qui rendent le développement humain possible mais qui sont souvent les premiers sacrifiés en période de récession», a déclaré le Directeur général du BIT, Juan Somavia.
Le Groupe consultatif a également indiqué qu'une attention particulière devrait être accordée aux femmes et les jeunes. «Les jeunes sont les moteurs du développement économique. Renoncer à ce potentiel est un gaspillage économique et peut nuire à la stabilité sociale", a déclaré M. Somavia, ajoutant que "la crise a eu un impact disproportionné sur les femmes tant dans les économies développées que dans les pays en développement ".
L'OMS, sous la direction de Mme. Chan, a déclaré que "garantir l'accès universel aux soins de santé est essentiel. Une politique de santé nationale intégrée au sein d'un plus large plan de développement national peut assurer la complémentarité entre tous les éléments nécessaires pour améliorer la santé et la réalisation des OMD. Il est important que le socle de protection sociale encadre ces complémentarités et que les plus vulnérables puissent accéder à la protection sociale ».
La Groupe consultatif prodiguera conseils et assistance pour favoriser la cohérence politique dans le domaine de la protection sociale. Il favorisera également l'échange d'expériences, le renforcement des capacités et la mise en œuvre du concept de socle de protection sociale selon les différents contextes socio-économiques et institutionnels aux niveaux mondial, régional, national et local. Le groupe collaborera également à l'identification des bonnes pratiques à travers le monde et contribuera à développer les échanges et la coopération entre les pays, notamment la coopération Sud-Sud.
Pour plus d'informations, merci de contacter le Département de la communication du BIT au + 41 22/799-7912 ou par courriel: communication@ilo.org
Les membres du Groupe consultatif mondial sur le socle de protection sociale:
Mr Aurelio Fernández Lopes, Président du comité de la protection sociale (depuis 2007); Mme Eveline Herfkens, Fondatrice de la campagne des OMD, Coordinatrice exécutive de la campagne des OMD (2002-2008), Ancienne Ministre de la Coopération pour le Développement des Pays-Bas (1998-2002); Mr Kemal Dervis, Vice-président de la Brookings Institution (depuis 2009), Administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) (2005-2009) et Ministre des Affaires économiques et des Finances de Turquie (2001-2002); Mme Margaret Wilson, Professeur de Droit et Politique publique, Université of Waikato (Nouvelle-Zélande), Membre et Porte parole de la Chambre des Représentants de Nouvelle-Zélande (2005-2008), Minister of Labour (1999-2005); Mr Martin Hirsch, Ancien Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse (2007-2010), Ancien Président d'Emmaüs; Mme Sudha Pillai, Secrétaire d'Etat à la Commission de planification de l'Inde (depuis 2007), ancienne Secrétaire d'Etat au Travail et à l'Emploi, et Mr Ebrahim Patel, Ministre du Développement économique d'Afrique du Sud, ancien porte-parole du groupe des travailleurs au Conseil d'administration du BIT.

Quand devenir président de la République coûte 1 milliard de dollars

C'est la cruelle expérience que vient de vivre Sebastian Piñera, le nouveau président du Chili. Celui qui a ramené la droite chilienne au pouvoir, après vingt ans de gouvernement de centre gauche et les deux mandats de la populaire Michelle Bachelet, pourrait considérer que son accession au pouvoir suprême lui a déjà valu la perte de 1 milliard de dollars…
En effet, pour accéder à la tête de l'Etat chilien, Sebastian Piñera, qui n'est pas un nouveau venu en politique puisqu'il avait déjà été candidat à la présidentielle de 2005, s'était engagé à céder sa participation de 26 % détenue depuis 1988 dans la compagnie aérienne nationale LAN. L'opération entamée avant son investiture et ralentie par les conséquences du tremblement de terre qui a ravagé le Chili en février 2010, s'est conclue par une vente à la famille Cueto, l'autre actionnaire de référence de la compagnie. Elle lui rapporta environ 1,5 milliard de dollars.
Une somme rondelette, mais qui aurait pu l'être plus encore. En effet, suite à l'annonce, le 13 août dernier, de la prise de contrôle par LAN de sa concurrente brésilienne TAM, dans le but de constituer « LATAM » le plus important transporteur aérien d'Amérique latine, l'action de LAN s'est envolée, faisant passer la valorisation d'un bloc de 26 % à 2,5 milliards de dollars, soit 1 milliard de plus que trois mois plus tôt.
Ironie du sort, à la veille de l'annonce de la fusion, Sebastian Piñera déclarait à une radio, sur la base de la croissance organique de LAN, que son élection à la présidence lui avait coûté « 700 millions de dollars ». Niant toute amertume, il ajoutait : « Je suis heureux de faire ce que je fais. » Le lendemain, l'addition était gonflée de 300 millions !
Mais la placidité de Sebastian Piñera s'explique sans peine. Encore propriétaire de la chaîne Chilevision et actionnaire de Colo Colo, le club de football star du pays, celui que l'on surnomme le « Berlusconi chilien » se situe tout de même déjà à la 437 e place du classement Forbes des hommes les plus riches du monde !
PHILIPPE BERTRAND, Les Echos

jeudi 19 août 2010

LUIS CORVALAN


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LUIS CORVALAN 
«Don Lucho», comme on l'appelait respectueusement, est une figure emblématique du Parti communiste chilien, qu'il a dirigé de 1959 à 1989.  
LUIS CORVALAN 
Quand Luis Corvalan est mort, le 21 juillet à Santiago, à l'âge de 93 ans, les grands quotidiens chiliens, tous de droite, n'ont consacré que quelques lignes à l'ancien secrétaire général du Parti communiste chilien (PCC). « Ils ont peur d'un homme qui a lutté toute sa vie », a déclaré sa fille, Viviana Corvalan.  

«Don Lucho», comme on l'appelait respectueusement, est une figure emblématique du PCC, qu'il a dirigé de 1959 à 1989. Il a participé, aux côtés du futur président socialiste Salvador Allende, à la création de l'Unité populaire, qui gouverna le pays entre 1970 et 1973. Il fut emprisonné après le coup d'Etat militaire du général Augusto Pinochet. Ami du dirigeant cubain Fidel Castro, du guérillero argentino-cubain Ernesto "Che" Guevara (1928-1967) et du poète communiste chilien Pablo Neruda (1904-1973), il était respecté au sein de la Concertation démocratique, qui a gouverné pendant vingt ans le Chili (1990-2010).

Luis Corvalan publia, en 2003, Le Gouvernement de Salvador Allende, un livre dans lequel il analyse les erreurs commises par l'Unité populaire. Un an plus tôt, il avait publié un ouvrage d'entretien avec Margot Honecker, l'épouse de l'ancien chef de la RDA, Erich Honecker.

Celle-ci était présente lors des funérailles nationales de Corvalan, le 24 juillet à Santiago, aux côtés d'Isabel Allende, la fille de l'ancien président socialiste, et de centaines de Chiliens, qui ont accompagné le cortège funèbre. Le pays a perdu "le dernier dirigeant d'une génération de géants de la lutte politique et sociale du Chili au XXe siècle", a affirmé Guillermo Tellier, président du PCC.

Luis Corvalan était né le 14 septembre 1916 à Puerto Montt, un port du sud du Chili. Dès l'âge de 16 ans, il milite aux Jeunesses communistes. Instituteur de formation, il est élu au comité central du PCC en 1950 et dirige durant dix ans El Siglo, l'organe du parti. Il insuffle une ligne de large rassemblement populaire, qui repose notamment sur une alliance entre socialistes et communistes et un soutien à la candidature de Salvador Allende, qu'il annonçait non sans humour : "Travailleurs de Santiago, peuple de la capitale, chers camarades, voilà la fumée blanche. Il y a un candidat unique. C'est Salvador Allende." Cette politique de rassemblement porta non seulement Allende à la tête de l'État, le 3 novembre 1970, mais également 25 députés et 9 sénateurs communistes au Parlement.

Elu sénateur en 1961, réélu en 1969, il n'achève pas son mandat. Au lendemain du coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, il est arrêté et incarcéré dans le camp de détention de l'île de Dawson, dans l'extrême sud du pays, avec d'autres dirigeants de la coalition de gauche dirigée par le président Allende, qui s'est donné la mort après le putsch. Il est ensuite transféré dans les centres de torture de Ritoque et Tres Alamos. La junte militaire l'accuse de haute trahison.

Il est toutefois libéré en 1976, après une intense campagne internationale. Il est alors échangé à Zurich, en Suisse, contre l'écrivain et opposant soviétique Vladimir Boukovski, et expulsé vers l'URSS. "C'était un homme d'idées, un stalinien convaincu, un homme bien connu en Russie", a déclaré ce dernier à l'agence RIA Novosti, en apprenant la mort de Luis Corvalan. Incarcéré pendant douze ans par le régime soviétique, Boukovski n'a toutefois jamais eu l'occasion de rencontrer le politicien chilien : "Je ne le connaissais pas, même au moment de l'échange, nous n'avons pas pu nous rencontrer, comme le voulait la partie soviétique."

En exil, aux côtés de son épouse, Lily, Luis Corvalan ne cesse de dénoncer les crimes de Pinochet, les 3 000 morts et disparus, victimes du terrorisme d'État.

De retour au pays, en 1988, l'homme au chapeau mou et au poncho jeté sur les épaules participe à la transition vers la démocratie, rétablie en 1990. Défendant toujours une ligne d'union populaire, il est resté membre du comité central du PCC jusqu'à sa mort.

14 septembre 1916
Naissance à Puerto Montt
1950
Elu au comité central du Parti communiste chilien
1976
Libéré après trois de détention dans les geôles de la junte militaire
1988
Fin de l'exil
21 juillet 2010
Mort à Santiago

lundi 9 août 2010

Chili: l'espoir s'amenuise pour 33 mineurs après de nouveaux éboulements

"Nous voulons être réalistes: les possibilités d'une solution rapide sont extrêmement faibles", a déclaré à la presse Alejandro Bohn, directeur général du groupe San Esteban gérant la mine de cuivre et d'or de San Jose, dans le désert d'Atacama, à 850 km au nord de la capitale Santiago.
Familles des mineurs et secouristes s'accrochent à l'espoir que les mineurs aient pu gagner, après l'éboulement de jeudi, une zone-refuge proche du lieu de l'accident, équipée en principe pour 72 heures d'autonomie.
Mais aucun contact n'a pu être établi depuis jeudi avec les mineurs, dont on ignore l'état.
Des sauveteurs qui progressaient samedi par des "cheminées" verticales de ventilation ont été confrontés à "de nouveaux mouvements (de terrain) qui ont provoqué des éboulements. Ils ont dû sortir rapidement pour se mettre à l'abri", a déclaré le ministre des Mines Laurence Golborne.
"Cela bloque évidemment cette possiblité d'entrer", a ajouté le ministre, ému aux larmes, à la presse et aux familles.
"Notre priorité en cet instant est de trouver une bonne alternative", a déclaré Bohn. Il a communiqué un décompte actualisé de "33 hommes confirmés" au fond de la mine. Depuis jeudi, les autorités évoquaient 34 personnes.
Le président chilien Sebastian Piñera a anticipé son retour de Colombie, renonçant à assister samedi à l'investiture du président Juan Manuel Santos.
"Nous ferons tous les efforts possibles pour sauver la vie des 33 mineurs", a déclaré Pinera samedi soir près de la mine. "Mais la situation n'est pas facile, et je veux être franc: ce n'est pas seulement entre nos mains mais entre celles de Dieu".

vendredi 6 août 2010

FIDEL CASTRO PRÉSENTE SES MÉMOIRES DU MAQUIS

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Fidel Castro et Mme Bachelet lors de sa visite à Cuba le mois de février 2009. Photo Reuters
L'ancien président, qui fêtera ses 84 ans le 13 août, a lu des extraits et commenté ce livre de près de 900 pages devant des dizaines d'invités, dont les commandants de la Révolution, Guillermo Garcia et Ramiro Valdes, ministre des Communications, ainsi que l'idéologue du Parti communiste Armando Hart, a rapporté la télévision cubaine.

"La Victoire stratégique" relate la bataille victorieuse menée à l'été 1958 dans la Sierra Maestra (sud-est) par Fidel Castro et "300" de ses guérilleros contre "10.000 soldats armés jusqu'aux dents", selon la télévision.

"Qui leur a livré des armes, des avions et des tanks? Qui leur a montré quoi faire avec les prisonniers ? Qui leur a appris à torturer ? L'empire. Le gouvernement des Etats-Unis", a déclaré Fidel Castro en assurant qu'il était marxiste dès ses premiers pas dans la rébellion armée.
"Cela fait 50 ans que (les Etats-Unis) essaient de renverser notre révolution", a-t-il dit après avoir évoqué les mauvais traitements infligés, selon lui, en prison au Cubain Gerardo Hernandez, incarcérés depuis 1998 aux Etats-Unis avec quatre autres compatriotes pour une affaire d'espionnage.

La victoire de l'été 1958 allait conduire le 1er janvier 1959 à la chute du dictateur Fulgencio Batista.

L'ouvrage, comprend une "petite autobiographie" expliquant pourquoi Fidel Castro, fils d'un riche propriétaire terrien d'origine espagnole, est devenu un révolutionnaire marxiste.
Une grave opération chirurgicale aux intestins a contraint le père de la Révolution cubaine de céder la présidence de l'Etat à son frère et premier lieutenant, Raul, fin juillet 2006. Il reste cependant officiellement le Premier secrétaire du Parti communiste.

Un Fidel Castro convalescent avait commencé en mars 2007 à écrire ses "réflexions" sur l'actualité - essentiellement mondiale - dans la presse officielle cubaine, avant d'entreprendre quelques rarissimes et très discrètes sorties publiques.

Mais depuis le mois dernier, le "Commandant en chef", qui se dit complètement rétabli, a effectué huit sorties publiques, toutes très médiatisées, pour discuter exclusivement des problèmes mondiaux et critiquer la politique de son ennemi de plus d'un demi-siècle, l'"empire" américain.

Le débat sur le mariage homosexuel divise le Chili

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Le sénateur socialiste Fulvio Rossi. Photo page Web Sénateur Rossi

Le sénateur socialiste Fulvio Rossi a présenté mardi au Congrès un projet de loi en faveur du mariage civil entre personnes du même sexe. Le texte, qui suscite la polémique dans ce pays très conservateur et catholique, propose de modifier l’article du Code civil qui définit le mariage. Ce « contrat solennel entre une femme et un homme » se ferait désormais entre « deux personnes » et l’objectif de procréation disparaîtrait des engagements pris par les mariés.
Réactions aux propos de l’église chilienne
Le sénateur PS aurait avancé la présentation du projet de loi à la suite des propos de l’archevêque de Santiago, Francisco Errazuriz, qui, samedi, réagissant aux célébrations d’union homosexuelle en Argentine, les a qualifiées d’« aberration ». Propos inacceptables pour le Movilh, Mouvement d’intégration et de libération homosexuel, premier défenseur des droits des minorités sexuelles au Chili. Ils « démontrent clairement la permanente et systématique homophobie de la haute hiérarchie de l’Église catholique, qui violente les droits de l’homme des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels d’une façon sanguinaire et crue, indigne du christianisme qu’elle dit promouvoir », a dit son président, Rolando Jimenez.
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Jorge Arturo Medina Estévez, cardinal chilien de l'Église catholique romaine, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements entre 1998 et 2004. Le cardinal fut le responsable en 1998 de la mise à jour du nouveau Rituel de l'exorcisme, promulgué à Rome le 22 novembre 1998. Le texte original du Rituel romain, a été rédigé en 1614 sous le règne du pape Paul V. Photo Wikipedia
Le 26 juillet, le cardinal Jorge Medina, évêque émérite de Valparaiso, avait déjà provoqué la fureur en qualifiant l’homosexualité de « défaut », « comme lorsqu’il manque à une personne un œil, une jambe ou un pied ». Distinguant la « tendance » de la « pratique homosexuelle », monseigneur Medina avait conseillé aux gays et lesbiennes de suivre une thérapie pour « corriger » cette tendance, à l’instar des « alcooliques ». Choqué par les déclarations de ces figures de l’Église catholique chilienne, le sénateur Rossi, lui-même pratiquant, a appelé l’Église à être « plus accueillante ».
Porté par des parlementaires argentins précurseurs, le Chili va donc débattre de l’union de personnes du même sexe. Et considérer ainsi « les deux millions de Chiliens qui, aujourd’hui, ne bénéficient d’aucune régulation concernant leurs biens, leur héritage et leurs retraites », explique Rolando Jimenez, du Movilh. Mais le projet de loi a peu de chances de passer le cap du débat parlementaire, car la classe politique est divisée.
Si Sebastian Piñera, premier président de droite après vingt ans de gouvernements de centre gauche, a secoué sa coalition en se prononçant pour la reconnaissance des unions homosexuelles lors de la campagne, il reste opposé au « mariage ». Et son alliée, l’Union démocrate indépendante (extrême droite), refuse tout en bloc. Quant à l’opposition, coalition de centre gauche, elle est hésitante et partagée. Le Parti pour la démocratie soutient l’initiative, mais des critiques ont déjà émergé au sein même du PS, parti du sénateur Rossi. La Démocratie chrétienne, quant à elle, préfère « régulariser les unions (homosexuelles) de droit, sans que cela affecte le statut du mariage en tant qu’union entre un homme et une femme ».
Lucile Gimberg