Les hommes dorment sur des lits de camp qui leur ont été envoyés en pièces détachées. Chacun a droit à huit minutes de vidéoconférence à toutes les fins de semaine.
Sachant que l'attente sera longue, les mineurs ont établi une routine visant à conserver leur équilibre physique et mental, mais aussi à maintenir un bon esprit de groupe.
Selon le psychiatre en chef de l'équipe de secouristes, Alberto Iturra Benavides, l'objectif de cette routine est de ne leur laisser «d'autre choix que de survivre» jusqu'à ce que le forage soit complété, ce qui sera fait d'ici le début novembre selon le gouvernement.
«Survivre prend de la discipline et le maintien d'une routine», affirme le médecin.
Ainsi, lorsque les mineurs ont le temps de relaxer, ils écoutent la télévision. C'est ce qu'ils font environ 13 heures par jour, enchaînant films d'action, journaux télévisés et séries humoristiques. L'équipe de soutien doit toutefois avaliser les choix télévisuels des mineurs: hors de question qu'ils puissent les déprimer.
Ils ont vu «Troie», «L'étrange histoire de Benjamin Button» et «Le masque», mais aucun drame trop intense.
«Ce serait de la cruauté mentale», fait valoir Alberto Iturra Benavides.
Les journaux télévisés qu'ils regardent, dont ils sont généralement les héros, sont visionnés au préalable par les équipes de secours qui se trouvent au-dessus d'eux, explique Luis Felipe Mujica, directeur général de Micomo, une compagnie de télécommunications.
«Il est évident que nous devons les regarder à l'avance afin de limiter l'accès à certaines informations, voire carrément les censurer, indique M. Mujica. Nous sommes en plein milieu d'une opération de sauvetage, pas d'une téléréalité.»
On a par ailleurs refusé d'accéder aux demandes de certains mineurs, qui souhaitaient obtenir des lecteurs de musique personnels ou des jeux vidéo individuels pour éviter qu'ils ne s'isolent.
«Avec des casques d'écoute, il leur est impossible d'entendre, par exemple, quelqu'un qui appelle à l'aide ou qui les avertit d'un danger, plaide Alberto Iturra Benavides. Ce dont ils ont besoin, c'est d'être ensemble.»
Car c'est la proximité qui a sauvé les mineurs d'une mort certaine lorsqu'environ 700 000 tonnes de roches se sont écroulées le 5 août, bloquant l'accès à la section centrale du puits de la mine, plongeant les 33 hommes dans la noirceur et soulevant de denses nuages de poussière qui les empêchaient de voir quoi que ce soit, même s'ils étaient équipés de lampes frontales.
L'événement est survenu alors que les hommes étaient réunis pour l'heure du lunch dans un espace de quatre mètres carrés surplombé par un plafond renforcé de 4,5 mètres de hauteur.
«Ils ont passé 17 jours dans la noirceur. Les cinq premiers journées, ils pouvaient à peine respirer à cause de la poussière, souligne le Dr Alberto Iturra Benavides. Et ils se sont dits qu'ils n'étaient pas morts. Cette prise de conscience aide à cesser d'avoir peur.»
Depuis le 22 août, jour où un tunnel a finalement atteint les 33 mineurs, les équipes de secours et de soutien n'ont cessé de prendre de l'expansion. Ils sont aujourd'hui 300, incluant des experts en communications, des médecins, des psychologues, des buandiers, des cuisiniers et des ingénieurs en forage.
Dans ce qui est devenu un petit village sis en plein milieu du désert de l'Atacama, au Chili, ils ont uni leurs forces afin de procurer tout le nécessaire aux 33 mineurs jusqu'à ce qu'ils puissent être hissés jusqu'à la surface.