Isabel Allende est en colère. « C'est inadmissible, ces chefs d'entreprise irresponsables qui mettent en péril la vie des travailleurs », s'insurge la sénatrice de la région d'Atacama, fille de l'ex-Président Salvador Allende. Comme de nombreux politiques, elle est venue au camp Espérance rencontrer les sauveteurs et les familles.
La mine de San José ne dispose pas d'escalier de secours. Le refuge où sont bloqués les hommes subit des coupures de ventilation et d'électricité. Ce gisement de cuivre et d'or est un bourbier. Trois personnes y sont mortes en six ans. Début juillet, un employé a perdu une jambe après la rupture d'un plancher. Pourquoi la mine a-t-elle été autorisée à rouvrir peu après ? Le 5 août, un ébou-lement gigantesque piégeait les 33 hommes à 688 m de profondeur.
Les plaintes s'accumulent
Cette affaire révèle, aussi, les lacunes des organismes de contrôle de l'État, notamment du Service de géologie et des mines (Sernageomin). Le président chilien Piñera a annoncé une réforme et limogé trois responsables. Une vingtaine de gisements ont été fermés depuis le drame. Une commission proposera, dans trois mois, des mesures pour renforcer la sécurité au travail.
Sur le plan judiciaire, les plaintes s'accumulent contre les deux propriétaires de la mine, Alejandro Bohn et Marcelo Kennedy. Ils ont menacé de se déclarer en faillite pour ne plus payer les salaires et ils ont osé affirmer : « Ce n'est pas le moment d'assumer les responsabilités ni de demander pardon. »
Me Valdés, représentant la famille Bustos, attaque les propriétaires pour blessures et le Sernageomin pour manquement grave à ses obligations. « Il n'aurait jamais dû rouvrir la mine », dénonce-t-il. Sous une tente du campement, Nelly, mère de l'un des trente-trois bloqués, s'énerve : « Atacama détient tout l'or du Chili. Les mineurs travaillent comme des animaux et ne reçoivent que des miettes. »