Un cancer, une maladie grave, une cure de repos, une dépression ... L'absence du président Hugo Chavez depuis une opération d'urgence le 10 juin à Cuba fait courir toutes sortes de rumeurs sur son état de santé. Son gouvernement tente de convaincre que le chef de l'État est en pleine forme, sans néanmoins publier de bulletin de santé officiel.
Hugo Chavez s'était déjà fait discret au mois de mai après une blessure au genou qui l'avait contraint à reporter de plusieurs semaines une série de voyages au Brésil, en Équateur et à Cuba. Lors de la dernière étape de son périple, finalement organisé début juin, ses médecins lui ont découvert un abcès pelvien. Le président vénézuélien se fait alors immédiatement opérer à la Havane. Mais hormis une brève allocution télévisée deux jours après son opération, Hugo Chavez n'a pas été revu dans les médias nationaux. Une surprise pour ses concitoyens, habitués à ses interventions quotidiennes.
«Que ses ennemis arrêtent de rêver»
Samedi, le journal El Nuevo Herald, la version espagnole du Miami Herald, a affirmé qu'Hugo Chavez était «non à l'article de la mort, mais dans un état critique», en se basant sur des sources des services des renseignements américains. Le lendemain, le journal vénézuélien El Universal a écrit que le président était atteint d'un cancer de la prostate. «Rayons et blocage hormonal ont commencé», selon l'auteur de la tribune.
«Faux», répondent en susbtance les membres du gouvernement. «Je serais le premier à informer le pays (s'il avait un cancer). Chavez se remet et il sera avec nous le 5 juillet [bicentenaire de l'indépendance du pays], grâce à Dieu», a ainsi déclaré le président de l'Assemblée nationale en réponse à l'article d'El Universal. «Chavez, on en a encore pour longtemps», a abondé de son côté le vice-président Elia Jaua, tandis que le ministre de l'Information Andres Izarra assurait que le président «se remettait bien». Il suivrait même l'activité du gouvernement depuis La Havane.
«Le président Chavez se remet bien de son opération. Que ses ennemis arrêtent de rêver et que ses amis cessent de s'inquiéter», a écrit sur son compte Twitter le vice-ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Temir Porras. Mais ces nombreuses déclarations n'ont pas pour autant rassuré la population, qui a participé dimanche à des messes pour demander la guérison du président.
L'opposition vénézuélienne accuse le gouvernement de ne pas donner des précisions sur l'état de santé d'Hugo Chavez. «L'incertitude sur la santé d'Hugo Chavez et les spéculations intenses sur la réelle maladie qui l'affecte révèlent les graves violations constitutionnelles de la part du gouvernement», a lancé Miguel Angel Rodriguez, un parlementaire de l'opposition. Dans le cadre de la Constitution vénézuélienne, le chef de l'Etat doit «nous donner le diagnostic, nous parler du traitement et répondre aux questions.»
Depuis La Havane, Hugo Chavez a écrit ces derniers jours plusieurs messages sur son compte Twitter. Mais aucun n'évoque son état de santé, ni son retour au Vénézuéla.