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L'Organisation des Etats américains (OEA) lors de sa 41e Assemblée générale mardi au Salvador le 7 juin 2011. PHOTO OSCAR RIVERA / EFE |
Le président bolivien, Evo Morales, a surenchéri : « Je remercie le ministre des Affaires étrangères chilien, Alfredo Moreno, pour son intervention qui montre que son pays reconnaît qu’il existe un problème. Jamais le Chili n’avait reconnu publiquement qu’il avait un problème avec la Bolivie. Je dis que (Moreno) est notre ministre des Affaires étrangères (sic) ».
Pourtant, l’ambition de La Paz était d’en faire un sujet multilatéral, ce qu’a toujours refusé Santiago. Hors, aucun pays n’a soutenu cette volonté, pas même les amis vénézuéliens ou équatoriens. La semaine dernière, toutes les délégations ont renvoyé dos à dos les deux pays, à la grande satisfaction du Chili. Le président chilien, Sebastian Piñera, a levé tout doute sur le sujet samedi 11 juin 2011: Pour lui « les espoirs de la Bolivie sont d’une grande portée et les possibilités du Chili sont différentes ».
Le 23 mars dernier, le président bolivien Evo Morales avait déclaré que si le Chili ne faisait pas de propositions, il en appellerait à la justice internationale. Pour Fernando Salazar Paredes, spécialiste bolivien en droit international, cette appel à la justice internationale pose de nombreux problèmes : « Que va-t-on demander aux instances internationales, l’annulation de l’accord de paix de 1904 ? C’est impossible cette accord fait partie du droit international que les cours de justice sont chargées de défendre. Il y a deux instances et jamais les autorités boliviennes n’ont précisé devant quelle cour elles voulaient plaider : la Cour permanente d’arbitrage de La Haye ? Il faut que les deux parties en soient d’accord. La cour internationale de justice de La Haye ? On ne peut contester des traités devant elle puisque les traités internationaux constituent sa référence principale. Il n’y a qu’une solution : une négociation honnête et juste entre les deux pays. »
Pour Roberto Finot, ex consul général de Bolivie au Chili, relevé de son poste en 2007 par Evo Morales, ce dernier a entamé intelligemment son mandat sur les relations avec le Chili. « Le problème est que le président Morales ne parvient à se tenir à une ligne stratégique, explique-t-il. La négociation avec la présidente Michelle Bachelet (à la tête du Chili de 2006 à 2010) avait créé un plan en 13 points qui laissait augurer une solution. Mais la stratégie a changé et le Chili en a profité ».
Pour les Boliviens, le sujet est très sensible : il s’agit d’un « territoire volé » par le Chili au XIXe siècle et ils attendent que justice soit rendue. Le territoire est non seulement un accès à la mer mais dispose d’un sous sol d’une richesse extraordinaire. La plus grande mine de cuivre du monde, Chuquicamata, qui génère les plus importantes rentrées fiscales de l’Etat chilien, se trouve sur ce territoire anciennement bolivien.
Il semble que les erreurs de la diplomatie bolivienne permettent aujourd’hui à Santiago de rester sourd aux revendications boliviennes. Dernière en date de ses erreurs : La Bolivie a reçu un représentant iranien recherché par Interpol pour son implication dans l’attentat de L’Amia (1994), un centre culturel juif de Buenos aires, qui a fait des dizaines de morts. Buenos Aires, allié traditionnel de la gauche sudaméricaine et donc de Morales, n’a guère apprécié...