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LA MÈRE DE L'ÉTUDIANT DISPARU HERNAN ABRIATA TIENT UN PORTRAIT DE SON FILS LORS D'UNE MANIFESTATION DEVANT L'AMBASSADE FRANÇAISE À BUENOS AIRES, EN AVRIL 2014. PHOTO DANIEL GARCIA |
L'ancien officier de police est mis en cause dans la disparition d'un étudiant en 1976, au début de la dictature militaire.
MARIO « CHURASCO » SANDOVAL |
Combat finalement perdu: dans son arrêt rendu ce jeudi la Cour de cassation a décidé de rejeter le recours de Mario Sandoval. Un décret d'extradition doit désormais être signé. «On va tout mettre en œuvre pour que cette signature intervienne le plus rapidement possible» afin d'éviter que le principal intéressé ne prenne la fuite, a déclaré à Reuters Me Sophie Thonon-Wesfreid, qui représente Buenos Aires. «Il est temps que Mario Sandoval réponde de ses actes devant la justice argentine».
Naturalisé en 1997
L'ancien officier de police de Buenos Aires est accusé d'avoir participé aux exactions - «crimes contre l'humanité, privation de liberté et torture ayant entraîné la mort» - commises par les membres de la dictature militaire, au pouvoir entre 1976 et 1983. Arrivé en France en 1985, l'Argentin se construit une toute nouvelle vie: après un DEA de philosophie politique et un doctorat en science politique, il enseigne dans plusieurs établissements d'enseignement supérieur et obtient la nationalité française en 1997.
MARIO « CHURASCO » SANDOVAL |
Marathon judiciaire
Mario Sandoval contre-attaque en posant une question prioritaire de constitutionnalité. « La règle est que la France n'extrade pas ses nationaux, sauf ceux qui n'étaient pas Français au moment des faits. Nous avons estimé que cette règle allait à l'encontre du principe d'égalité, et que cela créait deux catégories de Français: ceux par naissance et ceux par acquisition », explique Me Jérôme Rousseau, avocat à la Cour de cassation. Dans son avis du 14 novembre 2014, le Conseil constitutionnel donne tort à l'avocat et son client.
L'affaire se retrouve donc devant la Cour de cassation, qui offre en 2015 une première victoire au sexagénaire en annulant la décision de la Cour d'appel. «La Cour de cassation a estimé que la cour d'appel n'avait pas expliqué comment la séquestration d'Hernan Abriata avait pu perdurer au-delà de la fin de la dictature et alors même que Mario Sandoval était parti vivre en France. L'infraction n'est donc pas continue, et de ce fait, il y a prescription», reprend Maître Rousseau.
L‘affaire est renvoyée devant la cour d'appel de Versailles. Le 19 octobre 2017, celle-ci rend un avis favorable à l'extradition du sexagénaire vers l'Argentine. Une décision une nouvelle fois contestée par le principal intéressé, qui se pourvoit à nouveau en cassation. «Nous avons réitéré, à peu de chose près, notre argumentation de 2015», précise Me Rousseau. Une stratégie qui ne se sera donc pas, cette fois, avérée payante...« C'est une déception puisqu'on espérait que la Cour de cassation soit cohérente avec le précédent arrêt », a confié Maître Rousseau à Reuters après l'annonce de la décision.