[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
LES AUTORITÉS DE CARACAS ONT DÉNONCÉ MARDI LA NOUVELLE SÉRIE DE SANCTIONS ANNONCÉES PAR LES ÉTATS-UNIS DANS LA FOULÉE DE LA RÉÉLECTION, DIMANCHE, DE NICOLAS MADURO À LA PRÉSIDENCE VÉNÉZUÉLIENNE. PHOTO PRISE LE 22 MAI 2018 MARCO BELLO |
Le président vénézuélien Nicolas Maduro, réélu dimanche au cours d'un scrutin très largement critiqué par la communauté internationale, a répliqué mardi aux nouvelles sanctions des États-Unis en expulsant ses deux plus hauts représentants diplomatiques à Caracas.
LE CHARGÉ D'AFFAIRES DES ÉTATS-UNIS TODD ROBINSON LE 14 MARS 2018. PHOTO ARIANA CUBILLOS |
Nicolas Maduro a également ordonné l'expulsion du numéro
deux de la mission diplomatique (les deux pays n'ont plus d'ambassadeurs
respectifs depuis 2010), Brian Naranjo, qu'il a accusé d'être le représentant
local de la CIA.
Il réplique ainsi au décret signé lundi par son homologue
américain Donald Trump, visant à réduire la capacité du Venezuela à vendre ses
actifs.
LE PRÉSIDENT NICOLAS MADURO : REMERCIE LES PARTICIPANTS AUX MISSIONS D’OBSERVATION ÉLECTORALE INTERNATIONALE DANS LE PAYS. |
Washington pourrait d'ailleurs ne pas en rester là, un
responsable du département d'État ayant dit mardi que les États-Unis pourraient
prendre des « mesures réciproques appropriées » une fois reçue la
« notification de la part du gouvernement vénézuélien à travers les canaux
diplomatiques » de l'expulsion de leurs deux diplomates.
Ces nouvelles sanctions américaines s'inscrivent dans le
concert de critiques internationales après la victoire de M. Maduro, 55 ans,
avec 68% des voix contre 21,2% à son principal adversaire, Henri Falcon, 56
ans, dans le contexte d'une abstention record de 54% et d'un boycott par
l'opposition qui dénonçait une « supercherie ».
- « Irrégularités" selon l'UE -
Les résultats annoncés, qualifiés de « farce » par
les Américains, ont été aussi rejetés par le Groupe de Lima, une alliance de 14
pays d'Amérique et des Caraïbes qui comprend l'Argentine, le Brésil, le Canada,
la Colombie et le Mexique [ « les larbins des USA »]. Ils ont rappelé dès lundi leurs ambassadeurs au
Venezuela.
Mardi, Bruxelles a également haussé le ton : « L'Union
européenne envisage des sanctions", a fait savoir la représentante de la
diplomatie européenne Federica Mogherini, dénonçant notamment de « nombreuses irrégularités signalées le jour du scrutin, y compris l'achat
de votes ».
Du côté de la France, la porte-parole du ministère des
Affaires étrangères, Agnès von der Mühll, a jugé que l'élection ne pouvait « pas être considérée comme représentative en raison des entraves posées à
la participation de plusieurs partis et leaders d'opposition ».
Face à ces critiques, Caracas reste inflexible et crie au
complot.
Maduro atribuye
el colapso a una « guerra económica de la derecha » aliada con
Washington, y promete una « revolución económica" para traer la
prosperidad
« Nous n'avons jamais vu une attaque internationale
aussi impitoyable que celle menée contre ce processus » électoral, a
dénoncé mardi la présidente du Conseil national électoral (CNE), la chaviste
Tibisay Lucena, à l'occasion de la cérémonie de proclamation officielle de
l'élection de M. Maduro.
Le ministère des Affaires étrangères a quant à lui fustigé « le lynchage politique et financier » du Venezuela par les États-Unis,
où gouverne un "régime suprématiste, raciste et interventionniste (...)
inspiré par les postulats néfastes du Ku Klux Klan ».
- Débâcle économique -
Malgré cette attitude frondeuse sur le plan diplomatique, le
Venezuela ne peut cacher sa débâche économique : autrefois le pays le plus
riche d'Amérique latine grâce à ses immenses réserves pétrolières, il n'est
plus que l'ombre de lui-même, se débattant entre hyperinflation et graves
pénuries d'aliments et de médicaments.
La crise a déjà fait fuir à l'étranger des centaines de
milliers de Vénézuéliens, mais M. Maduro assure que la faute en revient à la « guerre économique de la droite », soutenue par Washington. Il promet
une « révolution économique » porteuse de prospérité pendant son second
mandat.
« Ce qui se profile à l'horizon, c'est un plus grand
isolement diplomatique et commercial et plus de difficultés pour accéder au
crédit et au financement », estime l'analyste Diego Moya-Ocampos, du
cabinet britannique IHS Markit.
Les États-Unis agitent déjà la menace d'un embargo
pétrolier, dont les conséquences seraient redoutables pour le Venezuela, qui
leur vend un tiers de son brut et est classé en défaut de paiement partiel par
les agences de notation.
« Le Venezuela commence déjà à subir un boycott
économique de la part des États-Unis et de leurs alliés et cela va être fatal
au maintien du régime », assure à l'AFP l'expert en relations
internationales Carlos Romero.
Après le vote, le président Maduro a appelé à un « dialogue » mais l'opposition, bien que divisée, le refuse et appelle
à de "vraies élections ».