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PHOTO DANIEL TAPIA |
Le président équatorien Lenin Moreno a décrété l'état d'urgence lui permettant de réduire les libertés publiques après une grogne populaire d'envergure contre le doublement du prix du carburant, le gouvernement ayant supprimé les subventions.Francais.rt
Le président de l'Équateur, Lenin Moreno, a décrété ce 4 octobre l'état d'urgence dans tout le pays face aux grèves et aux blocages de la population protestant contre une hausse exorbitante du prix du carburant de plus de 100%. Le prix du diesel a par exemple plus que doublé, passant de 1,03 dollar à 2,29 dollars. Une augmentation de 123%.
Cette hausse spectaculaire survient après que le gouvernement a décidé de supprimer les subventions pour le diesel et l'essence dans le cadre d'un accord conclu en mars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui a conduit à une augmentation des droits de douane.
Cet accord prévoit un soutien financier de 4,2 milliards de dollars du FMI en échange d'un programme de réformes économiques échelonné sur trois ans.
Cette mesure a provoqué une forte grogne sociale. Le secteur des transports, qui réunit plusieurs fédérations dans le pays, a appelé à une grève nationale le 3 octobre et a reçu le soutien d'autres secteurs. Des manifestations ont éclaté dans la quasi-totalité du pays, dégénérant en émeutes. Au moins une trentaine de personnes ont été blessées
«Afin d'assurer la sécurité des citoyens et d'éviter le chaos, j'ai décrété l'état d'urgence au niveau national», a déclaré le président Moreno à la presse, à l'issue d'une réunion du gouvernement à Quito.
Cette mesure peut rester en vigueur 60 jours et être prorogée pour une période de 30 jours supplémentaires, selon la Constitution.
Un état d'exception qui permet d'établir des zones de sécurité sur le territoire, de suspendre ou de limiter certains droits comme celui de libre-circulation et d'imposer la censure aux médias. Il autorise également à mobiliser l'armée et la police pour assurer l'ordre public.
Dans une série de tweets, Aliana Nieves, une journaliste de RT en espagnol, livre son analyse. Selon elle, Lenin Moreno «répond aux exigences du FMI et envisage non seulement le retrait des subventions sur les carburants, mais également la réduction des vacances des travailleurs du secteur public et une réduction de 20% des salaires due au renouvellement des contrats occasionnels».
En réaction à l'annonce de l'état d'urgence, des manifestants ont affronté les forces de l'ordre près du siège du gouvernement, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les protestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur la police, qui a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogène.
«Nous avons décidé de continuer» la grève jusqu'à nouvel ordre, a déclaré Carlos Brunis, le dirigeant des chauffeurs de taxi de Quito, capitale du pays, où aucun taxi ni autobus n'a circulé le 3 octobre.
«Je manifeste contre le président Moreno qui met en place ces mesures drastiques. On a des enfants, on reçoit à peine 380 dollars [de salaire] et cela ne suffit pas. Qu'allons-nous manger ?», a déclaré à l'AFP John Urquiza, 40 ans, un chauffeur routier du nord de Quito.
Des manifestants ont bloqué les rues en mettant le feu à des pneus. Par ailleurs, les écoles sont fermées pour le deuxième jour consécutif ce 4 octobre.
« À ce stade, nous dénombrons 21 policiers blessés, 277 personnes arrêtées pour des actes de vandalisme», a affirmé dans la nuit le ministre de la Défense Oswaldo Jarrin. Quatorze personnes, des civils, ont par ailleurs été blessées au cours des manifestations, a indiqué le Service de la gestion des risques.
Le président Moreno, au pouvoir depuis mai 2017, a mis en garde les manifestants, affirmant qu'il ne permettrait pas qu'ils «imposent le chaos». «Cette époque est révolue», a-t-il ajouté.
Dans le passé, des hausses des prix de carburant ont déclenché des grèves qui ont entraîné le renversement de trois présidents entre 1996 et 2007.
«Moreno ne sera pas victime de sanctions des Etats-Unis ou de l'Organisation des États américains (OEA). Et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, avec un peu de chance, appellera seulement à "rétablir l'ordre"», avance Aliana Nieves, en allusion claire à ce que subit le Venezuela de Nicolas Maduro en termes de sanctions.
Face aux difficultés financières, le gouvernement a décidé de recourir davantage à l'endettement extérieur. En juillet, la dette publique était estimée à 36% du PIB, soit 39 milliards de dollars, selon la Banque centrale d'Equateur (BCE).
Pour pallier le déficit budgétaire, le gouvernement a émis à plusieurs reprises des titres souverains qui ont dépassé les 10 milliards de dollars. En février, Quito a également obtenu des crédits pour 10 milliards de dollars d'organismes multilatéraux, avec une échéance de remboursement à trois ans.
Le président Moreno accuse son prédécesseur Rafael Correa (2007-2017), dont il a été l'allié avant de se retourner brusquement contre lui, après son élection, d'avoir creusé le déficit public.
Rafael Correa a justement réagi sur son compte Twitter en appelant à de nouvelles élections. «Cela démontre la crise morale que traverse le pays à cause du pire gouvernement de l'histoire», a-t-il écrit. «L’Équateur dispose de mécanismes constitutionnels pour surmonter autant de chocs.[...] Appelez à des élections. Retrouvons la paix», a-t-il exhorté, joignant à son message une vidéo choquante montrant un motard rouler sur un homme à terre.
Cette hausse spectaculaire survient après que le gouvernement a décidé de supprimer les subventions pour le diesel et l'essence dans le cadre d'un accord conclu en mars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui a conduit à une augmentation des droits de douane.
Cet accord prévoit un soutien financier de 4,2 milliards de dollars du FMI en échange d'un programme de réformes économiques échelonné sur trois ans.
Cette mesure a provoqué une forte grogne sociale. Le secteur des transports, qui réunit plusieurs fédérations dans le pays, a appelé à une grève nationale le 3 octobre et a reçu le soutien d'autres secteurs. Des manifestations ont éclaté dans la quasi-totalité du pays, dégénérant en émeutes. Au moins une trentaine de personnes ont été blessées
«Afin d'assurer la sécurité des citoyens et d'éviter le chaos, j'ai décrété l'état d'urgence au niveau national», a déclaré le président Moreno à la presse, à l'issue d'une réunion du gouvernement à Quito.
Réduction des libertés publiques
Cette mesure peut rester en vigueur 60 jours et être prorogée pour une période de 30 jours supplémentaires, selon la Constitution.
Un état d'exception qui permet d'établir des zones de sécurité sur le territoire, de suspendre ou de limiter certains droits comme celui de libre-circulation et d'imposer la censure aux médias. Il autorise également à mobiliser l'armée et la police pour assurer l'ordre public.
Dans une série de tweets, Aliana Nieves, une journaliste de RT en espagnol, livre son analyse. Selon elle, Lenin Moreno «répond aux exigences du FMI et envisage non seulement le retrait des subventions sur les carburants, mais également la réduction des vacances des travailleurs du secteur public et une réduction de 20% des salaires due au renouvellement des contrats occasionnels».
Le pays bloqué, des manifestants dans la rue
CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER |
En réaction à l'annonce de l'état d'urgence, des manifestants ont affronté les forces de l'ordre près du siège du gouvernement, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les protestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur la police, qui a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogène.
«Nous avons décidé de continuer» la grève jusqu'à nouvel ordre, a déclaré Carlos Brunis, le dirigeant des chauffeurs de taxi de Quito, capitale du pays, où aucun taxi ni autobus n'a circulé le 3 octobre.
«Je manifeste contre le président Moreno qui met en place ces mesures drastiques. On a des enfants, on reçoit à peine 380 dollars [de salaire] et cela ne suffit pas. Qu'allons-nous manger ?», a déclaré à l'AFP John Urquiza, 40 ans, un chauffeur routier du nord de Quito.
Des manifestants ont bloqué les rues en mettant le feu à des pneus. Par ailleurs, les écoles sont fermées pour le deuxième jour consécutif ce 4 octobre.
« À ce stade, nous dénombrons 21 policiers blessés, 277 personnes arrêtées pour des actes de vandalisme», a affirmé dans la nuit le ministre de la Défense Oswaldo Jarrin. Quatorze personnes, des civils, ont par ailleurs été blessées au cours des manifestations, a indiqué le Service de la gestion des risques.
Moreno n'est pas Maduro
Le président Moreno, au pouvoir depuis mai 2017, a mis en garde les manifestants, affirmant qu'il ne permettrait pas qu'ils «imposent le chaos». «Cette époque est révolue», a-t-il ajouté.
Dans le passé, des hausses des prix de carburant ont déclenché des grèves qui ont entraîné le renversement de trois présidents entre 1996 et 2007.
«Moreno ne sera pas victime de sanctions des Etats-Unis ou de l'Organisation des États américains (OEA). Et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, avec un peu de chance, appellera seulement à "rétablir l'ordre"», avance Aliana Nieves, en allusion claire à ce que subit le Venezuela de Nicolas Maduro en termes de sanctions.
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Pour pallier le déficit budgétaire, le gouvernement a émis à plusieurs reprises des titres souverains qui ont dépassé les 10 milliards de dollars. En février, Quito a également obtenu des crédits pour 10 milliards de dollars d'organismes multilatéraux, avec une échéance de remboursement à trois ans.
Le président Moreno accuse son prédécesseur Rafael Correa (2007-2017), dont il a été l'allié avant de se retourner brusquement contre lui, après son élection, d'avoir creusé le déficit public.
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