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CHILI: GRÈVE GÉNÉRALE LES SYNDICALISTES ANNONCENT UNE PARTICIPATION MASSIVE. PHOTO ELCIUDADANO.CL |
En fin de matinée, 35 personnes avaient été arrêtées au niveau national, en majorité des "encapuchados", jeunes en capuche, selon le vice-ministre de l'Intérieur Rodrigo Ubilla. L'un d'entre eux a été interpellé pour "tentative d'homicide sur un policier".
Selon le même bilan provisoire, 11 personnes, dont neuf policiers, ont été blessées dans les accrochages localisés, de moindre ampleur que les violences ayant émaillé les manifestations étudiantes des derniers semaines.
Mais une marche massive était prévue jeudi à Santiago, au deuxième jour de la grève, avec la présence annoncée des étudiants.
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POCHOIR, DU PRÉSIDENT CHILIEN, LE MILLIARDAIRE CONSERVATEUR SEBASTIÁN PIÑERA. « J'AI ÉTUDIÉ GRATUITEMENT » « MAIS TU PEUX PAYER EN MENSUALITÉS » PHOTO MAURICIO DÍAZ CHEZ FLICKR |
Pouvoir et syndicats se disputaient ardemment sur l'impact de la grève.
Les transports publics fonctionnent à 95%, et la situation était "tout à fait normale" dans les trains de Santiago, à l'aéroport comme dans les ports du pays, a assuré le ministre des Transports Pedro Pablo Errazuriz.
"Tout le monde sait bien que le pays n'est pas normal aujourd'hui", a contesté Arturo Martinez, président de la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT), premier syndicat du pays représentant 10% des actifs, et à l'origine de la grève.
Pour le gouvernement de droite de Sebastian Piñera, qui traverse sa pire épreuve sociale en 17 mois au pouvoir, la grève est "injustifiée" et "opportuniste", dans l'aspiration de la contestation étudiante qui réclamé depuis mai une réforme de l'éducation.
Parmi les demandes des grévistes, figuraient entre autres, une baisse des impôts, une réforme des retraites, du code du travail, et une meilleure affectation des dividendes de la forte croissance du Chili (5,2% en 2010, 8% depuis janvier) à l'éducation ou la santé.
Pour maints analystes, le malaise est partagé bien au-delà des étudiants: "c'est la crise d'un modèle qui, dans l'éducation, a généré de nombreuses inégalités, et dans le social se traduit par une faible protection des travailleurs", analyse le sociologue Manuel Antonio Garreton.
"A travers ces mobilisations, la société chilienne parle, cherche une façon de passer d'un ordre social pinochetiste à un ordre réellement démocratique, que nous n'avons pas encore", estime l'analyste de l'Université catholique.
L'éducation en est le point focal, il constitue un poste d'endettement majeur de dizaines de milliers de foyers chiliens en quête d'un enseignement de qualité. Ce que ne peut garantir le secteur public, parent pauvre du système depuis le désengagement de l'Etat sous les années Pinochet (1973-1990).
Dans la nuit de mardi, le vacarme des "cacerolazos", ce tintamarre citoyen de pots et casseroles, a résonné de nouveau dans plusieurs quartiers de la capitale, ressuscitant un geste spontané de défiance aux autorités, en vogue sous la dictature.
A Nunoa, un quartier branché de Santiago, il n'était pas le fait de militants, d'encapuchados, ni même d'étudiants, mais de centaines de familles de classes moyennes, enfants à leur côtés, a constaté l'AFP.
"Le gouvernement doit gouverner pour tous, les étudiants ne sont pas les seuls citoyens du pays", mettait en garde ce week-end M. Piñera, pris au mot cette semaine par les syndicats.