[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Le général Augusto Pinochet lors d'une cérémonie officielle le 11 mars 1988, à Santiago du Chili. Photo AFP
Ce sera un procès "symbolique", annoncent les associations d'anciens prisonniers politiques chiliens et de défense des droits de l'Homme, parties civiles au dossier.Il s'agira d'un procès "essentiel pour la mémoire et l'histoire, le premier qui déchiffrera l'ensemble de l'architecture répressive mise en place par Pinochet" et ne jugera pas seulement des cas individuels, assure Me William Bourdon, avocat de familles des disparus français ou franco-chiliens.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Le général Manuel Contreras le 1er août 1992 à Santiago du Chili. Photo AFP
Treize anciens membres chiliens de la junte et un Argentin, essentiellement des militaires, seront jugés du 8 au 17 décembre pour l'arrestation et la séquestration "accompagnées d'actes de torture et de barbarie" de ces opposants à la dictature. Parmi les accusés, le général Manuel Contreras, fondateur de la Direction du renseignement national (Dina, police secrète).
Si, comme cela est attendu, aucun d'eux ne se présente au procès ou n'est représenté par un avocat, la cour d'assises ne siègera pas dans sa formation complète --avec un jury populaire-- mais sera composée de trois magistrats professionnels.
"Rien n'interdit cependant que les débats se rapprochent de ceux d'une audience ordinaire" avec lecture de l'acte d'accusation, examen de chacune des disparitions et auditions de témoins, remarque le parquet général.
Une trentaine de témoins --éparpillés au Chili, en Argentine, au Canada, aux Etats-Unis-- ont d'ailleurs été convoqués, anciens militants torturés par la junte ou "grands témoins de conscience" comme l'écrivain Luis Sepulveda ou le défenseur des droits de l'Homme Stéphane Hessel.
Mais tous ne viendront pas.
"Cette histoire dure depuis 37 ans, observe Ricardo Parvec, president de l'Association d'ex-prisonniers politiques chiliens - France (AEXPPCH). Chaque péripétie de la procédure a fait que certaines personnes sont fatiguées, sont retournées au Chili, ont abandonné ou sont décédées".
Sur les 19 responsables de la junte initialement mis en examen par la justice française, cinq sont morts, et non des moindres: Paul Schaefer, fondateur de la Colonie de la Dignité (Colonia Dignidad), camp de séquestration et de torture situé dans la Cordillère des Andes, a disparu en avril dernier et Augusto Pinochet est mort en décembre 2006.
Le général chilien, au pouvoir de 1973 à 1990, sera le grand absent des débats. Il était poursuivi pour "complicité de crimes, d'arrestations, de détentions et de séquestrations accompagnés de tortures ou d'actes de barbaries, en donnant des instructions pour les commettre".
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Dictature chilienne: la France va juger 14 anciens militaires.. Photo AFP
Il reste, aux yeux de l'accusation, "le chef d'orchestre (...) d'une politique de répression sur tout le territoire chilien", maître d'œuvre d'un système que le procès dissèquera avec la volonté de faire date: il sera filmé et enregistré, comme le furent ceux de Paul Touvier et Maurice Papon.