Le juge Roger Le Loire, le 1er octobre 2009 à Paris. PHOTO AFP
Le magistrat Roger Le Loire sera le premier des trois juges d'instruction qui enquêteront successivement sur ces disparitions.
"J'ai demandé aux autorités anglaises de me déplacer pour entendre le général Pinochet. Cette faculté m'a été refusée (...) implicitement car je n'ai jamais eu de réponse écrite", a expliqué M. Le Loire entendu comme témoin au deuxième jour du procès de 14 membres de l'ex-junte chilienne jugés en leur absence.
"La Chancellerie, s'est souvenu le juge, m'a dit qu'il y avait peut-être des enjeux supérieurs" dans ce dossier.
En mars 2000, Pinochet a été remis en liberté par les autorités britanniques et est rentré au Chili. Il est mort en 2006 sans avoir été jugé.
Durant son instruction, Roger Le Loire a également essayé d'entendre l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger sur des documents faisant état de l'approbation américaine envers le Plan Condor, campagne de répression menée conjointement par plusieurs dictatures d'Amérique latine.
En visite en France, Kissinger reçoit au Ritz, le palace parisien où il séjourne, la visite de policiers de la brigade criminelle qui lui remettent une convocation du juge.
"On m'a rapporté qu'il était aussitôt allé se réfugier à l'ambassade des Etats-Unis", a raconté M. Le Loire. Les autorités américaines invoqueront l'immunité diplomatique de l'ancien dirigeant qui ne sera pas entendu.
Le magistrat a également dû composer avec le silence des autorités argentines, destinataires d'une commission rogatoire restée sans réponse. Au Chili, la Cour suprême a refusé toutes les demandes d'actes du juge français qui a finalement pu bénéficier d'une collaboration informelle avec le juge chilien Juan Guzman, meneur obstiné des enquêtes sur les crimes de la dictature.
Au final, quatorze ancien membres de la junte sont jugés à Paris jusqu'au 17 décembre, pour la disparition de quatre Français ou Franco-Chiliens entre 1973 et 1975.