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UNE FEMME MARCHE EN FACE D'UNE PEINTURE MURALE À EL ALTO, LA PAZ EN BOLIVIE. PHOTO JUAN KARITA |
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LE TÉLÉPHÉRIQUE QUI UNIT EL ALTO Y LA PAZ. PHOTO MARTIN ALIPAZ |
« GRAND CONSTRUCTEUR »
« Il y a toujours des conflits dans différents secteurs, mais ils ne remettent pas en cause l’hégémonie du gouvernement », précise le politologue et spécialiste du MAS, Hervé Do Alto. Crédité de plus de 57 % des intentions de vote selon les derniers sondages, M. Morales devancerait dimanche de plus de 40 points l’entrepreneur centriste Samuel Doria Media, son adversaire le plus sérieux. Un taux d’approbation faisant de lui l’un des chefs d’Etat les plus populaires d’Amérique latine.
Les raisons de cette popularité sont nombreuses. Pour Pablo Stefanoni, journaliste argentin et ancien conseiller du dirigeant socialise, « Evo Morales a gardé son aura de chef populaire » et reste le « représentant d’un renouvellement de l’élite ». Depuis son arrivée au pouvoir, « l’Etat a fait une place aux indigènes et aux paysans, ce qui n’avait jamais été le cas avant », insiste Pablo Stefanoni.
« Il est des nôtres, c’est un président qui est fier de ses origines », salue Clemente Paco, un agriculteur de la province d’Ingavi, venu mercredi à El Alto. « Beaucoup de Boliviens se sentent représentés par le président », souligne à son tour le sociologue George Komadina, qui rappelle aussi la reconnaissance internationale dont jouit Evo Morales.
« Les gens voient en Evo Morales un grand constructeur »[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
EVO MORALES SOUTIENT UN LINGOT DE PLOMB LE 10 SEPTEMBRE 2014 À POTOSÍ (BOLIVIE). PHOTO DAVID MERCADO |
Le gouvernement a mis en place des bons d’aide aux personnes âgées et aux enfants scolarisés. Il a construit des écoles, des hôpitaux ou des terrains de jeux. « Résultat, les gens voient en Evo Morales un grand constructeur », analyse M.Komadina. « Dans notre région, il a fait goudronner les routes, a installé le système d’égouts et financé des tracteurs », remercie l’agriculteur Martin Mamani, de la province d’Aromas.
« ENFIN DE LA STABILITÉ »
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EVO MORALES EN COSTUME TRADITIONNEL |
Le système de pouvoir mis en place par Evo Morales n’est pas exempt de critiques, notamment dans le domaine de la justice, trop souvent mise au service de l’exécutif. « La corruption au sein des institutions a aussi été dénoncée mais très peu sanctionnée », note George Komadina, dénonçant un « hyper-présidentialisme » alors que le MAS, qui regroupe la majorité des mouvements sociaux, concentre tous les pouvoirs.
Evo Morales a aussi été très critiqué en 2013 pour avoir décidé de la construction d’une route traversant le parc naturel du Tipnis, aux dépens de communautés amazoniennes. Ce projet a entraîné une cassure au sein des peuples indigènes et poussé Fernando Vargas à se présenter pour le Parti vert de Bolivie, mais il est crédité d’à peine 1 % des intentions de vote. « Moi, je ne trouve pas sain de ne pas avoir plus d’opposants ou de projets d’alternance dans une démocratie », indique un fonctionnaire qui refuse de dire son nom. Peu convaincu par le gouvernement, ce jeune père de famille votera toutefois pour Evo Morales dimanche, « car le plus important pour un pays est qu’il soit stable, qu’il y ait de la continuité. Et, avec ce gouvernement, admet-il, nous avons enfin cette stabilité. »
Chrystelle Barbier (La Paz, envoyée spéciale)
Journaliste au Monde