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PHOTO EPA/MARIO RUIZ (EFE) |
La nouvelle haut-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, vient d’un pays meurtri par les crimes de la dictature du général Pinochet. Dans un climat d’impunité qui protège toujours les agents de la dictature, le Chili de la transition démocratique se confronte à un nouvel enjeu en matière de droits humains: le respect des droits des peuples autochtones.Esteban Muñoz
Collectif Nouvelles Générations Chili
MICHELLE BACHELET, EX-PRÉSIDENTE CHILIENNE DEVENUE HAUT-COMMISSAIRE DE L'ONU AUX DROITS DE L'HOMME, PRISE EN PHOTO À SON BUREAU À GENÈVE, LE 3 SEPTEMBRE 2018 PHOTO FABRICE COFFRINI |
Le peuple mapuche représente 10% de la population du pays
«Nous n’avons pas besoin de la loi antiterroriste», manifestait pourtant Michelle Bachelet, candidate à un deuxième mandat présidentiel en 2013. Mais son gouvernement l’invoqua contre huit dirigeants mapuche en septembre 2017, à partir d’un montage des services de renseignements. Ceux-ci fabriquèrent de fausses preuves sur un supposé trafic d’armes entre le Chili et l’Argentine. Le scandale éclata suite à l’enquête des propres bureaux du procureur. Il n’y a toujours pas de procédure pour établir les responsabilités politiques dans cette affaire.
La rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz, a présenté son rapport annuel cette semaine, une étude thématique sur les agressions contre les activistes autochtones. Elle mentionne notamment que « selon certaines sources, des juges et des procureurs se sont faits complices d’un usage abusif des dispositions pénales en acceptant de faux témoignages, en délivrant des mandats sans preuves suffisantes, en tolérant que des poursuites infondées suivent leur cours et en interprétant de façon erronée la loi pour engager des poursuites contre des défenseurs autochtones». Elle souligne la préoccupation de la Cour interaméricaine des droits de l’homme dans le cas du peuple mapuche.
La criminalisation des demandes des autochtones est une problématique mondiale qui engage la responsabilité des États. La solution passe nécessairement par la recherche de chemins politiques qui impliquent tous les acteurs du conflit, y compris les secteurs injustement ostracisés. Néanmoins, les projets d’investissement des sociétés transnationales restent systématiquement le fond du problème. Entre-temps, la haut-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, devrait donner tous les moyens possibles pour assurer la protection des dirigeants autochtones qui luttent pour défendre leurs droits légitimes. Sans oublier que le Chili ne fait pas exception dans ce phénomène préoccupant d’agressions, en l’occurrence contre le peuple mapuche.
(TDG)