vendredi 28 septembre 2018

ABUS SEXUELS AU CHILI : LE PAPE RENVOIE FERNANDO KARADIMA DE L’ÉTAT CLÉRICAL


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FERNANDO KARADIMA.
PHOTO LUIS HIDALGO/AP
Le Saint-Siège a annoncé, vendredi 28 septembre, que le pape François avait renvoyé de l’état clérical Fernando Karadima, ce prêtre du diocèse de Santiago dont la mise au jour des multiples abus a révélé la grave crise de l’Église chilienne.
« Le Saint Père a pris cette décision exceptionnelle en conscience et pour le bien de l’Église », précise un communiqué du Vatican selon lequel le pape a usé de son « pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel » dans l’Église, « conscient de son service au peuple de Dieu comme successeur de Pierre ».

« Un cas très grave de pourriture »

Cela signifie que la sanction infligée à l’ancien prêtre Fernando Karadima l’a été directement par le pape lui-même, en dehors de toute procédure ou jugement. Elle n’est en outre pas susceptible d’appel.

« Nous étions confrontés à un cas très grave de pourriture et nous avons dû l’éradiquer, a précisé le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège Greg Burke. C’est sans aucun doute une mesure exceptionnelle mais les crimes graves de Karadima ont causé des dommages exceptionnels au Chili. »

Le Vatican a précisé que le décret, signé jeudi par le pape, avait été notifié dès ce vendredi à l’intéressé.

Un véritable système d’abus

Curé de la paroisse du Sacré-Cœur d’El Bosque, un quartier chic de Santiago, de 1980 à 2006, Fernando Karadima s’y est rendu coupable de nombreux abus sexuels sur mineurs.

Le prêtre chilien a été à l’origine, au sein de la bourgeoisie santiagoise, de nombreuses vocations sacerdotales qui ont peu à peu formé un véritable système d’abus révélé par l’enquête conduite en février dernier, à la demande du pape, par Mgr Charles Scicluna et Mgr Jordi Bertomeu.

Au sein du séminaire de Santiago, les jeunes accompagnés par Karadima formaient un groupe soudé, quasi sectaire selon les témoignages. Ils se percevaient comme une « élite », qui entendait refonder l’Église chilienne en appuyant fortement sur l’identité sacerdotale.

Sept évêques démissionnés au Chili

Au fil des ans, ces prêtres ont pris des responsabilités dans le diocèse de Santiago mais aussi dans tous ceux dont le séminaire de Santiago formait les prêtres. Au total, ces 57 prêtres sont devenus, pour beaucoup, curés mais aussi vicaires épiscopaux, professeurs ou formateurs de séminaires et mêmes, pour quatre d’entre eux, évêques.


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