mercredi 19 septembre 2018

PÉTROLE : LE VENEZUELA S'ENGAGE À LIVRER 1 MILLION DE BARILS PAR JOUR À LA CHINE


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NICOLAS MADURO (À DROITE) S'EST ENGAGÉ AUPRÈS DE SON
HOMOLOGUE CHINOIS XI JINPING À LIVRER À LA CHINE
300.000 BARILS DE PÉTROLE DE PLUS PAR JOUR D'ICI À 2019
PHOTO FRANCISCO BATISTA 
C'est ce qu'a annoncé le président vénézuélien, Nicolás Maduro, au retour d'un voyage officiel à Pékin. [ Le Venezuela est victime d’une guerre économique à l’interne et de sanctions internationales qui contribuent en grande partie à la crise actuelle
Jean-Michel Gradt 
Pour les Vénézuéliens qui n'ont pas encore pris  les routes de l'exode , l'annonce pourrait faire l'effet d'un petit ballon d'oxygène dans un pays à bout de souffle. « Les exportations de pétrole vers la Chine vont être portées à un million de barils », s'est félicité le président Nicolás Maduro en dressant le bilan de son voyage officiel à Pékin.

C'est, selon les estimations des experts, 300.000 barils par jour de plus que la moyenne de 2017. L'objectif, désormais, est d'atteindre ce niveau d'exportation d'ici à août 2019.

De quoi faire revenir au premier plan ce pays qui possède les plus importantes réserves mondiales et à qui le pétrole fournit 96 % des revenus ? Sans doute pas, au vu de la production qui s'est effondrée en dix ans. En juin dernier, elle était de 1,5 million de barils par jour (mb/j), selon les chiffres publiés par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Soit deux fois moins qu'en 2008 (3,228 millions).

Autre incertitude : on ignore quelle sera la contribution de Pékin au projet. Le dirigeant chaviste ne l'a pas précisé, se contentant de dire que les investissements des deux pays étaient évalués à quelque 5 milliards de dollars.

Pékin, à la fois allié et créancier

La Chine de Xi Jinping est l'un des principaux alliés et créanciers du Venezuela. Le géant asiatique, qui a un inextinguible besoin de pétrole, lui a prêté quelque 62 milliards de dollars en dix ans, principalement en échange de pétrole. La dette de Caracas vis-à-vis de Pékin s'élève encore aujourd'hui à près de 20 milliards de dollars.

Le Venezuela est un bon payeur

En 2016, les conditions de remboursement ont été assouplies. Selon les analystes, cette « flexibilisation » inclut une période durant laquelle le Venezuela pourra déduire une partie des intérêts de sa dette afin de continuer à percevoir des liquidités, essentielles dans le contexte actuel de crise. Interrogé sur ce point, Nicolás Maduro s'est refusé à préciser si cette disposition avait été prolongée. « Le Venezuela est un bon payeur. Dans les moments les plus difficiles, il a démontré sa capacité à honorer ses engagements avec la Chine [...]. Les comptes sont clairs avec eux. »

Un nouveau bolivar adossé au petro

Sur le plan intérieur enfin, Nicolás Maduro ne peut guère compter sur ce contrat, pas plus que sur les 27 autres accords conclus en Chine , pour retrouver les faveurs des Vénézuéliens confrontés à la famine et l'hyperinflation, ainsi qu'à la répression. En août dernier, le bolivar a été dévalué de près de 95 % . L'ancienne monnaie vénézuélienne, qui ne valait même plus le papier sur laquelle elle était imprimée, a été dévaluée au profit d'un nouveau bolivar - le «bolivar souverain », qui remplace 100.000 anciens bolivars.

La nouvelle devise est adossée au petro. La crypto-monnaie d'Etat controversée a été lancée par Maduro en février dernier. Sa valeur est adossée... au cours du baril d'or noir.

UNE INFLATION À 1.000.000 %

Depuis l'accession de Nicolás Maduro au pouvoir en 2013, le Venezuela s'est enfoncé dans une crise économique profonde. Le président a annoncé le 20 août dernier un plan de redressement comportant notamment la mise en circulation de nouveaux billets et la multiplication par 34 du salaire minimum. Un cautère sur une jambe de bois, selon le Fonds monétaire international, qui prévoit pour le pays une inflation de 1.000.000 % cette année.

Jean-Michel Gradt