samedi 1 septembre 2018

VÉNÉZUÉLA : LE GRAND SPECTACLE DES MIGRANTS SUR LA FRONTIÈRE PRÉPARE L'ATTAQUE MILITAIRE

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DE MILLIERS DE VÉNÉZUÉLIENS ENTRENT EN
COLOMBIE POUR FAIRE LEURS COURSES
 SAN ANTONIO DEL TÁCHIRA, VENEZUELA.- LE 17 JUILLET 2016 

AFP PHOTO / GEORGE CASTELLANOS

Les principaux médias ne donnent de chiffres que sur les Vénézuéliens qui quittent le pays et définissent ce phénomène comme une « crise humanitaire sans précédent» en accusant, entre autres choses, le Gouvernement de Maduro de ne pas donner de chiffres fiables sur cette situation. Silence sur les résultats d'un sondage réalisé sur la frontière du Venezuela et de la Colombie par l'OIM-ONU après lequel les images de l'exode biblique vers Cúcuta, la frontière de la traite, de al contrebande et des paramilitaires continuent à être diffusées. 
Ce sondage révèle que les raisons pour passer la frontière sont : 52% pour acheter, 17% pour rendre visite à la famille, 14% pour le travail, 5% pour le tourisme et 12% pour d'autres raisons. Silence aussi sur la rapport détaillé, complet, avec des cartes et des graphiques, révélé lors d'une conférence de presse par le ministre de la Communication Jorge Rodríguez pour rétablir le sens des proportions.

Et enfin, silence sur le nombre de Vénézuéliens, de plus en plus élevé comme le démontrent les demandes faites dans les consulats et les ambassades, qui veulent rentrer au pays, encouragés par les récentes mesures prises par le Gouvernement pour faire face à la guerre économique. Une centaine d'entre eux sont déjà rentrés du Pérou à bord d'un avion mis à leur disposition par le Gouvernement Bolivarien et ils décrivent les conditions en rien idylliques dans lesquelles ils ont dû survivre au Pérou xénophobe et néolibéral.

Au Venezuela, a dit Rodríguez, il y a 6,5 millions de citoyens étrangers : en majorité colombiens (5,6 millions) mais aussi péruviens (500 000) et équatoriens (400 000). Tous bénéficient des programmes sociaux du Gouvernement Bolivarien dans les pourcentages et pour les postes de dépenses que le ministre a indiqués avec précision. Par exemple, 20% des logements publics meublés par le Gouvernement ont été remis à des familles colombiennes : 438 110 logements. Au Venezuela, 582 000 enfants colombiens sont nés pendant ces 18 dernières années, 7% des naissances survenues dans le pays. La Mission Barrio Adentro (Dans le Quartier) réalise 66 millions de consultations par an dont 17% destinées à des Colombiens. En prenant en considération le fait qu'une visite médicale en Colombie coûte 30 dollars, tout cela représente un coût de 336 000 dollars.

Des dépenses qui s'ajoutent à celles de la nourriture remise par les CLAP, à celles de l'éducation gratuite qui en Colombie est payante et ainsi de suite... Des Colombiens « qui fuient le para-militarisme, la violence, le trafic de drogues et les assassinats de masse. » Le Venezuela est le pays d'Amérique Latine qui a accueilli avec plaisir et continue de recevoir le plus grand nombre de réfugiés sans s'être jamais vanté de recevoir des fonds de l'Union Européenne. 

D'autre part, l'Union Européenne, qui se bat tellement pour ne pas recevoir les migrants en Méditerranée, semble décidée à travailler dur pour protéger les migrants vénézuéliens sur les frontières avec la Colombie, l'Equateur ou le Brésil.

Le président du Gouvernement espagnol Pedro Sánchez, en voyage en Amérique Latine, a annoncé de Bogotá que l'UE a déjà destiné 35 millions d'euros à l'assistance aux migrants vénézuéliens dans la région et en particulier en Colombie. Pour l'occasion, le « socialiste » Sánchez a donné aux médias une autre perle d'hypocrisie en accusant le Gouvernement de Maduro de ne pas être démocratique parce qu'au Venezuela, il y a des « prisonniers politiques. » Sauf que celui-ci, quelques jours plus tôt, s'était vanté d'avoir refusé aux prisonniers politiques basques (en prison depuis des décennies) leur transfert dans une prison plus proche du lieu de résidence de leur famille... 

Comme nous l'avons souvent écrit, le problème des migrants sur les frontières doit préparer le terrain pour l'agression militaire du Venezuela et faire obstacle à la récupération économique dont le cœur est constitué par la réduction du pouvoir du dollar et la lutte contre la spéculation. Une menace qui est devenue de plus en plus tangible et qui pourrait être un sauf-conduit pour le Gouvernement Trump dans une crise à part entière et avec le Président en danger de procès politique.

Les déclarations du sénateur Marco Rubio, l'un des ennemis les plus fanatiques du “castro-madurisme” qui a rencontré le faucon John Bolton pour dire que le Venezuela est un grave danger pour toute la région latino-américaine vont dans ce sens. Rubio a insinué que Trump avait déjà pris une décision et que bientôt, il pourrait y avoir du nouveau à ce sujet.

Du nouveau annoncé par les différentes positions prises au sujet de la migration, par les prochaines manœuvres militaires en Amazonie, par la tournée de Mattis dans la région et par la récente militarisation des frontières du Brésil où le putschiste Temer a déclaré, comme Rubio, que le Venezuela est un danger pour la région. Le même gouvernement brésilien a dû admettre qu'il ne peut plus payer l'électricité que le Venezuela fournit à la zone frontalière à cause des sanctions imposées par les États-Unis et que cela s'ajoute à leurs divers problèmes. Et Trump a insinué à nouveau qu'il pourrait cesser d'acheter du pétrole vénézuélien. Du nouveau annoncé aussi par la position de l'Equateur avec la trahison de Lenin Moreno. Après 11 ans d'absence, les Forces Armées équatoriennes participent à nouveau aux manœuvres militaires « Unitas, » organisées par les États-Unis.

Pendant ce temps, l'habituel Almagro prépare pour le 5 septembre une autre réunion de l’OEA pour inventer de nouvelles attaques contre le Gouvernement Bolivarien. Diosdado Cabello, président de l'Assemblée Nationale Constituante, a dénoncé « le spectacle hollywoodien » organisé autour de a question migratoire. Une déclaration pertinente si on considère que du 2 mars au 28 août, il y a eu 721 informations à ce sujet, 187 seulement en août. 81% de ces informations ont été diffusées dans les médias vénézuéliens, le reste dans les médias étrangers. Cependant, personne n'a parlé des réfugiés colombiens au Venezuela.

L'image vendue est celle d'un État en faillite, d'un «narco-État qui aide les terroristes colombiens » comme l'ont dit Trump et son entourage, qui a provoqué une « crise humanitaire » dangereuse pour toute la région et qu'on en peut arrêter que grâce à une « intervention humanitaire » (identique à celle mise en place en Iraq, en Libye et en Syrie) et inaugurée par l'ouverture d'un « canal humanitaire extérieur. »

Si l'OIM et l'ACNUR participent à la réunion convoquée par Almagro le 5 de septembre, le début des hostilités va être validé avec la menace de la force militaire comme mesure préventive pour défendre la sécurité des États-Unis, » a dénoncé Samuel Moncada, ambassadeur suppléant à l’OEA et ambassadeur du Venezuela à l' ONU. Sous le prétexte des migrants, ils sont en train d'organiser un « coup de force contre le Venezuela, » a dit Moncada.

Et pour chauffer le spectacle hollywoodien, la hiérarchie ecclésiastique ne peut manquer, rien que pour donner une idée de ce qui se prépare contre la République Bolivarienne.

En Italia, lors d'une émission de Radio Radical, honteuse, à laquelle ont assisté certains des pires visages du fascisme vénézuélien, Oswaldo Azuaje, évêque du diocèse de Trujillio, a dit: «  Le Venezuela passe par une crise humanitaire sans précédent. Le pays est gouverné par un dictateur, les enfants meurent tous les jours, nous sommes dans une situation désespérée. Le président Maduro ne permet pas que l'aide humanitaire arrive. » Azuaje fera partie de la Conférence Episcopale du Venezuela (un véritable parti politique d'opposition) qui se tiendra du 4 au 17 septembre au Vatican …

Silence aussi des médias sur la réaction furieuse des forces puissances face aux mesures économiques prises par le Gouvernement Maduro avec le consentement du pouvoir populaire. Un patron basque qui réside dans le pays en a fait connaître une partie. Devant acheter des médicaments pour une amie qui rentrait d'une fête, il est entré dans une pharmacie de nuit, une de celles qui font partie de la chaîne privée Farmatodo. Là, il a été témoin du fait que tous les produits avaient été retirés par l'entreprise, déterminée à provoquer la pénurie pour éviter le nouveau système de « prix justes » établi par le Gouvernement avec le consentement de certains groupes patronaux. Après la dénonciation du basque, Farmatodo a signé le pacte. 

La fabrique de pneumatiques Pirelli, d'autre part, a fermé à cause du « manque de matière première. » La réaction des travailleurs et l’intervention du Gouvernement, cependant, ont fait reprendre la production. Ce que les médias ne disent pas est expliqué dans un enregistrement audio diffusé par des secteurs de Fedecamara et destiné aux patrons : l'idée est de fermer toutes les usines, de licencier les travailleurs et ensuite de les reprendre au bout de 6 mois. Une astuce pour que le Gouvernement, qui a garanti qu'il compenserait les augmentations de salaire pendant la période d'ajustement monétaire, ne puisse pas faire face à l'urgence.

Beaucoup de travailleurs ont été licenciés arbitrairement mais la réaction du pouvoir populaire ne s'est pas faite attendre. Les gens ont dénoncé les spéculateurs et plus de 130 personnes ont déjà été emprisonnées.

Une fois de plus, ce dont les médias ne parlent pas, c'est de la forte marge de bénéfice que les capitalistes auraient encore, même dans un pays qui n'a pas proscrit la bourgeoisie mais a porté sévèrement atteinte aux relations de propriété. 




Source en espagnol : resumen latinoamericano