lundi 21 mars 2016

ARGENTINE - COUP D'ÉTAT : 40 ANS DÉJÀ

ARGENTINE - COUP D'ÉTAT : 40 ANS DÉJÀ  
Au cours de ce qui sera qualifié de « guerre sale », les militaires argentins s’attachent à «nettoyer le pays» et éradiquer ce que la junte appelle la «pensée subversive» ainsi que les « terroristes », à savoir «toute personne qui propage des idées contraires à la civilisation occidentale et chrétienne». Au cours des années qui suivent, les militaires assassinent ou font disparaître entre 10 000 et 30 000 personnes. Parallèlement, quelques 500 000 opposants au régime se voient contraints à l’exil, pour échapper à la répression.

Plusieurs centaines de centres de détention secrets sont ouverts dans tout le pays, le plus tristement célèbre étant la Escuela de Mecánica de la Armada (ESMA) à Buenos Aires. La torture y est pratiquée de manière systématique (1). Plus de 5 000 prisonniers sont assassinés et disparaissent, probablement jetés à la mer depuis des avions. Les jeunes femmes enceintes détenues accouchent dans ces centres ; elles sont ensuite exécutées et leur enfant placé dans des familles de militaires. On parle de plus de 500 enfants dont 119 ont été identifiés jusqu’à présent par les associations Mères et Grands-mères de la Place de Mai.

Parallèlement, dès 1976, la junte participe activement au Plan Condor, une collaboration des services secrets des dictatures militaires du Chili, de l’Argentine, de l’Uruguay, du Paraguay et du Brésil afin de traquer les opposants politiques aux différentes dictatures réfugiés sur leurs territoires. En 1982, le régime militaire argentin décide de récupérer les Iles Malouines, ce qui déclenche une guerre ouverte avec le Royaume-Uni de Margaret Thatcher. L’Argentine perd la guerre. La junte militaire cède la place à un gouvernement civil démocratiquement élu, avec pour président Raúl Alfonsin.


Ce collectif rassemble des Français et des Argentins, vivants en France, qui assument la mémoire en tant que responsabilité à la fois historique et morale, luttant en permanence pour la vérité et la justice, pour informer les nouvelles générations des crimes commis par l’État argentin entre 1972 et 1983. Le collectif considère que « ceux qui ont planifié et exécuté ces politiques doivent être jugés et punis pour les crimes de lèse-humanité ». L’association, dirigée par Alicia Bonnet-Krueger et Estella Belloni, veut maintenir la mémoire vivante pour transmettre son histoire et éveiller les consciences de sorte que ces faits ne se reproduisent plus jamais, ni en Argentine, ni en France, ni ailleurs. Elle est autonome, indépendante et non partisane (2).

Pour commémorer le 40ème anniversaire du coup d’État militaire argentin, le Collectif Argentin pour la Mémoire honorera les victimes à travers deux événements marquants, les 8 et 12 mars prochain à Fontenay-sous-Bois. Ils seront le point de départ d’autres activités qui se dérouleront tout au long du mois de mars (3). De nombreuses personnes ont accompagné le collectif pour retrouver des archives, des photos, des affiches, des vidéos, des articles de presse qui mettent en lumière la détermination, le courage et l’engagement des femmes et des hommes sans lesquels la vérité n’aurait jamais été dévoilée en France, en Europe, dans le monde sur la tragédie argentine.

Le Collectif 40 ans pour l’Argentine à Paris

Il est composé des associations France Amérique latine, l’Association des ex-prisonniers politiques chiliens en France et la Casa Santa Fe. L’association France Amérique latine (FAL) s’attache à faire connaître l’histoire, la culture, les mobilisations et revendications des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes dans toutes leurs richesses et diversité. C’est en faisant connaître et en soutenant leurs combats, leurs expériences collectives en faveur du respect des droits humains, de la démocratie sociale et politique, pour le développement économique et le respect du “bien vivre” ou de l’environnement, que FAL manifeste sa solidarité (4).

Les objectifs de l’Aexppch sont la lutte contre l’impunité au Chili, le devoir de mémoire, la lutte pour la défense des droits de l’Homme et dénoncer la Constitution de Pinochet toujours en vigueur. Casa Santa Fe, elle, est une association culturelle qui veut favoriser la connaissance entre la France et l’Argentine, en veillant particulièrement à la connaissance de leurs régions et provinces, ainsi que celles des pays du Cône Sud du sous-continent latino-américain.

Le Collectif Mémoire-Vérité-Justice Rhône-Alpes

En 2006, des associations d’Argentins, de Chiliens, d’autres pays latino-américains et de sympathisants français de l’agglomération grenobloise et de Lyon, créent le Collectif Mémoire-Vérité-Justice. Ce collectif a organisé un ensemble de manifestations ayant pour but de perpétuer la mémoire des événements tragiques qui ont eu lieu au cours des dictatures en Amérique Latine dans les années 1970. Le collectif veut apporter son soutien aux luttes de la société civile, en particulier à celles des Mères et Grands-Mères de la Place de Mai et à celles de nombreuses autres associations qui mènent des actions de défense des Droits de l’Homme et réclament le jugement et la punition des responsables.

Le collectif (actuellement composé de 11 associations grenobloises) (5) et la Ville de Grenoble vont organiser un ensemble de manifestations pendant l’année 2016, à l’occasion du 40e anniversaire de l’avènement de la dictature argentine. Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, partenaire historique du collectif, s‘est ensuite associé à eux ainsi que de nombreux autres acteurs culturels de la ville de Grenoble.

Quatre invitées emblématiques de ces luttes seront présentes : Estela Carlotto, grand-mère de la Place de Mai ; Nora Cortiñas, mère de la Place de Mai ; deux victimes du Plan Condor, Macarena Gelman enfant volée par la dictature qui a aujourd’hui retrouvé son identité et Sara Méndez, dont le fils Simon maintenant récupéré, lui fut volé par les forces répressives lors de son arrestation. Elles participeront à une conférence-débat et échangeront avec le public. Leur présence est particulièrement importante car aujourd’hui même en Argentine, après la victoire de la droite aux dernières élections, certains secteurs nostalgiques de l’époque de la répression remettent en cause la politique d’État en faveur des droits de l’homme.

Jac FORTON


(1) Texte repris de l’association Trial de Genève; SITE –  
(2) Adresse du Collectif : colectivoargentino@gmail.com.
(5) Adresse du Collectif Mémoire-Vérité-Justice-Rhône Alpes : collectifmemoire4@gmail.com. Voir le programme complet de l’année sur leur SITE.