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LA PRÉSIDENTE CHILIENNE MICHELLE BACHELET PRONONCE UN DISCOURS POUR LES DROITS DE L'HOMME ET LA PAIX À L'UNIVERSITÉ NATIONALE AUTONOME DU MEXIQUE, LE MARDI 7 AOÛT 2018. PHOTO JOSÉ MÉNDEZ |
L’ancienne présidente du Chili succède au Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, alors que le Conseil des droits de l’homme observe une montée des populismes dans de nombreux pays et que son rôle et son fonctionnement sont remis en cause, notamment par les États-Unis qui ont préféré s’en retirer.
Ce vendredi 31 août, le Conseil des droits de l’homme change de haut-commissaire. Le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein est remplacé par Michelle Bachelet. Les 193 États membres de l’ONU ont entériné le vendredi 10 août en assemblée générale la nomination de l’ancienne présidente du Chili de 2006 à 2010, puis de 2014 à 2018, à la direction du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
Sa candidature a été proposée par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Entre ses deux mandats de présidence au Chili, Michelle Bachelet avait été chargée de gérer à sa création, ONU Femmes, l’agence des Nations unies promouvant l’égalité entre les sexes.
Michelle Bachelet est la fille d’un général opposé au coup d’État d’Augusto Pinochet, décédé en 1974 après des mois de cellule et de torture. En 1975, alors étudiante en médecine, elle avait eu affaire à la police politique.
Le Conseil accueille des pays peu soucieux des droits de l’homme
Le Conseil des droits de l’homme, basé à Genève, a pour vocation de passer en revue le sort réservé aux droits de l’homme par l’ensemble des pays de la planète. Chaque année, 42 pays tirés au sort font l’objet d’un examen complet.
Le Conseil des droits de l’homme a été créé en 2006 pour remplacer la commission des droits de l’homme, et compte 47 États membres. Ceux-ci sont élus par l’Assemblée générale de l’ONU pour un mandat de trois ans renouvelable une fois. Un quota de sièges est attribué à chaque continent : treize pour l’Afrique, treize pour l’Asie, huit pour l’Amérique latine et les Caraïbes, six pour l’Europe orientale et sept pour l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.
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Le Conseil a été critiqué pour la place qu’il a donnée à des pays peu respectueux des droits de l’homme comme la Libye, Cuba, l’Iran ou l’Arabie saoudite. En théorie, l’appartenance au Conseil implique pour un pays d’avoir des standards élevés en matière de droits de l’homme.
En 2011, la Libye avait été suspendue du Conseil après la répression des manifestants du printemps arabe par Mouammar Kadhafi. Une telle décision requiert une approbation des deux tiers de l’Assemblée générale de l’ONU.
« Nous ne sommes pas ici pour nous taire »
« Cette institution est révélatrice du nouveau poids des pays du Sud. Mais, ces derniers n’ont pas et ne veulent pas avoir de discours cohérent sur les droits de l’homme, explique Philippe Moreau Defarges, à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Les pays occidentaux, en matière de droits de l’homme, sont perçus comme très hypocrites, au vu des détentions arbitraires à Guantanamo ou de la condition des Palestiniens, par exemple. »
En juin dernier, les États-Unis ont signifié leur désaccord avec le Conseil en s’en retirant. Pourtant, le Conseil n’est pas dépourvu d’utilité aux yeux des ONG. Dès 2011, il a mis en place une commission d’enquête sur la Syrie dont les nombreux rapports se sont exclusivement fondés sur des sources de première main.
Michelle Bachelet hérite d’un poste sensible à l’heure de la montée des populismes. « Nous ne sommes pas ici pour nous taire », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein le 27 août. Il a encouragé son successeur à ne pas hésiter à condamner publiquement les abus.
Pendant son mandat, le diplomate jordanien dit avoir compris que « tous les États étaient en construction et qu’une ou deux générations de politiciens irresponsables pouvaient détruire n’importe quel État», citant les États-Unis, la Hongrie, mais aussi le gouvernement de droite polonais.