jeudi 23 mai 2019

IAN BROSSAT, MEILLEUR ESPOIR MASCULIN DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

IAN BROSSAT, MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
 DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES
PHOTO BLONDET ELIOT/ABACA
Il y a quelques mois, personne n’aurait misé un kopeck sur lui. Mais de débat en débat, d’interview en interview, Ian Brossat a prouvé qu’il avait sa toute place dans cette élection… Jusqu’à en être – peut-être – le candidat le plus prometteur.
Au premier débat des européennes, organisé le 4 avril sur France 2, personne ne l’attendait vraiment… Il fut finalement celui qui marqua le plus les esprits. Devant son poste de télévision, même Aurore Bergé, députée LREM pourtant acquise à Nathalie Loiseau, dut le reconnaître : « Brossat de loin le meilleur à gauche », tweeta-t-elle. À gauche seulement ? Entouré de candidats plus expérimentés, au caractère bien trempé, Ian Brossat était étonnamment comme un poisson dans l’eau.

Le phénomène Brossat


Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas entendu parler des communistes. Aux deux dernières consultations européennes, le PCF s’était rallié à une coalition du Front de gauche. De même aux deux dernières élections présidentielles, il soutenait alors Jean-Luc Mélenchon. Cette fois, le parti – qui a été le premier de France après la Seconde Guerre – a voulu de nouveau concourir sous ses propres couleurs. Les militants sont donc de retour et de plus en plus galvanisés à chaque meeting. L’explication de ce phénomène, que regarde surprise – voire méfiante – la classe politique ne tient qu’à un seul homme : Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement et tête de liste PCF pour ce scrutin européen.

Le fanion communiste ne fait plus peur. Bien avant les électeurs, ce sont surtout les médias qui ont adhéré à Ian Brossat. Au-delà des quotas de parole imposés par le CSA, on l’invite sur les plateaux, sachant pertinemment qu’il participera au show, à coups de petites répliques et de bons mots. « Nathalie Loiseau, c’est un peu la Richard Virenque de la politique, elle était candidate à l’insu de son plein gré », a-t-il par exemple lancé sur franceinfo. Certains de ses passages télé tournent même en boucle sur les réseaux sociaux. Comme quand, sur Public Sénat, il avait mouché un éditorialiste du Figaro. Celui-ci lui reprochait d’être complice des GAFAs, qu’il dénonce pourtant : « Vous utilisez Facebook. Vous utilisez Google. Vous pourriez aussi ne pas collaborer avec ces géants d’Internet. » Ce à quoi Brossat avait répondu : « Regardez : des tas d'éditorialistes du Figaro qui dénoncent le fonctionnement de la sécurité sociale, utilisent la sécurité sociale. Si vous voulez qu'on joue à ce petit jeu-là, ce sera contradiction pour contradiction. »

 UN ÉDITORIALISTE DU « FIGARO » MIS EN PLS PAR 
IAN BROSSAT, TÊTE DE LISTE PCF AUX EUROPÉENNES
[ Cliquez sur la flèche pour voir la vidéo ]
Ian Brossat est si à l’aise qu’il commence à faire peur à ses concurrents – certains diront « camarades » – de gauche. Benoît Hamon, pourtant ancien candidat à une présidentielle, pourrait bien se faire dépasser par ce nouvel arrivant. La France insoumise, de son côté, commence à s’inquiéter de voir plusieurs de ses voix s’envoler pour le PCF, son ancien allié. Même la liste Place publique/Parti socialiste se méfie de lui, puisque dans ses rangs, certains se laissent – sans le dire – séduire. Lors d’une promenade dans le XIe arrondissement de Paris, l’ancien président François Hollande a même félicité des militants communistes qui tractaient : « Il faut reconnaître que vous faites une très belle campagne. Peut-être même la meilleure campagne à gauche », leur a-t-il assuré. Et d’ajouter : « Il a l’avenir votre candidat », sachant parfaitement que ce compliment ne serait pas sans conséquence.

Parmi ses soutiens, Ian Brossat peut aussi compter sur une célébrité de choix : Josiane Balasko. L’actrice a même accepté de prêter sa voix au clip officiel de campagne.

Dimanche 23 mai, au soir des résultats, Ian Brossat pourrait-il créer la surprise ? Selon les sondages, il dépassera difficilement les 3% mais lui assure qu’il atteindra les 5%. C’est en effet une barre cruciale à franchir si l’on veut placer quelques-uns de ses candidats au Parlement européen. Pour cela, il devra, dans l’isoloir, convaincre au-delà de l’électorat communiste traditionnel. Il devra ravir, au dernier moment, des électeurs de la gauche qui n’étaient pas jusqu’alors acquis à son parti. Peu importe la conclusion, Ian Brossat pourra au moins se féliciter d’être la révélation de cette élection, encore plus que les inconnus de la nouvelle génération, à l’instar de Manon Aubry et Jordan Bardella.

 PIERRICK GEAIS
Journaliste pour Vanity Fair 

Sur Twitter : @pgeais