mercredi 21 janvier 2015

COMMENT SYRIZA VEUT SORTIR LA GRÈCE DE LA MISÈRE SOCIALE

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UNE PANCARTE ÉLECTORALE DU PARTI SYRIZA EN GRÈCE. PHOTO KOSTIS NTANTAMIS 
À cinq jours d’élections législatives cruciales, le député a tenu à souligner combien ce vote est inédit. Syriza n’a jamais gouverné, et non seulement les sondages le placent en tête depuis des mois, mais le député pense que le parti pourra "gouverner seul". Nous avons une loi électorale qui n’est pas juste, et que nous changerons quand nous serons au pouvoir. D’ici là, nous l’utiliserons à notre avantage. Elle nous permettra, si nous avons 35% des voix, d’obtenir la majorité absolue". Il imagine comme un "pis-aller" seulement de s’allier à un des petits partis du pays, qui "nous contraindrait à des compromis sur nos idées".

La politique d’austérité "a failli"

L’essentiel du programme est pour l’heure de "sortir de la misère sociale". Selon Katrougalos, les résultats économiques de la Grèce (27% de chômage, et même 55% pour les jeunes, un PIB qui s’est contracté de 25% en 6 ans, une dette qui a cru de 128% en 2010 à 175% aujourd’hui) prouve que la politique d’austérité "a failli". Les premières mesures, inspirées du programme dit de Salonique, -"pas exactement un programme économique à long terme", a précisé le député-, consisteront à aider les plus indigents. Rétablir l’électricité dans les 300.000 à 400.000 foyers chez qui elle a été coupée, augmenter le salaire minimum et les petites pensions au niveau où ils étaient avant la crise (soit une augmentation de 200 euros par mois pour le smic grec), aider les familles surendettées. Si le financement de ces mesures reste flou, l’eurodéputé est convaincu, qu’ "avec davantage de pouvoir d’achat, les Grecs consommeront davantage, ce qui boostera la croissance".                                   

Autre priorité de Syriza : mettre les oligarques au pas. Le parti qui dénonce un "système corrompu et clientéliste, où le pouvoir de l’argent a des liens avec le pouvoir politique", fustige ces grosses fortunes spécialistes de l’évasion fiscale. S’il arrive au pouvoir, il entend poursuivre "les gens riches que la crise a rendus encore plus riches". Les noms, a souligné l’eurodéputé, figurent sur une liste, dite liste Lagarde. Le député a sous-entendu –à mots couverts- que les plus réticents à contribuer au budget national pourraient être déchus de leur nationalité. Le parti a commencé sa pression sur les Tycoons hellènes depuis quelques jours en faisant des déclarations si fracassantes, que le Financial Times a consacré la semaine dernière une pleine page à cette chasse aux fortunes.



 "Changer l'Europe"

Si, a assuré Giorgos Katrougalos, son parti ne veut "ni sortir de l’euro, ni sortir de l’Union européenne", en revanche, il a bon espoir de "changer l’Europe, en la faisant sortir de sa trajectoire néo-libérale". Faisant feu de tout bois, il a pris les Etats-Unis en exemple. "Voyez Obama, il a augmenté le salaire minimum et a fait marcher la planche à billets. La croissance de son pays atteint 5%".

S’agissant de la dette, le parti de la gauche radicale réclame "une conférence internationale sur le modèle de la conférence de Londres de 1953, qui a réglé le problème de la dette allemande". Car, souligne l’élu "le problème de la dette grecque n’est pas qu’un problème grec, c’est un problème européen, le problème d’une Europe à deux vitesses. Il faut trouver un moyen de mutualiser cette dette".  Syriza suggère un programme de rachat massif par la BCE, qui, bien sûr, hérisse Berlin et Francfort.

Pour Giorgos Katrougalos, "les élections grecques sont historiques. Elles vont devenir le miroir de l’avenir de l’Europe". Il espère que grâce à un "effet de domino" le Vieux Continent basculera à l’extrême gauche grâce à la série de consultations qui auront lieu en Europe du Sud tout au long de l’année 2015, notamment en Espagne où la formation Podemos progresse de semaine en semaine. Pour lui, l’avenir s’ouvre sur un "nouveau monde", où l’alternance droite gauche appartiendra désormais au passé. 

Sabine Arnaud pour ChallengeSoir