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L'écart va, selon les sondages, de deux points à près de dix points. La victoire annoncée de Syriza donne des ailes aux autres partis de gauche radicale européens. Pablo Iglesias, le leader du parti espagnol qui monte, Podemos, est venu soutenir Alexis Tsipras jeudi. Foule joyeuse, drapeaux flottant au vent, les deux hommes se sont donné l'accolade sur l'estrade, tandis que retentissait le chant partisan "Bella ciao".
Vers un "Printemps européen" des peuples ?
"Un vent de changement démocratique souffle sur la Grèce. En Grèce, ce changement s'appelle Syriza ; en Espagne, il s'appelle Podemos", a lancé en grec Pablo Iglesias. En France, le leader du parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a prédit "un effet domino", un "Printemps européen" des peuples. Vendredi, Alexis Tsipras achevait son marathon électoral avec un dernier meeting public à Héraklion en Crète. Après la purge imposée au pays par ses créanciers, UE et FMI, en échange de 240 milliards d'euros de prêts, le gouvernement Samaras a réussi à ramener un peu de croissance depuis mi-2014, à obtenir un excédent budgétaire primaire (c'est-à-dire hors charge de la dette) et à faire une incursion réussie sur les marchés obligataires en avril.
Mais tout cela n'a pas changé la vie quotidienne des Grecs exaspérés. D'autant que le pays n'est pas sorti d'affaire, que le programme d'aide de l'UE a dû être allongé de deux mois, jusqu'à fin février, laissant en suspens sept milliards d'euros de prêts espérés à cette date. À l'instar des propos apaisants de Mme Merkel, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a déclaré également vendredi "ne pas être inquiet" de ce qui arrive en Grèce : "Quel que soit le vainqueur, nous travaillerons avec le nouveau Premier ministre dans la tranquillité et le respect du parcours établi."
Outre les dirigeants européens, les milieux financiers font désormais le dos rond en attendant dimanche. La Bourse d'Athènes, qui a perdu jusqu'à près d'un quart de sa valeur depuis décembre, s'est envolée de 6,14 % vendredi, au lendemain de l'annonce par la BCE d'un vaste programme de rachats d'obligations souveraines en Europe. Antonis Samaras tentera pour sa part, lors d'un dernier meeting vendredi soir à Athènes, d'éviter à la Grèce "un Premier ministre nord-coréen", dernière saillie d'une campagne basée sur la peur et l'exagération.