samedi 3 janvier 2015

AMÉRIQUE LATINE : APRÈS LE COUP DE FREIN, DE NOUVEAUX DÉFIS SE PROFILENT

Mais elle doit gérer une situation inconfortable sur plusieurs fronts : effondrement des cours du pétrole et baisse du prix de la plupart des matières premières, ralentissement de la Chine, son premier client, sans parler des défis liés à l’augmentation probable des taux d’intérêt américains. Si certains pays sont bien placés pour surfer sur la vague de 2015, la plupart risquent encore de se retrouver avec le vent dans le nez.

La région est loin d’être homogène. Schématiquement, il se dessine une sorte de coupure Est-Ouest. Coface, à l’instar de plusieurs organismes internationaux, divise la région en « bloc atlantique » et « bloc pacifique ». Dans le premier, les Etats ont une plus grande participation dans l’économie et une tendance plus interventionniste. Alors que les seconds, à l’instar du Mexique, du Pérou, de la Colombie et du Chili, qui se sont regroupés au sein de l’Alliance du Pacifique, sont de farouches partisans du libre-échange. Une ouverture qui leur garantit, selon Coface, des gains de productivité plus importants et leur permet d’attirer davantage d’investissements. « Ces tendances doivent se maintenir l’année prochaine. Ces pays possèdent des éléments en commun, toutes proportions gardées évidemment – par exemple, l’interventionnisme et l’inflation élevée au Venezuela ne sont pas comparables à ce qui se passe au Brésil », explique Patricia Krause, économiste de la Coface à São Paulo.
La fin du super-cycle des « commodities » est un coup dur pour la région, grande exportatrice de matières premières, même si certains s’y sont préparés, comme le Chili. Sur les marchés financiers, la fête est finie, depuis que la banque centrale américaine a cessé d’injecter massivement des liquidités. Le Brésil en a profité pour accumuler de solides réserves internationales (375 milliards de dollars), qui pourraient amortir le choc en cas de crise. Mais le retour aux grands équilibres, promis par Dilma Rousseff après sa réélection en octobre, sera crucial pour rétablir la confiance dans la plus grande économie de la région, qui tourne toujours au ralenti.

Echéances positives

La chute des cours du bari l a des effets plus contrastés. Catastrophique pour le Venezuela et pour tous les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes qui dépendent de l’aide du grand frère socialiste, dont Cuba, elle constitue aussi un coup dur pour l’Equateur, et dans une moindre mesure, pour la Colombie. Au Brésil, la rentabilité de la production dans le bassin pré-salifère est affectée. En 2015, le temps s’annonce « nuageux, voire pluvieux », résume André Meier, un économiste du FMI. Parmi les importateurs, en revanche, c’est surtout le Chili qui bénéficie de la conjoncture.

Sur le front des élections, la grande question est de savoir si la continuité observée cette année dans quatre pays (Brésil, Colombie, Bolivie, et Uruguay) va se poursuivre en 2015. Avec deux échéances potentiellement explosives : présidentielle en Argentine en octobre, et législatives au Venezuela en décembre. 

Thierry Ogier, Les Echos
Correspondant à São Paulo