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Le président brésilien Jair Bolsonaro souhaitait que le coup d’État soit « commémoré comme il se doit », à l’occasion de la date anniversaire des 50 ans.
Il va devoir revoir son plan de célébrer les 55 ans du coup d’État militaire. Une juge brésilienne a interdit vendredi au gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro de commémorer ce dimanche l’anniversaire du coup d’État de 1964, indiquant que l’initiative était « incompatible » avec la Constitution de 1988.
Selon cette magistrate de Brasilia, Ivani Silva da Luz, la commémoration proposée par le président Bolsonaro lui-même viole « le processus de reconstruction démocratique » promue par la Constitution. Par ailleurs, les dates commémoratives officielles doivent être approuvées par le Congrès. « Après des années de luttes politico-idéologiques, de résistance démocratique et de reconquête de l’État de droit, qui ont abouti à la promulgation de la Constitution fédérale, il est attendu de la concorde, de la sérénité et de l’équilibre de la part des institutions », a écrit la magistrate dans sa décision.
Lundi, le porte-parole de la présidence avait annoncé que le 31 mars 1964 devait être « commémoré comme il se doit » dans les casernes. Le Parquet fédéral avait réagi en recommandant que les régiments s’abstiennent « de promouvoir ou participer à toute manifestation publique pour célébrer le coup d’État militaire ».
Les procureurs avaient donné 48 heures aux chefs militaires pour les « informer des mesures prises pour se conformer » à cette interdiction, note le journal brésilien O Globo. L’entité responsable de la défense du citoyen avait estimé que ces cérémonies étaient « incompatibles avec l’État de droit démocratique ».
Face à la polémique, le président lui-même a nuancé ses propos jeudi, affirmant qu’il ne s’agissait pas de «commémorer, mais de « se remémorer » cet épisode de l’histoire brésilienne.
434 assassinats en 21 ans de dictature
Aucun détail n’avait jusque-là filtré sur les cérémonies prévues dans les casernes, mais un régiment de Sao Paulo a déjà célébré jeudi cet anniversaire avec la lecture d’un message du ministre de la Défense, Fernando Azevedo e Silva, pour qui les militaires ont servi de « rempart contre le totalitarisme ». Ce ministre, ancien général de l’armée, avait lui aussi indiqué jeudi qu’il ne souhaitait pas « célébrer » le coup d’État, mais plutôt le « rappeler » pour que les jeunes sachent ce qu’il s’était passé, soulignent le journal Estado de Minas ainsi qu’une journaliste d’O Globo sur Twitter.
Sous le mot d’ordre « Plus jamais de dictature », des manifestations sont prévues dimanche dans plusieurs villes brésiliennes. Car le souvenir de cette période est particulièrement douloureux. Selon un rapport publié en 2014 par la Commission nationale de la vérité, 434 assassinats ont été perpétrés au cours des 21 ans de régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et cas de torture d’opposants.