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Un interrogatoire poussé de Nicolas Zepeda-Contreras, suspecté d’avoir assassiné Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon, va être mené au Chili, courant avril. Le juge d’instruction, le procureur et des policiers bisontins vont traverser l’océan pour assister à cette audition. Un tournant dans ce dossier sensible, devenu aussi politique que judiciaire. Objectif de la France : obtenir l'extradition du mis en cause.
LE SOIR DE SA DISPARITION, NARUMI KUROSAKI A DÎNÉ AVEC SON EX-PETIT-AMI NICOLAS ZEPEDA CONTRERAS, VENU SPÉCIALEMENT EN FRANCE POUR LA VOIR. PHOTO JEAN PIERRE AMET |
Pour le parquet de Besançon, c'est une triste certitude : l’étudiante japonaise a été assassinée, en décembre 2016 dans sa chambre du campus de la Bouloie. Malgré d'intenses recherches, son corps n'a jamais été retrouvé, mais l’ensemble des preuves convergent vers un unique suspect. Nicolas Zepeda-Contreras, l’ex petit-ami de Narumi.
Un magistrat chilien posera les questions en présence de la délégation bisontine
Ciblé par un mandat d’arrêt international, ce jeune assistant-professeur de 28 ans s’est réfugié chez lui, au Chili, où il demeure hors d’atteinte pour la justice française. Le prochain interrogatoire que viennent de promettre les autorités sud-américaines, prévu courant avril, pourrait rebattre les cartes.
« Cette réponse est positive. De ce que nous avons compris, c’est un magistrat chilien qui interrogerait le suspect. Le juge d’instruction de Besançon, le policier directeur d’enquête et moi-même pourrions assister à l’échange et, si le Chili est d’accord, faire poser des questions en fonction de ses réactions », se félicite le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.
Une version chaotique, mise à mal par l'enquête
Nicolas Zepeda-Contreras est réputé intelligent. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir planifié son crime et la dissimulation du cadavre de Narumi. En février 2017, le Chilien avait été brièvement entendu par la justice de son pays. Le suspect avait alors livré une version peu convaincante, non compatible avec certains faits objectifs relevés par l’enquête. « Nous voulons être présents pour nous assurer que les éléments à charge du dossier d’instruction, et ils sont nombreux, seront soumis au suspect », insiste Etienne Manteaux.
Les autorités chiliennes semblent estimer les accusations suffisamment étayées, pour réentendre le mis en cause. Bémol : le camp Zepeda, qui a désormais accès au dossier, aura forcément peaufiné une stratégie de défense.
"Un nouvel espoir" pour la famille de Narumi
Me Sylvie Galley relaie la parole des proches de Narumi Kurosaki. L'annonce de la prochaine audition de Nicolas Zepeda-Contreras ravive une douloureuse lueur d'espoir, selon l'avocate.
Objectif final : obtenir l’extradition vers la France
Que ressortira-t-il de cet interrogatoire sous haute tension ? Fragilisée par l’absence du corps, l’enquête fait face à un tournant décisif. « Notre objectif est que le Chili juge les charges suffisantes pour mettre Nicolas Zepeda-Contreras en examen, ce qui ouvrirait la possibilité de l’extrader en France », décrypte le procureur de Besançon.
Les proches de l’étudiante japonaise, eux, restent dans une souffrance absolue, selon leur avocate Me Sylvie Galley. Obsédés, confie-t-elle, par « une question lancinante » que cette lueur d’espoir ravive douloureusement : « Nicolas Zepeda-Contreras va-t-il, oui ou non, révéler ce qui est arrivé à Narumi ? ».
Willy GRAFF
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