dimanche 21 avril 2019

AH ! SI JULIAN ASSANGE AVAIT ÉTÉ RUSSE...

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Le drame de Julian Assange, c'est d'être australien et non pas russe. S'il avait été poursuivi par le Kremlin, le fondateur de WikiLeaks serait considéré en Occident comme un esprit indépendant, un courageux dissident refusant de plier face à la raison d'Etat, le successeur de Soljenitsyne, le descendant des refuzniks, le symbole de la liberté persécutée. Il serait fêté par les télévisions, encensé par les éditorialistes. On chanterait sa gloire, on pétitionnerait en son nom, on déclamerait son combat. Bernard-Henri Lévy s'installerait dans une suite d'un palace de Moscou pour crier sa solidarité pleine et entière. Raphaël Glucksmann rebaptiserait sa liste pour les européennes du nom de ce nouveau héros. Les gouvernements se disputeraient l'honneur de lui offrir le droit d'asile. Son visage serait affiché sur la façade de l'Hôtel de Ville de Paris et Anne Hidalgo mettrait la tour Eiffel en berne jusqu'au jour de sa libération. 
LA «UNE»  DU «MONDE MAGAZINE»
 DATÉ 25 DÉCEMBRE 2010
6Temps de Lecture 1 min 7 s
Seulement voilà, Julian Assange n'est pas russe. Il est poursuivi de sa vindicte par l'empire américain. Il est donc suspect et soudain oublié de tous, y compris des journaux qui, voici peu, se nourrissaient de ses révélations. En décembre 2010, il était élu « personnalité de l'année » par le magazine Time, tandis que le Monde le sacrait «  homme de l'année ». Aujourd'hui, le journal du soir décrète qu'il a « quitté le monde des défenseurs des droits humains pour rejoindre celui des absolutistes de la transparence, faisant, au passage, un cadeau aux pires services de sécurité de la planète ». On est passé du coup de main confraternel au coup de poignard dans le dos.
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