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QUARANTE-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE
DE
LA RÉVOLUTION DES ŒILLETS
ILLUSTRATION ANDRÉ CARRILHO |
LA RÉVOLUTION DES ŒILLETS
1974 -25 AVRIL- 2019
LES ARCHIVES DU FIGARO - Le 25 avril 1974 des militaires portugais renversaient le régime autoritaire salazariste. L’éditorialiste Georges Dupoy expliquait, dans les colonnes du Figaro, les raisons de la chute du gouvernement par les guerres coloniales en Afrique et les visées des putschistes.
Une opération militaire pour rétablir la démocratie. Il y a quarante-cinq ans, le soulèvement de jeunes officiers portugais du MFA (Mouvement des Forces Armées) faisait tomber le régime salazariste, dirigé par Marcello Caetano -successeur depuis 1968 du dictateur António de Oliveira Salazar. Ce 25 avril 1974, c’est la fin de quarante-huit années de dictature, instaurée en 1926.
Une révolution sans presque aucune effusion de sang
C’est une chanson de José (connu sous le nom de Zeca) Afonso -Grândola, Vila Morena (Grândola, ville brune)- interdite par le pouvoir et diffusée sur la Radio Renaissance, qui donne le coup d’envoi du putsch. Il s’agit d’une révolte de jeunes qui contestent les conflits coloniaux en Afrique (déjà une décennie de coûteuses guerres, en hommes et en argent) et veulent rétablir la démocratie dans le pays. Tout bascule en quelques heures: le Premier ministre Marcel Caetano est contraint de quitter le pouvoir et de prendre le chemin de l’exil, direction Madère.
C’est une révolution pacifiste, aucun coup de fusil n’est tiré par le MFA: dans les canons des œillets donnés aux soldats! Les militaires sont en effet soutenus par la population en liesse. Contrairement à la demande des militaires de rester chez elle pour sa sécurité, elle descend dans les rues et acclame les putschistes. Elle salue la fin du régime autoritaire. Si quatre morts sont à déplorer -et une quarantaine de blessés- ils sont le fait de la police politique, la PIDE (Police internationale et de défense de l’État), qui résiste un temps avant de se rendre.
La junte lance «l’opération démocratie»
Ce même jour le général António de Spinola -gouverneur général et commandant en chef de la Guinée-Bissau, limogé le mois précédent en raison de son désaccord avec la politique du Portugal en Afrique- qui n’est pas à l’origine de la mutinerie, constitue «une junte de salut» avec six autres officiers supérieurs. Elle est destinée «à restituer au peuple portugais les libertés dont il a été privé trop longtemps et à définir concrètement et objectivement une politique qui conduise à la paix entre les Portugais de toutes races et croyances», peut-on lire dans Le Figaro du 26 avril 1974.
Le soulèvement militaire est accueilli avec prudence dans le monde. Des doutes existent sur les intentions de ceux qui ont proclamé un gouvernement provisoire. Mais ils sont rapidement levés après l’allocution télévisée du chef de la junte, comme le révèle le quotidien français: «Toutes les ambiguïtés sont tombées la nuit dernière, à propos du putsch militaire qui a renversé hier le gouvernement portugais, sur les hommes qui l’ont conduit et les buts qu’ils se sont assignés.» Ainsi l’homme au monocle promet «des élections libres pour la mise sur pied, dans un délai d’un an, d’une Assemblée constituante» et reconnaît que «la solution dans les territoires africains du Portugal est politique et non militaire.» Et de fait en moins de deux ans le Portugal revient dans le concert des démocraties européennes.
Une révolution sans presque aucune effusion de sang
C’est une chanson de José (connu sous le nom de Zeca) Afonso -Grândola, Vila Morena (Grândola, ville brune)- interdite par le pouvoir et diffusée sur la Radio Renaissance, qui donne le coup d’envoi du putsch. Il s’agit d’une révolte de jeunes qui contestent les conflits coloniaux en Afrique (déjà une décennie de coûteuses guerres, en hommes et en argent) et veulent rétablir la démocratie dans le pays. Tout bascule en quelques heures: le Premier ministre Marcel Caetano est contraint de quitter le pouvoir et de prendre le chemin de l’exil, direction Madère.
C’est une révolution pacifiste, aucun coup de fusil n’est tiré par le MFA: dans les canons des œillets donnés aux soldats! Les militaires sont en effet soutenus par la population en liesse. Contrairement à la demande des militaires de rester chez elle pour sa sécurité, elle descend dans les rues et acclame les putschistes. Elle salue la fin du régime autoritaire. Si quatre morts sont à déplorer -et une quarantaine de blessés- ils sont le fait de la police politique, la PIDE (Police internationale et de défense de l’État), qui résiste un temps avant de se rendre.
La junte lance «l’opération démocratie»
Ce même jour le général António de Spinola -gouverneur général et commandant en chef de la Guinée-Bissau, limogé le mois précédent en raison de son désaccord avec la politique du Portugal en Afrique- qui n’est pas à l’origine de la mutinerie, constitue «une junte de salut» avec six autres officiers supérieurs. Elle est destinée «à restituer au peuple portugais les libertés dont il a été privé trop longtemps et à définir concrètement et objectivement une politique qui conduise à la paix entre les Portugais de toutes races et croyances», peut-on lire dans Le Figaro du 26 avril 1974.
Le soulèvement militaire est accueilli avec prudence dans le monde. Des doutes existent sur les intentions de ceux qui ont proclamé un gouvernement provisoire. Mais ils sont rapidement levés après l’allocution télévisée du chef de la junte, comme le révèle le quotidien français: «Toutes les ambiguïtés sont tombées la nuit dernière, à propos du putsch militaire qui a renversé hier le gouvernement portugais, sur les hommes qui l’ont conduit et les buts qu’ils se sont assignés.» Ainsi l’homme au monocle promet «des élections libres pour la mise sur pied, dans un délai d’un an, d’une Assemblée constituante» et reconnaît que «la solution dans les territoires africains du Portugal est politique et non militaire.» Et de fait en moins de deux ans le Portugal revient dans le concert des démocraties européennes.
Retouvez en intégralité l’éditorial de Georges Dupoy, paru au lendemain des événements: «Putsch étrange dont les buts annoncés sont le retour à un régime démocratique et le désengagement en Afrique, l’«anti-Chili» en quelque sorte.»