[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
LORS DE LA MARCHE PLUSIEURS ONT DÉFILÉ SEINS NUS EN PLEIN AUTOMNE CHILIEN POUR DÉNONCER LA SEXUALISATION DE LA POITRINE FÉMININE. PHOTO DIEGO REYES VIELMA |
Les étudiantes chiliennes organisent une nouvelle manifestation ce vendredi 1er juin, après plus d’un mois d'une mobilisation historique contre les violences sexistes et sexuelles à l’université. Cette fois-ci, elles se sont donné rendez-vous à Valparaiso, troisième ville du pays et siège du congrès chilien, pour interpeller le président de droite Sebastian Piñera, qui prononce aujourd’hui son discours annuel devant les parlementaires. Près de 30 universités et lycées sont paralysés par ce mouvement féministe.
« ILS NOUS ONT ENLEVÉ TANT DE CHOSES QU'ILS NOUS ONT AUSSI ENLEVÉ LA PEUR. » PHOTO SANTIAGOADICTO/INSTAGRAM |
Une première
C'est la première fois qu'un mouvement féministe d'une telle ampleur a lieu au Chili et qu'il occupe complètement le débat public pendant plusieurs semaines. Les manifestations convoquées récemment ont réuni plus de 30 000 personnes dans la capitale et les étudiantes ont même pris possession pendant plusieurs jours de la très conservatrice et emblématique université catholique de Santiago, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de trente ans. En Argentine par exemple, un pays voisin, le mouvement féministe est fort depuis plusieurs années déjà, mais au Chili il n'avait encore jamais pris une telle importance.
Les mouvements féministes au Chili réclament d'abord des sanctions effectives en cas de harcèlement ou d'agressions sexuelles à l'université et une meilleure protection des victimes. Ensuite, davantage d’auteures femmes dans les bibliographies, plus de parité parmi les enseignants-chercheurs, ou encore une formation obligatoire pour les professeurs et les élèves concernant les problématiques de genre.
Les revendications vont même au-delà du cadre de l'université, puisque les étudiantes exigent aussi une loi contre les violences sexuelles et sexistes.
Propositions du gouvernement
Le président de droite Sebastian Piñera a demandé au Parlement d'examiner en urgence plusieurs textes de loi relatifs aux droits des femmes. Il a aussi annoncé l'inscription de l'égalité hommes-femmes dans la Constitution. Une réaction bien différente de celle qu'il avait eue face au mouvement pour la gratuité de l'université lors de son premier mandat en 2011.
Pourtant, ces réponses n'ont pas convaincu les étudiantes pour l'instant : certaines demandent la démission de plusieurs ministres, à commencer par celui de l'éducation, qui selon elles minimise la gravité des violences sexistes au Chili. Et la manifestation de ce vendredi a notamment pour but de rappeler l'opposition du mouvement féministe au gouvernement en place, majoritairement composé d'hommes de plus de 50 ans.