vendredi 15 juin 2018

ABUS SEXUELS AU CHILI : LA POLICE PERQUISITIONNE DES LOCAUX DE L’ÉGLISE


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LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CHILI, JORGE ABBOTT (AU CENTRE), 
QUITTE LES BUREAUX DU TRIBUNAL ECCLÉSIASTIQUE DE 
SANTIAGO  APRÈS AVOIR RENCONTRÉ L'ARCHEVÊQUE 
CHARLES SCICLUNA, LE MERCREDI 13 JUIN 2018.
PHOTO ESTEBAN FELIXP
Dans le cadre de son enquête sur les scandales d’abus sexuels qui éclaboussent l’Église du pays, les forces de l’ordre chiliennes ont perquisitionné, mercredi 13 juin, les bureaux du tribunal ecclésiastique de Santiago et de l’évêché de Rancagua.

L'ARCHEVÊQUE DE MALTE CHARLES SCICLUNA (À GAUCHE)
ET LE PRÊTRE ESPAGNOL JORDI BERTOMEU (À DROITE)
DONNENT UNE CONFÉRENCE DE PRESSE À LA NONCIATURE
APOSTOLIQUE À SANTIAGO, CHILI LE 12 JUIN 2018.
PHOTO CLAUDIO REYES 
Quelques heures après l’opération, les enquêteurs du Vatican ont rencontré le procureur en charge de l’affaire pour discuter de « la coopération » entre les institutions ecclésiastique et judiciaire.

Deux opérations surprises, à la recherche de nouvelles preuves pour étayer l’enquête. Dans le cadre de ses investigations sur les scandales d’abus sexuels ayant conduit mi-mai à la démission en bloc de trente évêques chiliens, la police du pays a organisé, mercredi 13 juin, deux perquisitions au tribunal ecclésiastique de Santiago, la capitale, et à l’évêché de Rancagua, dans la région d’O’Higgins, où quatorze prêtres sont accusés d’avoir commis des abus sexuels sur mineurs.


«ABUS SEXUELS AU CHILI, UN TOURNANT DANS L’ÉGLISE ?»
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Les responsables de l’Église « ont remis au procureur tous les documents demandés », a réagi, peu après l’intervention, le cardinal Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago, en précisant que ces derniers resteraient « disponibles pour coopérer, si nécessaire, avec le système judiciaire civil ». Ces opérations montrent que personne ne peut échapper « à la justice commune » chilienne, a quant à lui souligné le procureur Emiliano Arias, qui a mené la perquisition de Rancagua.

Davantage de coopération
Selon le procureur général du pays, Jorge Abbott, la police a rencontré « une certaine résistance » lors de cette deuxième opération, qui n’aurait finalement pas empêché la saisine de nouvelles informations importantes pour l’enquête. L’heure est à « une plus grande collaboration entre les institutions », a insisté le procureur Jorge Abott, en précisant que les autorités ecclésiastiques et judiciaires réfléchissaient à la mise en place d’un système de protection qui permettrait aux victimes de porter plus librement plainte.

Quelques heures plus tard, le haut magistrat rencontrait lui-même les deux émissaires du pape François, Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte, et le prêtre espagnol Jordi Bertomeu – déjà dépêchés en février au Chili – pour discuter de la coopération à mettre en œuvre entre les procédures civiles et canoniques. Ces prochains jours, le Vatican devrait, à son tour, être sommé de transmettre à la justice chilienne toute information susceptible de faire avancer les enquêtes en cours.

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« Recueillir de nouveaux témoignages »
Ces opérations surprises interviennent trois jours après l’acceptation, par François, de la démission de trois évêques chiliens, dont le controversé Mgr Juan Barros, au cœur du scandale des abus sexuels et longtemps défendu par le pape.

En janvier 2015, ce dernier l’avait ainsi nommé évêque d’Osorno, à 900 km au sud de Santiago, alors qu’il était déjà soupçonné d’avoir fermé les yeux sur les abus sexuels répétés du père Fernando Karadima, dont il était proche. En fin de semaine, Mgr Scicluna et le père Bertomeu, venus « recueillir de nouveaux témoignages de victimes et leur exprimer la compassion du Vatican », se rendront ainsi dans son ancien diocèse.