Des étudiants chiliens vont manifester, jeudi 23 août, pour dénoncer le programme éducatif du gouvernement, qu’ils estiment insuffisant et qui revient progressivement sur la gratuité de l’enseignement supérieur.
C’est un refrain que les étudiants chiliens connaissent par cœur, car leurs revendications ne changent pas. Ils vont de nouveau descendre dans la rue, jeudi 23 août, pour critiquer le programme éducatif du gouvernement.
Pour les manifestants, les tentatives du gouvernement de Sebastián Piñera, au pouvoir depuis mars, pour améliorer la qualité et l’accès à l’enseignement supérieur sont insuffisantes. En avril dernier, une grande manifestation avait aussi dénoncé la décision de la cour constitutionnelle chilienne. Celle-ci invalidait une loi interdisant les entreprises à but lucratif de contrôler les universités. Cette loi tentait pourtant d’instaurer des limites, dans un pays où l’éducation supérieure est encore considérée comme un « business ».
L’enseignement supérieur, une histoire compliquée
En 1981, sous la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), le système éducatif avait en effet été complètement dérégulé et l’éducation supérieure s’était transformée en marchandise. En réaction à cela, de violentes manifestations étudiantes avaient éclaté en 2011. Les participants réclamaient alors une éducation publique, gratuite et de qualité.
Arrivée au pouvoir en 2014, la présidente de centre gauche Michèle Bachelet avait tenté de répondre à ces revendications et elle avait lancé une réforme pour la gratuité des droits de scolarité. Après le vote du budget de l’État de l’année 2016, le gouvernement avait pu financer l’université aux étudiants les plus pauvres du pays.
Un nouveau président sous surveillance
Dans ce pays d’Amérique du Sud, le sujet de la gratuité de l’enseignement supérieur est crucial pour les 17,5 millions de Chiliens. Selon l’Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE), le Chili est en effet l’un des pays au monde où les études supérieures coûtent le plus cher par rapport au niveau de vie, une grande majorité des Chiliens gagnant moins de 500 € par mois.
La campagne présidentielle de 2017 a ravivé l’inquiétude chez les étudiants chiliens. Sebastián Piñera affichait clairement une volonté de changer les règles. Ce qui est possible, car la gratuité de l’université instaurée par l’ancienne présidente n’est pas inscrite dans la loi. Elle est prise en compte chaque année dans le vote du budget de l’État et elle peut facilement être remise en cause.
À son arrivée au pouvoir, le nouveau président chilien avait tenté de rassurer la population, en annonçant que « la gratuité de l’éducation supérieure a vocation à rester en place et aucun profit ne sera fait sur le dos des universités ». Sans succès et pour cause. En 2011, lors des grandes manifestations étudiantes, le président chilien n’était autre que Sebastián Piñera, pour son premier mandat de 2010 à 2014, et il n’avait pris aucune mesure allant dans le sens des revendications étudiantes.