dimanche 12 août 2018

UNE FEMME CONTRE LES ABUS SEXUELS DANS L’ÉGLISE CHILIENNE


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JAIME COIRO, PORTE-PAROLE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE
CHILIENNE ET À SA DROITE ANA MARIA CELIS, MEMBRE  DU
CONSEIL NATIONAL DE L’ÉGLISE CHILIENNE POUR LA
PRÉVENTION  DES ABUS SEXUELS ET L’ACCOMPAGNEMENT
DES VICTIMES. LORS D’UNE CONFÉRENCE DE PRESSE À
SANTIAGO DU CHILI, LE 23 JUILLET 2018.
PHOTO CLAUDIO REYES/AFP
Docteure en droit canonique de l’Université grégorienne à Rome, cette avocate en droit ecclésiastique témoigne de la volonté du pape de sortir du « cléricalisme »

C’est une femme, juriste et théologienne au CV fourni, que les évêques chiliens ont choisi pour piloter la lutte contre les abus sexuels dans l’Église. Ana María Celis Brunet est la toute nouvelle présidente du Conseil national de l’Église chilienne pour la prévention des abus sexuels et l’accompagnement des victimes. Le pape l’a reçu vendredi 10 août, à la maison Sainte-Marthe.

« L’objectif de la réunion était de s’informer et d’échanger des opinions sur les mesures prises au Chili pour traiter les cas d’abus et empêcher qu’ils ne se reproduisent », indique le communiqué de la salle de presse du Saint-Siège. « Un point important de la conversation a porté sur la souffrance des victimes et leur besoin de trouver réconfort et réparation ».


Continuer à clarifier

Cette rencontre, quelques jours à peine après l’annonce de la nomination de cette spécialiste de droit canonique et de droit des religions, est un signe supplémentaire de la volonté du pape François de suivre « avec intérêt chaque avancée de la Conférence épiscopale chilienne », ajoute le communiqué. Et de « son désir de continuer à clarifier toutes les questions afin qu’une réponse juste puisse être donnée à chacun ».

C’est à l’occasion de leur Assemblée plénière extraordinaire organisée début août à Punta de Tralca (centre du Chili) après une succession de révélations concernant des abus sexuels commis par des prêtres et leur couverture par la hiérarchie de l’Église, que les 32 évêques chiliens ont annoncé la nomination d’Ana María Celis Brunet.

Son prédécesseur, qui était aussi l’évêque de Rancagua, dans le centre du Chili, avait dû démissionner en mai de cette Commission créée en 2011 au sein de l’épiscopat chilien. Lui-même était éclaboussé par un scandale d’abus sexuels dans son diocèse… Un signe de plus de la profondeur de la crise au sein de l’Église chilienne.

Sortir du cléricalisme

Ana María Celis Brunet est docteure en droit canonique de l’Université grégorienne à Rome – après une thèse sur le mariage civil. Professeure associée à l’Université catholique pontificale du Chili (UC), elle est aussi avocate en droit ecclésiastique auprès du Tribunal ecclésiastique de Santiago. Sa nomination témoigne de la volonté du pape de sortir du « cléricalisme » qui a, affirme-t-il, tant nuit à l’Église et à l’éclatement de la vérité sur les abus commis en son sein.

Directrice du Centre de droit et de religion à l’Université catholique du Chili, fondé en 2005 pour étudier les relations entre l’Église et les États et promouvoir la liberté religieuse, elle a été secrétaire puis présidente (2013-2016) du Consortium latino-américain de liberté religieuse. Depuis 2016, elle préside le Consortium international d’études de droit et de religion (ICLARS).

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De son côté, le Parlement chilien envisagerait selon l’AFP de retirer sa nationalité chilienne au cardinal Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago, un Italien naturalisé en 2006. La nationalité chilienne « lui avait été attribuée pour sa contribution au pays en tant que religieux, notamment dans le domaine de l'éducation. Nous savons à présent que cela n'est plus valable car il n'a pas apporté son soutien aux mineurs » abusés, a déclaré la sénatrice de l'opposition, Ximena Rincon. Comme de nombreux autres évêques chiliens, le cardinal Ezzati est accusé d’avoir dissimulé des abus sexuels perpétrés par des prêtres.